Ev. selon St. Jean 10, 1-10 

         L’actualité est à la porte verrouillée ; « Restez chez vous »…… C’est, en ce moment, la parole de vie. Et, en même temps, Jésus nous dit : « Je suis la porte, si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé, il entrera et il sortira et il trouvera des pâturages ».

         L’Évangile, aujourd’hui, n’est pas un appel à la désobéissance : Dieu ne fait rien sans nous et Il compte avec notre sagesse et notre sens de la responsabilité pour demeurer vigilants face à la pandémie, cette voleuse de vie, insidieuse, elle escalade les murs et passe les portes fermées ! Jésus nous parle de la Vie en abondance qui ne connaît pas les confinements, parce qu’Il en est la porte.

         Nous venons de vivre Pâques, le passage, précisément, de la mort à la Vie, la levée du confinement infernal de la mort. Jésus, porte du Ciel dans l’ordinaire de notre quotidien, marche devant, pour le suivre, nous sommes donc appelés à regarder en avant ; Lumière sur le chemin, le Christ nous devance et demeure donc aussi une présence d’Espérance sur un chemin dont Il dit qu’Il est, Lui, Le chemin, conduisant vers le Père.

         La Vie de Jésus n’est pas cloisonnée en rôles et programmes : Il est, à la fois, la porte, le chemin, et, le beau, le bon berger qui donne sa Vie afin que soit heureuse, du bonheur des Béatitudes, celle de ses brebis.

         En ce temps pascal si particulier, face aux emprises séductrices des pouvoirs qui se disputent la place, sur le chemin du bien-être, face à la dislocation du tissu social et économique, au milieu de toutes ces atteintes à la dignité de l’humanité, escaladant par effractions les murs de la bergerie, il est bon de s’entendre dire, qu’il y a une porte ouverte pour la Vie, la Liberté, la Vérité, où se vit une intimité entre le berger et ses brebis qu’Il connaît : Il les appelle par leur nom, reconnaissant l’identité de chacune, et, elles passent par Lui, elles le »traversent », comme on passe une porte. Cette intimité est particulièrement sensible, jusque dans le détail, dans le psaume du « Bon Berger » (ps. 23), « Le Seigneur est mon berger ! »

         Toute la prière est à la première personne, et, quand nous le faisons nôtre, nous sommes bien obligés de nous identifier à cet « enfant unique » – aux yeux du berger – : « l’Éternel est mon berger «  … « Il me mène »… « Il me conduit » … « Il oint ma tête » … « tu es avec moi » …

 

Cette intimité est à vivre avec l’humanité, et pas en petits troupeaux confinés. Le berger a encore « d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie » et le souffle de l’Esprit élargit l’espace de notre tente à la dimension du cœur du Berger.

         Les brebis entendent la voix du berger et elles le suivent parce qu’elles connaissent sa voix : l’oreille intérieure, les yeux du cœur, ces antennes donnant accès à la Vie en abondance = promise pour l’au-delà, en gage dans notre quotidien. Les yeux du cœur discernent les traces de la présence de Dieu sur le chemin ; l’oreille intérieure entend et écoute. Les brebis entendent et écoutent = on reconnaît toujours la voix de qui on aime, c’est être sur la même longueur d’onde.

         Entendre, c’est le son de la voix, écouter, c’est le contenu du message ; les brebis entendent et écoutent, c’est leur radar, et la voix du berger leur parle au cœur : c’est la vie en abondance, sans confinement, = Pâques est passé par là.

Amen.