Prédication Zachée, Luc 19, 1à10 et 2 Thess 1, 11à2,2 « Vous avez cru, nous prions afin que Dieu vous trouve dignes de l’appel qu’il vous a adressé, que par sa puissance il vous donne d’accomplir tout le bien désiré et rende active votre foi ».

L’’histoire de Zachée est une belle histoire. Il y a bien sûr de nombreux critères pour définir ce qu’est une belle histoire. Nous n’en avons certainement pas tous la même définition.

Une belle histoire, est-ce une histoire qui finit bien ? Ou qui nous fait du bien ?

Ou encore une histoire qui nous émeut ? Qui nous interpelle ou nous transforme ?

Il y a de tout cela dans cet écrit de Luc. Ce qui pour moi fait la beauté particulière de cette rencontre est le fait qu’elle transforme Zachée de fond en comble.

Luc place dans son évangile la rencontre de Zachée juste après la narration de la guérison de l’aveugle de Jéricho qui suivait la question de l’homme riche, préoccupé d’obtenir la vie éternelle et qui s’en allait tout triste de ce que Jésus lui avait dit quant au partage de sa richesse.

Ce qui avait fait dire à Jésus qu’il était bien difficile à un riche de parvenir dans le Royaume de Dieu, tout en affirmant à ses disciples que ce qui était impossible aux humains ne l’était pas pour Dieu. Zachée en sera l’illustration.

Zachée désire voir qui est Jésus, Luc ne nous dit pas pour quelle raison. Ce que Luc formule pour nous, c’est le désir de Zachée qui veut voir Jésus lors de son passage. Zachée est un homme riche, percepteur d’impôts à Jéricho qui n’est pas une ville frontière, mais néanmoins une bourgade où il y a beaucoup de passage sur la route qui mène à Jérusalem. Zachée a de l’argent pour réaliser ses désirs, mais là il se heurte à la limite de sa taille, il est petit, trop petit pour avoir une chance d’apercevoir Jésus dans la foule.

Il est petit certes mais astucieux, il va se donner les moyens de satisfaire son désir.

Bravant le ridicule, il grimpe dans un arbre aux branches basses, un sycomore.

Nous ne savons donc pas ce qui a motivé ce désir de Zachée, d’où lui est venu cette idée, ni pourquoi il y tient tant. Il en est ainsi souvent dans notre vie, tout à coup, nous en avons la conviction, c’est le moment de saisir l’occasion qui se présente, alors sans hésiter nous y allons.

Mariann Budde, évêque de Washington l’indique ainsi dans la prise de décision qui l’a fait interpeller Donald Trump. Il y a en amont tout un cheminement qui conduit à la décision qui s’impose. Il y a sans doute dans la vie de Zachée quelque chose qui a préparé ce désir et l’a poussé à agir ainsi.

Je crois que Dieu désire nous rencontrer et qu’il inscrit ce désir au cœur de notre être, comme un appel.

Jésus est venu d’ailleurs pour permettre cette rencontre. Luc nous le rappellera en conclusion, Jésus est venu chercher et sauver ce qui était perdu.

C’est ainsi que Jésus fait part à Zachée de son désir de venir demeurer chez lui, là tout de suite.

C’est maintenant, parce que l’appel à saisir la vie est là, maintenant, tout près. Il y a urgence de nous ouvrir à cette présence, que parfois nous différons par manque de temps ou peut-être plus grave par manque d’écoute de ce désir que Dieu formule pourtant en notre cœur.

C’est l’invitation que Jésus ne cessait de porter aux uns et aux autres tout au long de son ministère, parce que le temps pressait, il l’avait dit aux siens, sa mort allait survenir tantôt, mais ils n’avaient pas compris. Alors inlassablement il a offert cette présence agissante et guérissante. Que veux-tu que je fasse pour toi ? demandait-il à l’aveugle dans cette même ville de Jéricho. C’est ce matin à chacun (e) de nous qu’il s’adresse, « que veux-tu que je fasse pour toi ? Quel est ton désir ? »

A Zachée en réponse à son désir simplement de le voir, Jésus se révèle comme celui qui se tient à sa porte. IL fait même bien davantage en lui offrant sa présence chez lui. Zachée accepte aussitôt et s’en trouve transformé. Jésus comble le désir de Zachée bien au-delà de ce qu’il attendait en grimpant dans un arbre, c’est cela qui comble de joie Zachée qui s’empresse d’accueillir son hôte.

Zachée est riche en biens matériels, mais cela ne fait pas forcément de lui un homme heureux. Certainement que de par sa fonction, il n’est guère apprécié, peut-être est-il plus malheureux qu’on ne le pense, à l’image des personnes qui bien qu’à l’abri de tout souci matériel ne se sentent pas comblées. Zachée est sans doute un mal-aimé, un rejeté, un pauvre au fond.

