Homélie du pasteur Jean-Louis L’Eplattenier
Samedi 9 novembre 2024 – Mémoire des premières professions

1 Cor. 3, 9-11 + 16-7 ; Évangile selon St. Jean 15, 1-5 + 9-17

« Aimez-vous les uns, les autres comme je vous ai aimés »

C’est le cœur de l’Évangile, la colonne vertébrale de notre existence, l’orientation proposée donnant sens à notre vie = « Aimez-vous »… une parole essentielle, proclamée, entendue, dite et redite sans fin, si difficile à vivre, et nous nous l’approprions, mais, comme dit Maurice Zundel, parlant de religion, nous en faisons « une confidence d’amour, répétée sans amour ».

Alors, ce matin, nous essayons de la recevoir comme une parole neuve, afin que se réalise la promesse de Jésus = « Demeurez dans mon Amour afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite ».

Dieu est Amour, et nous, nous sommes le temple de Dieu, nous sommes donc habités par l’Amour, et invités à demeurer dans son Amour.

Le Christ est Vie de notre vie, notre cœur battant au rythme du Sien : Il est donc vivant au cœur de notre cœur.

L’Esprit Saint est joie ; quand Il souffle la présence du Christ dans l’Eucharistie, cette joie est la nôtre.

Que dire de plus ? Sinon demeurer relié, en dialogue, en conversation avec cette présence intérieure à nous-mêmes, silencieuse mais active, rejoignant le désir du psalmiste disant :

« La seule chose que je cherche, habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie (ps 26) ».

Habiter notre âme, cette résidence de l’Amour, de la Vie, de la Joie irradiant cette présence de Dieu en nous : demeurer en dialogue avec Jésus, l’Ami, pas en vue d’une réponse, mais pour être imprégné de sa Présence qui rejoint cette parole d’Hildegard de Bingen : « Le corps est le chantier de l’âme où l’Esprit vient faire ses gammes ».

Pour dire ce lien de communion, Jésus parle de la relation étroite, vitale, liant le vigneron à sa terre, le cep aux sarments portant le fruit de Son amour pour sa vigne : « vous en moi », « moi en vous » : Amis.

L’ordre d’aimer trouve son appui en Jésus qui a tout donné, en se donnant. Ce n’est pas un sentiment généreux ou une émotion profonde, mais une décision, un engagement de tout l’être, l’absolu d’un appel, une loi de Vie.

Aujourd’hui, nous faisons mémoire des premières professions, ici à Grandchamp, et, nous pensons à vous toutes, sœurs, qui répondez à cette vocation d’être amies de Jésus, vivant, sa Présence au plus intime de vous-mêmes, votre identité.

Quand, dans les années 1930, invitée par la belle-mère d’Hélène Bovet (Hélène que beaucoup d’entre vous ont connue) Mère Geneviève, signant encore son courrier : Madame Léopold Micheli, est venue visiter Grandchamp, en vue des premières retraites spirituelles, prémices de la communauté, elle a été conquise : « c’est le lieu rêvé » a-t-elle dit, « pas d’hésitation possible » !

Que nous soit faite la grâce d’accueillir le Christ – Amour avec la même détermination, pas par intuition, mais par conviction.

« Aimez-vous, les uns, les autres, comme je vous ai aimés », pour en cueillir son fruit : « la joie parfaite ».

Amen.