Prédication de Deutéronome 16, 13-17
Trois fois par an, trois fêtes pour rencontrer Dieu, pour aller voir la face du SEIGNEUR.
La fête de la Pâque, ou fête des pains sans levain. Avec cette fête de la sortie d’Egypte, Israël avait conquis son existence politique. C’est la fête de la libération marquée par la puissance de l’action de Dieu: «Cheval et cavaliers à la mer, il les jeta!» chante Myriam. (Exode 15,21)
Puis vient la fête des sept semaines, 50 jours. C’est la fête de Chavouot, la pentecôte juive. Le peuple reçoit le don de la loi. Dieu parle et écrit les dix paroles de la Tora. Cela donne à Israël une identité spirituelle et intérieure. «Rien n’advient par la force ou la puissance mais par mon Esprit, dit le SEIGNEUR.» (Zacharie 4,6) Chavouot, Pentecôte centre le don de la loi sur Dieu lui-même. Et quand il est oublié, il n’y a plus de loi!
Ainsi, il est raconté que lorsque Moïse est descendu du Sinaï, la première fois avec les tables de la loi, et que le peuple, resté en-bas, fatigué par l’absence de Moïse avait construit un veau d’or. Et bien, l’écriture s’est effacée des tables, à l’instant même où le peuple adora le veau d’or, avant même que Moïse ne les brisa. Je trouve ce commentaire juif magnifique!
Là où l’auteur est renié ou méconnu, le texte lui-même s’évanouit et nulle force de la raison ne peut le retenir. La loi n’a pas d’existence en soi, elle est suspendue à son auteur au souffle de Dieu. C’est pour cela que la loi est bonne, libératrice et vivifiante, …comme Dieu! Célébrer la pentecôte juive, le don de la loi, c’est se tourner personnellement vers son auteur qui nous libère de toutes nos servitudes. La libération politique en quittant l’Egypte et la libération intérieure et spirituelle en respectant le loi. La loi libère quand on n’oublie pas qui est son auteur.
La troisième fête est la fête des Tentes. On se rappelle que dans le désert on vivait sous tentes. Et cette fête coïncide avec la fin des récoltes. Fête des Tentes ou fête des récoltes. « Sept jours durant tu feras un pèlerinage car le SEIGNEUR ton Dieu t’auras béni dans tous les produits de ton sol et dans toutes tes actions, et tu persévéreras dans l’état de joie» (Deutéronome 16,15).
Le caractère de cette fête est traditionnellement souligné dans la communauté juive par les «4 espèces» : une branche de palmier, deux branches de saule, trois branches de myrte et un beau fruit comme le cédrat, sorte de gros citron jaune. Et les tentes sont faites avec ces branchages.
Si les deux premières fêtes étaient marquées par la force politique et la profondeur spirituelle, comment qualifier cette fête? Comment la qualifier, quand la récolte a été bonne ou quand la récolte laisse présager la famine? Je la qualifie, fête de la simplicité ou fête de la fragilité. Fragilité des symboles avec de simples branchages. Fragilité de notre marche, nous sommes toujours dans le désert et pas encore arrivés. Les promesses de Dieu sont là et pas encore là. Fragilité de mon comportement. Quand la loi nous dit: «Tu ne tueras point!» nous sommes donc invités à défendre, soutenir et favoriser la vie. Aider à vivre, quel programme!! c’est une lutte difficile et permanente!!
Célébrer la fragilité alors et y voir malgré tout, la bénédiction de Dieu. « le SEIGNEUR ton Dieu t’auras béni dans tous les produits de ton sol!» Ça c’est la reconnaissance, la joie du partage avec tous : ton fils, ta fille, ton serviteur, ta servante, le lévite, l’émigré, l’orphelin et la veuve (Deut 16,14). Joie universelle des récoltes, pas de frontière ou de conditions au partage.
« le SEIGNEUR ton Dieu t’auras béni dans toutes tes actions!» Ça c’est nouveau, particuliers et original, regard en arrière: reconnaître ce que j’ai réussi à faire, reconnaître ce que j’ai réussi à vivre, à communiquer!
Vous le savez, nous ne sommes pas tendre avec nous même. Nous nous critiquons, nous nous dévalorisons, nous sommes insatisfaits. «Je suis nul!» Je m’en veux!» «J’arriverai jamais à traverser ce désert!»
Alors fais un pèlerinage intérieur et cherche dans tes actions la bénédiction de Dieu. Sois fier de ce que tu as réussi à faire et à offrir. Fête des Tentes: fête de la simplicité de ce que j’ai réussi à faire.
Et pour souligner ce travail intérieur qui me rassure, qui me donne confiance et m’invite à durer, Moïse nous dit: «tu persévéreras dans l’état de joie!» La joie de tes récoltes, la joie de tes réussites, restes-y, persévère, rumine-les, médite-les, analyse-les, reçois-les comme une nourriture qui t’aide à tenir dans ta traversée.