GRANDCHAMP 20.07.2025

Textes : Gen 18, 1-10 ; Col 1, 24-29 ; Luc 10, 38-42

 

Message

 

  1. Introduction

                 Jésus dans notre texte de ce dimanche est reçu par Marthe dans sa maison. Avec ses disciples Jésus étaient en route, ils marchaient, entraient dans des villages. Quand Jésus envoie évangéliser, au début du chapitre, les 70 ou 72, – disciples, chiffre qui se réfère aux nations -, il ne manque pas d’insister sur l’importance de la maison. Quand vous y entrer, dites d’abord « Paix à cette maison ».   L’entrée de Jésus dans la maison est interprétée comme une allégorie de l’incarnation.  précise François Bovon dans son commentaire de Luc, en citant les exégètes médiévaux.

                 Jésus entre dans notre maison. Quelle qu’elle soit ! Il entre chez moi. – Descend Zachée, je viens chez toi, nous rappelle Jésus. Ça commence toujours chez soi, dans son cœur, dans sa vie. Au plus profond de son existence. Alors quand on parle de maison du monde, si nous n’avons pas en tête l’allégorie de l’incarnation de Jésus dans notre maison, dans le lieu de notre intimité, on risque chaque fois de vouloir se construire un palais en veillant bien que Jésus n’y entre pas !

  1. Action/Contemplation

Une des approches du texte par les exégètes touche à l’action : Marthe et l’autre : Marie, la contemplation. Service, diaconie et ministère de la Parole pour l’approche ecclésiale. Mais ce matin, je souhaite m’arrêter au couple : action/contemplation. Non pas les opposer, les dissocier, ni les orienter dans une  direction exclusive du registre de la vie monacale, ou de la vie active dans le service d’accueil ou d’action dans monde. Mais de bien les comprendre quand je suis dans ma maison. Parce que quand je suis dans ma maison, j’en sors assez souvent, ne serait-ce que pour contempler un coucher de soleil. Certes, je peux le contempler de la fenêtre de mon regard intérieur, mais est-ce vraiment la réalité ?

Sortir de chez soi, pour ne pas se retirer du monde, sortir de chez soi pour rencontrer son prochain. Sortir de chez soi pour ne pas devenir agoraphobe. Cela n’exclut jamais qu’avant de sortir il faille prêter attention à la manière dont on reçoit son Seigneur.

 Car c’est bien là le très d’union entre Marthe et Marie. Marthe fait tout pour que Jésus soit reçu dans les meilleurs conditions, mais elle reste anxieuse, stressée dirions-nous aujourd’hui, elle néglige un aspect important de ce texte. Jésus est entré dans sa maison, comme il entre dans chacune des nôtres, pour nous inviter aux choses d’en haut, nous servir de guide, nous inviter aux occupations du cœur, à l’incarnation de la paix de Dieu dans notre cœur. En fin de compte nous aider à accepter d’être d’abord servi par Lui, notre Seigneur avant d’aller servir sa cause hors de notre maison.

   

  1. Ne pas se retirer du monde

                 Alors si nous comprenons que nous ne devons pas nous retirer du monde si l’on veut conquérir le cœur des nations païennes dans la perspective lucanienne, il nous incombe aujourd’hui de les regagner ces nations, de rattraper notre retard. Et pour cela ne devrions-nous pas mettre toute notre attention sur la priorité non exclusive de Marie ? Elle écoute son Seigneur. Choisit la meilleure part…

Celle d’écouter avant de passer à l’acte. Et à partir de là : – écouter son Seigneur -, éviter les écarts entre ce qu’on est devenu à l’écoute de son Seigneur et ce qu’on fait, ce qu’on fera !

                 La priorité de la contemplation ne veut pas dire, vous l’avez bien compris, devenir inactifs, introvertis égoïstes, devenir des fardeaux pour la société. Mais tout simplement des personnes attentives au fait que la contemplation : c’est d’abord de laisser la porte de sa maison intérieure ouverte à son Seigneur.

                 La mystique active, une autre expression liée à l’interprétation de notre texte, c’est bien là qu’elle se joue, car imaginer la mystique sans partenaire, n’est-ce pas oublier qu’elle perd tout son sens ? que dis-je, qu’elle se coince dans ma raison. Laquelle ne sait plus trop bien avec quoi, qu’elle objet, qu’elle valeur, avec qui sortir de sa propre maison pour agir.

                  Et le Seigneur de dire à Marthe, Marthe – un redoublement de son prénom pour souligner, je présume, son amour pour elle :

– tu t’inquiètes, mais une seule chose est nécessaire, avoir une foi absolue en ma parole. Une parole qui pour moi personnellement, témoin de l’évangile de Jésus, mon Seigneur, nappe la table de la maison de Marthe des plus beaux mots, la dispose de rayonnement, la comble de la joie que Jésus veut faire retrouver à Marthe. Comme à nous bien évidemment, je le crois. Une Parole qui devient levain du pain azyme. Une Parole de paix qui estompe nos anxiétés, comme celles de Marthe, éloigne nos soucis et nos tracas. Ainsi dès lors, nous constaterons, éprouverons   combien c’est mieux ainsi pour agir !

  1. Conclusion

                 Finalement si Marie a choisi la bonne part, cela ne veut pas dire que Marthe n’y a pas droit. Une allégorie de l’incarnation comme, nous l’avons mentionné au début, veut nous faire comprendre l’entrer de Jésus dans notre vie pour écouter sa Parole. Une entrée qui nous atteint en plein cœur avec le programme, si j’ose dire, que Jésus va proposer au monde, voilà qui aujourd’hui devrait nous permettre – Marthe, Marthe – de redoubler notre espérance. Et ici, il ne s’agit ni de bon sens, ni de raison, ni d’humanise transcendantale, mais d’écoute avant toute action d’une autre Parole que la sienne propre, celle de la meilleure part qui ne nous sera pas enlevée.  Amen.