Prédication Matthieu 22, 23 à 33 Q au sujet de la résurrection
et Hébreux 7, 14à17 et 25 à 27 Q au sujet du grand-prêtre.

La question de la résurrection se pose à beaucoup aujourd’hui et même parmi les chrétiens la question divise. Jésus est-il vraiment ressuscité, qu’est-ce que cela veut dire et qu’en savons-nous concrètement ? la résurrection sera-t-elle le duplicata de notre vie ici-bas, mais sans le mal ?
La question des Sadducéens pourrait donc être légitime, pourtant nous la pressentons bien comme un piège tendu à Jésus, faisant suite à la question piège des Pharisiens au sujet du tribut à payer ou non à César.
Les Sadducéens appartiennent à la noblesse sacerdotale de Jérusalem, unis dans l’hostilité à Jésus mais pourtant en rivalité avec les Pharisiens dont ils viennent de prendre le relais.

A la résurrection, demandent-ils, de qui sera-t-elle l’épouse, cette veuve qui a épousé successivement 7 maris ?

Jésus ne se dérobe pas à la question, mais y répond par une double accusation.
Vous vouliez mettre en lumière par votre question embarrassante l’absurdité de croire en la résurrection, mais voilà que c’est vous qui êtes dans l’erreur d’une part parce que vous ne connaissez pas les Ecritures et d’autre part parce que vous ignorez la puissance de Dieu.

Ces accusations sont graves : comment Jésus peut-il dire à des spécialistes de la Loi qu’ils sont ignorants des Ecritures ?
Ils viennent de lui prouver le contraire en citant la Loi de Moïse, cette loi du lévirat, qui prescrivait à la veuve de se remarier avec un frère du défunt de manière à assurer une descendance à cette famille. Leur exemple est certes tiré par les cheveux, mais la question ne pourrait-elle pas se poser ?
Jésus remet en question cette connaissance des Ecritures qui permet de confondre son adversaire à coup de versets bibliques ou de prétention à une connaissance supérieure fondée sur les Ecritures. Nous avons en Eglise une certaine pratique de cette manière de faire, hélas.

Et puis peut-être plus grave encore, Jésus les accuse d’ignorer la puissance de Dieu.
Cette puissance de Dieu qui est puissance de Vie, avec un grand V.
C’est elle qui est à l’œuvre dans la résurrection.
C’est cette puissance de Vie qui se manifeste en son Fils Jésus, venu nous faire connaître ce temps nouveau.
Dans l’épître aux Hébreux l’apôtre en rend compte dans ce que nous venons d’entendre, Jésus n’est pas un grand-prêtre selon l’ordre établi, d’abord il n’est pas de la bonne lignée des prêtres de pères en fils, il est clair pour tous qu’il est issu d’une autre tribu, celle de Juda. Et même plus, il sera, si l’on reste en ces catégories, grand-prêtre pour l’éternité, non plus comme celui qui doit offrir un sacrifice pour son peuple, mais comme celui qui donnera sa vie pour définitivement nous arracher à la puissance du mal.
C’est dire que ces catégories de pensées se trouvent incapables de rendre compte de ce temps nouveau si elles ne sont pas éclairées par l’Esprit de Dieu.
La puissance de Dieu, cette puissance de Vie, transcende les ordres établis et délimités comme la Grâce qui vient rendre la Loi caduque.

La réponse de Jésus aux Sadducéens manifeste ce décalage entre ce qu’ils imaginent de la résurrection et la réalité de résurrection déjà à l’œuvre dans l’agir du Christ.
La résurrection dit Jésus ne sera pas le copié collé de ce qui se passe ici-bas.
A la résurrection il n’y aura plus ni mari, ni femme, le mariage n’aura plus court parce que notre vie sera alors tout autre.
Jésus, dans sa réponse, donne deux indications qui nous permettront d’en savoir suffisamment sur la résurrection.
D’abord il indique que nous serons alors comme des anges. Qu’est-ce à dire ?
C’est dire en tous cas que nous vivrons d’une autre condition que celle que nous connaissons ici-bas et dans la proximité immédiate de Dieu dont la louange sera notre principale fonction. Il me semble que Jésus nous donne ainsi à la fois une réponse qui doit nous être suffisante pour comprendre que nous entrerons là dans réalité d’un autre ordre et qui reste encore un mystère pour nous.

Ensuite, en affirmant que Dieu est le Dieu des vivants et non pas des morts, il annonce à ses adversaires et à nous tous que la résurrection est déjà présente, là en notre temps et au milieu de nous. Ce que nous pouvons alors comprendre, c’est que la résurrection, qui a trait à la puissance du Dieu de Vie, est déjà à l’œuvre dans le ministère du Christ et dans nos propres vies,
En affirmant que Dieu est le Dieu des vivants et non pas des morts, étant le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, Jésus nous révèle que Dieu est celui qui donne vie à ceux qui nous ont précédés et que déjà maintenant nous nous trouvons en Lui dans une même communion avec tous les croyants de tous les lieux et de tous les temps. C’est cette même communion que nous manifestons et qu’il nous est donné de vivre, lorsque nous partageons son repas.

Croire en la résurrection ne provient pas seulement de nos raisonnements savants, ni de nos connaissances bibliques aussi bonnes soient-elles.
Croire en la résurrection dépasse de loin certainement nos questionnements et nos raisonnements tout en leur apportant la réponse que seule la puissance de Dieu à l’œuvre nous donne d’accueillir comme une certitude et un mystère encore.
Croire en la résurrection est déjà de l’ordre de l’agir de Dieu en nous, qui nous donne par Grâce, de nous ouvrir à une réalité nouvelle et tout autre qu’il est venu révéler en Christ. Qu’en en soit ainsi pour nous tous.

Grandchamp 7 mars 24