Esaï 5, 1 – 7, Philippiens 4, 6 – 9, St. Matthieu 21, 33 – 43
mêmoire de St. François d’Assise

 

Dieu aime sa vigne ! En d’autres termes, Dieu nous aime, même dévastés, grêlés, gelés !

C’est beau de parler de vigne, en ce temps de récolte. Il y a quelques années, un orage de grêle, d’une rare violence, avait ravagé la totalité du vignoble. Le lendemain, un viticulteur de la région était allé trouver son ami, voisin, viticulteur aussi, et lui avait dit : « Va dire à ta vigne que tu l’aimes ! »

Dans l’Évangile, aujourd’hui, le problème n’est pas du côté de la vigne, mais des cultivateurs : c’est à eux que Jésus s’en prend, c’est à ces responsables, Grands prêtres et Anciens, les vignerons qu’il s’adresse.

Je pourrais m’arrêter là et faire le bilan de moi, au soir de ma vie = qu’ai-je fait des promesses de mon ordination, de la responsabilité confiée, d’une vie consacrée, de l’écoute, de la patience, du pardon, de la confiance, de la miséricorde ? Ce sera mon problème : le Seigneur m’attend à l’heure du règlement de compte.

Et puis, comment comprendre ce mystère : Dieu n’aurait-il pas eu d’autres moyens que celui de condamner son Fils à mourir ? La parabole semble dire, pourtant, qu’Il a pensé, espéré que son Fils serait respecté et qu’il pourrait accomplir sa mission : faut-il admettre que Dieu se serait trompé ?

J’aime à croire que « le chant du Bien-aimé à sa vigne » illumine l’Évangile d’aujourd’hui : Dieu ne se trompe, ni ne se renie : rien ni personne ne cloisonnent son Amour ; Jésus lui-même le confirme : « Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde mais pour que le monde soit sauvé par Lui. »

Il y a comme une contradiction entre ce projet de salut et la colère de Dieu, et son jugement face à la vigne du Bien-aimé et aux vignerons de la parabole.

C’est vrai que Dieu ne fait rien sans nous : Il respecte notre oui comme notre non, mais, avec ce qui lui restait de souffle, sur la croix, Jésus a dit : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’il font. »

Je ne minimise pas l’importance de notre responsabilité, ni la réalité des transgressions assombrissant notre « oui » à suivre Jésus ; notre engagement s’exprime par une obéissance, une fidélité ; mais je crois à cet incompréhensible amour de Dieu et j’y vois la perle de la Parole aujourd’hui, parce qu’elle nous rappelle qu’avec le Christ, le Souffle de Bonté poursuit en nous, et avec nous, l’œuvre que le Père a entamée = en effet, « la pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle, la clé de voûte : c’est ça l’œuvre, la merveille du Seigneur ». Sa vigne s’est élargie à la dimension de l’univers : au-delà d’Israël et de l’Église : par sa mort, il s’est identifié à la vigne : « Je suis la vigne », dit-il, et nous sommes les sarments bien-aimés de ce cep dont nous goûtons le fruit dans l’Eucharistie : le sang du Christ et son corps pour nourrir et réjouir notre âme.

Et puis, nous poserons la question : « Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait » ?

Saint Paul donne quelques pistes pour réponse , en se donnant en exemple : « Mettez en pratique tout ce que vous avez appris, reçu, vu et entendu de moi »…

L’Église, aujourd’hui, célèbre la mémoire de François d’Assise, Saint-François ; alors je préfère l’attitude de communion qu’inspire sa prière si connue, demandant au Seigneur d’être instrument de paix, ferment d’amour, de pardon, de vérité, d’espérance, de joie.

Et quand nous élèverons la coupe du Salut, nous nous écrierons : « Loué soit le Seigneur » : ce sera la parole la plus belle, la plus essentielle : reconnaître que Dieu est Dieu, Le Vigneron = c’est Lui. Saint-François, encore lui, nous invite à la louange en mobilisant tout notre être …

Père, que tout ce qui est en moi bénisse ton saint nom.
Que mes mains te louent par leurs gestes,
que mes pas te louent par leurs chemins.

Que mes lèvres te bénissent à travers leurs chants,
que mes yeux te célèbrent en reflétant ta lumière, ta beauté.

Que mes oreilles te répondent en écoutant ta voix,
que ma mémoire te rende grâce en se souvenant des traces de ta Présence dans ma vie.

Que mon intelligence te loue en cherchant la Voie de ta sagesse,
que ma volonté t’honore en se faisant servante de la tienne.

Que mon cœur te loue en aimant de ton amour,
que ma force te loue en s’offrant à toi
Que mon corps te loue, demeure de ton Esprit,
que tout en moi te rende gloire.

(Saint-François)

Amen.