ça se passe en trois jours, comme souvent pour entrer dans la grande Vie!

Premier jour, les enquêteurs viennent interroger Jean-Baptiste: – Pourquoi baptises-tu ?

  • Moi, je baptise dans l’eau… et vient celui que vous ne connaissez pas.

Peine perdu votre enquête, même s’il se tient parmi vous! Vous n’en voyez pas la lumière, vous ne l’avez pas accueilli. La froide enquête à distance et sans s’impliquer n’apporte pas de résultat: vous ne le connaissez pas !

 

Deuxième jour: Jean-Baptiste regarde et entend.

Il regarde Jésus qui vient et il entend Celui qui l’a envoyé baptiser. Tout est dans le regard et l’écoute. Jésus ne vient pas se faire baptiser, cela s’est déroulé antérieurement. Jésus ne dit rien, il reste silencieux, il passe seulement. Il n’y a que le regard de Jan-Baptiste sur sa vocation, sur sa vision et sur Jésus qui vient. Lui non plus ne le connaissait pas, il a simplement poursuivi sa vocation de baptiser dans l’eau et s’est souvenu de l’appel de Dieu. Son regard nourrit à l’écoute de son être spirituel profond devient vision, révélation: le voici celui qui baptise dans l’Esprit-Saint!

Sa vision lui donne alors de proclamer trois paroles puissantes: – Voici l’agneau de Dieu !

– Il est le Fils de Dieu ! – Le Saint-Esprit demeure sur lui !

Demeurer est le verbe de la foi, de l’attachement fidèle, du combat spirituel. Ce verbe signifie aussi avoir un désir. Quand je demeure dans un lieu, c’est que je le désir et qu’il est pour moi source de désir. C’est bien une parole de désir que Dieu a dite à Jésus lors de son baptême: – je mets en toi toute ma joie. Demeurer, c’est bien plus que toucher, c’est envelopper. Ce Jésus qui est enveloppé par le Saint-Esprit, est alors à même d’immerger dans l’Esprit Saint, ceux qu’il choisit pour disciples.

Qu’est-ce que Jean-Baptiste ou l’évangéliste Jean a du comprendre en parlant de Jésus comme «agneau de Dieu» ?

St-Jean n’évoque jamais la Croix comme sacrifice d’expiation et jamais il ne parle du texte d’Ésaïe 53 où il y a cet agneau qui se laisse faire. Il fait plus sûrement allusion à l’agneau pascal, fête de la libération des oppresseurs de l’Égypte. Il fait sept mentions de la Pâque juive dans son évangile. Par exemple: les vendeurs chassés du Temple, la multiplication des pains, l’onction à Béthanie, le lavement des pieds et durant son procès. L’agneau ne vient pas expier le péché du monde mais le supprimer. Jean-Baptiste voit le Messie plus fort que lui, venant pour la purification et le jugement, la pelle à vanner à la main. Jean-Baptiste sera très déçu quand Jésus ne répondra pas à ces attentes-là.

Jean-Baptiste devait aussi connaître une tradition inter-testamentaire où l’agneau est vu comme un jeune bélier cornu, symbole d’un roi puissant ou d’un libérateur victorieux. Cette figure de l’agneau victorieux traverse aussi tout l’Apocalypse.

L’agneau est donc une figure puissante, énergique, qui règne, transforme le monde et supprime le péché. C’est un Messie vainqueur et glorieux qui peut inspirer la crainte. Contre l’image d’un Dieu gentil, naïf et doucereux. J’aime ce regard de Jean-Baptiste qui montre la force de l’agneau qui renverse les puissants de leur trône.

 

Troisième jour: le regard de Jésus.

Ici Jésus n’appelle pas ses disciples. C’est de nouveau le regard de Jean-Baptiste et sa proclamation qui mettent les disciples en route avec Jésus.

Jésus se retourne et contemple André et l’autre disciple !

Retournement, ils ne suivent plus Jean-Baptiste mais Jésus.

Quelle profonde expression: Jésus te contemple! Quelle force du regard ! Chers Amies et chers Amis, où que tu en sois dans ta marche avec le Christ, Jésus te contemple, il t’accueille, il reconnait ta personne et ton désir. Jésus perçoit ce qui est en train d’émerger, de naître et de grandir en toi.

Jésus les contemple puis ne leur demande pas: – Pourquoi me suivez-vous ?

mais – que cherchez vous ?

C’est à dire il invite à voir plus loin que lui-même, le projet de vie et de création que le disciple est appelé à faire émerger et accomplir là où il va. Jésus le médiateur, le facilitateur de ton désir profond, vrai, indestructible. Il fait monter une sève de vie dans tous les membres de ton être pour te donner un nouveau lieu où demeurer.

– Où demeures-tu ? Qu’est-ce qui t’enveloppe et te fait vivre? De quel baptême es-tu couvert ? Dis-moi quel est ton lieu de vie et je te dirai qui tu es !

– Où demeures-tu ? C’est à dire, initie-nous à ta mission, au projet , au désir de Dieu pour nous sur la terre.

– Venez et vous verrez, dit Jésus à André et l’autre disciple.

– Viens et vois, dira André à Simon. André déjà transformé par le regard de Jésus ne perd pas de temps pour chercher d’autres disciples !

 

Viens, marchons ensemble et aiguise ton regard de foi, tente toi aussi de regarder, de contempler ton prochain pour le mettre en route vers son désir profond.

Contempler: un regard si profond qu’il baptise dans l’Esprit-Saint…