Nous voir avec les yeux de Dieu
Luc 9. 28-36

Ils pensaient bien connaître Jésus, Pierre, Jacques et Jean, les trois que Jésus avait pris avec lui pour l’accompagner sur la montagne. Cela faisait déjà des mois qu’ils le suivaient. Ils étaient fascinés de sa personne, par tout à la fois l’autorité et la bonté qui émanaient de lui, par ces merveilleuses guérisons qui témoignaient de la présence presque à toucher du doigt autour de lui de ce Royaume de Dieu que Jésus proclamait.
Ce jour-là pourtant, il leur a été donné de connaître Jésus sous une lumière encore toute nouvelle, de le connaître jusqu’au cœur, jusqu’au centre de sa personne : « Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage changea et son vêtement devint d’une blancheur éclatante. » Ils ont pu voir Jésus à la lumière, avec les yeux même de Dieu.
Et qu’est-ce qui leur a été révélé ? Quel est-il le cœur de la personne de Jésus ? Le cœur de sa personne, c’est tout d’abord l’authentique tradition de son peuple dont il vit, ce sont Moïse et Elie avec qui il est en dialogue, mais surtout la présence et l’amour de Dieu qui l’entourent de toute part comme un étincellement de lumière. Et c’est cette voix qui de la nuée met comme en paroles cette vision : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai élu, écoutez-le ! »

Parfois je me demande moi aussi qui je suis au fond, au cœur de moi-même. Je sais bien des choses à mon propos, bien des choses de ma vie, de mon caractère, de mes forces et de mes faiblesses, de mes victoires et de mes échecs. Et je sais que bien plus encore demeurera toujours caché dans mon subconscient. Sachant tout cela, parfois pense que finalement ce que j’ai fait de ma vie n’est pas trop mal. Mais parfois aussi, devant les abîmes que j’entrevois au fond de moi-même, je me sens insupportable. Alors quelle est la vérité sur moi-même ? Qui suis-je vraiment ?

Cette question un seul est en mesure d’y répondre : celui qui m’a créé et qui seul me connaît vraiment. La vérité dernière sur moi-même c’est ce que lui dit de moi. Si je veux savoir qui je suis au fond, au cœur de moi-même, il faut que j’apprenne à me regarder avec les yeux de Dieu.
Or comment Dieu me voit-il ? Que dit-il de moi ? Ce que Dieu dit de moi c’est : « Tu es mon fils bien-aimé, celui que j’ai choisi » – « Tu es ma fille bien-aimée, celle que j’ai choisie » Qui que tu puisses être encore par ailleurs, quelles que puissent être tes forces ou tes faiblesses, quelles que puissent être tes victoires ou tes défaites, ton obéissance ou tes manquements, depuis toujours je t’ai aimé et je t’aimerai toujours. Le cœur de ce qui peut être dit de moi comme de chacun et de chacune d’entre nous trouve son expression dans cet amour de Dieu dont nous vivons et qui nous entoure à chaque instant de notre vie comme une lumière plus étincelante même que le soleil. Dans l’éblouissement de cette lumière, tout le reste, je ne dirais pas que cela n’a plus aucune importance, mais tout le reste n’est en tous cas pas l’essentiel de ce qu’il y a à dire sur moi.
Savoir cela m’aidera à m’accepter, les jours où je risque de désespérer de moi-même. Savoir cela m’aidera à apprendre à m’aimer moi-même malgré toutes mes faiblesses. Je n’aurai plus besoin de me faire des illusions, ni sur mes victoires ni sur mes défaites. Elles sont là, c’est vrai, mais elles ne sont pas l’essentiel. Ni chez moi, ni d’ailleurs chez mon prochain. Lui aussi, elle aussi a ses forces et ses faiblesses, et il m’arrive d’en souffrir. Mais pour lui aussi, pour elle aussi, elles ne sont pas l’essentiel. L’essentiel c’est que nous sommes tous les enfants bien-aimés de Dieu entourés de tous côtés de la lumière de son amour. Et savoir cela pourra de plus nous motiver et nous aider à devenir de plus en plus ce que déjà nous sommes aux yeux de Dieu. Amen.

Grandchamp le 25 février 2024 Claude Fuchs