Un prophète inconnu… appel à se recevoir de Dieu.

Marc 10:35-45, vouloir la bonne place, Ephésiens 2:11-22 : en Christ par l’Esprit tous unis pour devenir demeure de Dieu.

 

épis de bléC’est quand on lui a dit : » souvenez-vous » que celui que nous appelions le prophète s’est mis à parler comme avant.

Avant… c’était quand il était encore en pleine forme, qu’il racontait inlassablement ses rencontres avec son ami, l’apôtre qu’il appelait Paul. Lui notre prophète, je ne pourrai pas vous dire son nom parce que tout le monde l’appelait ainsi, si j’avais su qu’un jour on retrouverait ses écrits, une lettre adressée à nous Ephésiens, et qu’on ne pourrait pas alors les signer c’est sûr que je le lui aurai demandé son nom.

Ce que je peux vous dire de lui c’est que c’était un homme qu’il faisait bon rencontrer. Il appartenait à ces gens que vous rencontrez même quelques minutes et dont le souvenir reste gravé pour toujours tant la rencontre a été profonde. Dans toute une vie il y en a peut-être deux ou trois de ce genre-là.

Maintenant le prophète était âgé, parfois sa mémoire lui faisait défaut et il en paraissait si déçu que vous auriez voulu trouver pour lui le mot manquant, avant même qu’il ne s’en aperçoive.

Cet après-midi-là nous étions plusieurs rassemblés près des mûriers, l’air était encore chaud et portait en lui le parfum de l’été.

La ville d’Ephèse, non loin de là, sortait de la torpeur de la sieste- L’un de nous avait évoqué l’apôtre Paul espérant que le prophète reprendrait le nom au vol et nous raconterait alors une histoire, mais rien. C’était comme si ce prénom ne lui évoquait plus rien alors quelqu’un a dit : « Souvenez-vous ».

A ces mots le regard du prophète s’est illuminé, sa langue s’est déliée et il ne s’est plus arrêté.

« Souvenez-vous qu’autrefois vous étiez étrangers à la promesse, sans espérance, sans Dieu, séparés du peuple élu ».

Moi j’ai pensé en moi-même : Etait-ce seulement autrefois, ne sommes-nous pas encore étrangers les uns aux autres ? Ne sommes-ne pas en régulière rivalité les uns avec les autres ?

Mais le prophète continuait : « mais maintenant vous avez été rendus proches par le sang du Christ ! » Devant nos mines dubitatives, il a ajouté « Non ce n’est pas de sacrifice sanglant à son propre Père que je parle, mais de sa vie offerte pour tous, pour faire de chacun de nous les enfants du même Père, des enfants de Dieu.

Oh je sais ce n’est pas si simple à comprendre, ce que je vous dis là, c’est ce que Paul a pris le temps de longuement m’expliquer en me disant que ceux qui avait reçu la Loi s’étaient en fait blessés à son usage. Soit ils se sentaient toujours coupables, toujours pris en défaut devant les exigences de cette loi qu’ils n’arrivaient jamais à accomplir, soit ils se sentaient triomphants parce que sûrs d’assurer eux- mêmes leur salut. Et c’est ainsi que peu à peu le mur de séparation s’est érigé entre les purs et les impurs,

entre les bons et les mauvais, entre les justes et les païens.

Or devenir enfants de Dieu, c’est une pure grâce. C’est recevoir la vie de Celui qui seul peut nous libérer de cette puissance de péché qui nous sépare de Lui. »

Il avait énoncé cela d’une seule traite et on avait un peu de peine à suivre, le prophète le voyait bien, alors il a expliqué encore :

« Livrés à nous-mêmes, à nos idéaux, à nos propres conceptions, nous construisons des murs entre nous, nous pensons qu’un peuple Saint s’acquiert par l’exclusion de l’autre, nous faisons pour cela, beaucoup d’efforts, consacrant beaucoup d’argent pour nous isoler les uns des autres.

Or en Christ, c’est juste tout à fait l’inverse.

Son peuple saint : c’est l’ensemble de l’humanité rassemblée en lui, ce n’est pas un peuple de purs au-dessus des autres, sans tache, c’est toute l’humanité unie.

A nous, cela est impossible, c’est de l’ordre de Dieu, c’est sa création parce que l’unité sera toujours son œuvre à Lui.

Par nous-mêmes, nous en sommes tout à fait incapables. Nous ne savons que diviser, chercher des privilèges, nous comportant comme des enfants dont l’un se vante d’être l’aîné, le chouchou, ou d’être celui qui mérite le plus d’amour.

Le prophète avait souri, peut-être pensait-il à ses enfants se vantant en chantant : «  il m’aime plus que toi, nananère, nananère… » puis pensif il avait ajouté «  mais cela n’est pas que le propre des enfants, cela dure hélas toute notre vie d’adulte. Prétendre être le peuple élu au détriment des autres, être un peuple de purs, vouloir occuper la meilleure place…Dieu nous a pourtant donné par le Christ le moyen de nous en sortir : Laissons le Christ être notre paix, laissons-le nous rassurer et nous réconcilier, lui-même, en un seul corps ». J’étais en train de me demander s’il nous faudrait tous devenir Juifs pour appartenir à ce peuple élu. Mais le prophète poursuivait en disant que « le Christ venait apporter la paix à ceux qui sont proches comme à ceux qui sont loin, parce que par son Esprit Il nous rend tous proches du Père », alors l’humanité nouvelle ne sera pas le fait d’une assimilation des uns par les autres mais d’un tout autre ordre : de l’ordre de Dieu qui donne à chacun pleinement sa place.

Etre famille de Dieu ne peut pas se vivre les uns séparés des autres, mais bien dans la Grâce d’être ensemble créés enfants de Dieu.

C’est ainsi unis que nous serons la demeure de Dieu, l’Eglise, le Christ en constituant la pierre d’angle et les uns aux côtés des autres formant ensemble cette demeure, placés côte à côte dans un même service à l’image du Seigneur ».

Il a conclu en disant que « ce n’est qu’en recevant la Grâce d’être serviteurs de ce Seigneur qu’alors ensemble nous pourrons laisser notre maitre nous unir.

Il a fermé les yeux en ajoutant : « Que cela soit notre prière et notre agir jusqu’à ce que ce jour advienne… »

 

C’est bien plus tard que jubilant d’avoir trouvé une lettre à nous adressée, nous avons reconnu les mots du prophète, hélas aucun de nous ne savait son nom, c’est ainsi que cet écrit sera désormais transmis comme la contribution humble d’un serviteur à l’édification de cette demeure que nous sommes toutes et tous appelés à former. Amen.