Sans doute n’imaginait-il pas que Jésus puisse s’intéresser à lui et en tous cas pas s’inviter dans sa demeure, fut-elle luxueuse.

Ce n’est pas ce qui intéresse Jésus, certains pensent même qu’il ne se rend pas compte avec qui il fraye. Mais eux le savent, eux connaissent Zachée, c’est un impur du fait de son contact avec l’argent et c’est un filou. Comment se fait-il que Jésus le choisisse lui ?

Jésus porte son regard sur Zachée, il l’a vu perché dans son arbre, au-travers des branches, il veut le rencontrer chez lui.

C’est que la rencontre avec Jésus nécessite aussi un lieu et un temps à part.

Vous le savez bien, vous, nos Sœurs, qui vous rassemblez et nous conviez à la régularité de vos offices, il y a un temps pour s’asseoir aux pieds du Seigneur et un temps pour se relever.

Jésus se fait proche de cet homme qui en est tout retourné. Il décide alors de faire de l’ordre dans ses biens. Il donnera la moitié de sa richesse aux pauvres et comme le dira délicatement Luc, s’il a fait tort à qqn, et c’est avéré, il rendra au quadruple ce qu’il a pris, selon la pratique romaine.

Le changement est conséquent, même incroyable, on aimerait bien savoir comment cela s’est passé. Jésus a-t-il dit une parole à Zachée qui l’aurait poussé au partage de sa richesse ?

Nous ne saurons rien d’autre que ce que Luc nous en fait comprendre. La présence de Jésus a été suffisante pour opérer ce changement radical.

C’est cette seule présence de Jésus qui opère cette conversion de Zachée.

La générosité de l’amour de Dieu entré dans sa maison rend heureux le cœur de Zachée et lui donne d’être généreux.

« Aujourd’hui, le salut est venu pour cette maison «  Zachée est un fils d’Abraham, Jésus fait de cet exclu un élu du peuple de Dieu.

Cela résonne à nos oreilles comme le rappel de la prédication de Jean-Baptiste : « de ces pierres, Dieu peut susciter des fils à Abraham », il n’y a pas de prédestinés au salut ou alors il s’agit de tous.

Je crois bien que c’est tout le ministère de Jésus que de venir nous offrir sa présence inconditionnelle. Alors je m’interroge, est-ce que je vis vraiment de cette présence généreuse? Est-ce que je m’en laisse réjouir ? Est-ce que je me laisse interpeller ainsi dans mon éthique, dans ma vie quotidienne ?

Qu’est-ce que cette présence du Seigneur change dans le concret de ma vie ?

Pour vous, nos Sœurs, nous le voyons bien, cela a changé l’orientation de votre vie, et je crois volontiers que cela vous est un choix à renouveler.

Pour nous autres aussi, c’est un choix régulier que de nous engager à vivre dans l’attention et l’ouverture à la présence du Seigneur en nous.

Tout à l’heure nous nous réjouirons ensemble de ton engagement Laurence dans le TOU, c’est le choix que tu as fait de vivre en communion avec les Sœurs de Grandchamp et de rejoindre cette famille spirituelle, en route ensemble dans une prière commune pour l’Unité.

C’est certainement dans nos engagements aussi que se vit et se donne à voir les fruits que la présence du Seigneur nous donne de porter.

L’apôtre le formulait en ses mots à la communauté de Thessalonique : nous prions afin que Dieu vous trouve dignes de l’appel qu’il vous a adressé, que par sa puissance il vous donne d’accomplir tout le bien désiré et rende active votre foi ».

La prière est bien nécessaire pour répondre régulièrement à l’appel que le Seigneur nous adresse et pour que nous puissions en réponse à sa présence généreuse nous montrer nous aussi généreux et qu’ainsi notre foi reste une foi active et vivante.

Oui, cette histoire de Zachée est une belle histoire.

Belle par l’espérance qu’elle nous porte aujourd’hui.

Dans la réalité, dans le contexte qui sont les nôtres aujourd’hui, le Seigneur s’approche de nous, il s’invite chez nous, il vient pour être à demeure en nous, tout cela est de l’ordre de la Grâce, signe de son amour inconditionnel.

Puissions-nous, comme Zachée, tout fragiles, tout tordus que nous sommes, puissions-nous répondre avec une joie renouvelée à cette invite :

« Chez toi, aujourd’hui, il me faut demeurer ». Notre réponse comblera ainsi le désir de Dieu.

Amen