Homélie de l’aube de Pâques
Poèmes de Gérard Bocholier
(Evangile selon Matthieu 28,1-10)

Jésus-christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !

Comment parler de ce qui s’est passé ce matin, dans l’aube d’un nouveau jour ?
Comment dire ce qui ne peut être dit, ni expliqué ? Comment raconter ce qui ne peut pas être contenu dans des mots ? Comment raconter ce qui ne peut être que vécu ?
Comme parfois il ne peut pas avoir de mots pour décrire la profondeur et l’intensité de la nuit, du mal, de la souffrance …
Il n’y a parfois pas de mots pour décrire la profondeur et l’intensité de la vie en ce matin de
pâques !
Alors, il reste plus que le langage de la poésie, de l’extravagance : ce qui empêche
d’enfermer ce qui arrive en ce matin de pâques dans nos mots, dans notre compréhension du monde et de notre vie. Oui, il reste les images qui font éclater nos mots, notre regard sur le monde et sur nous-mêmes pour notre offrir un autre regard (comme le langage
apocalyptique employé dans l’évangile de Matthieu).
Regardez Marie à l’aube de ce matin d’un jour nouveau. Ecoutez ce qui se passe pour elle : Ce qui se passe pour moi Marie ? Dans la nuit du jour levant, je marche prostrée, accrochée aux aromates que je tiens dans mes mains pour aller embaumer ce qui reste de Jésus ! Comment tout cela avait-il pu se passé ? Tant de violence, de souffrance ! Et mon espérance réduite à néant. Mon espérance : celle que cette manière d’être au monde que Jésus avait vécue et offerte aux autres et à moi, pouvait perdurer, gagner face aux mouvements dans le monde qui détruisent l’être et la vie !
Le désarroi, la tristesse, la peur, le doute habitent mon cœur et mon corps ! J’avance dans l’aube naissante habitée par la plus grande nuit qui soit ! C’est toute ma réalité !

En une ruée de foudre
Ton aube s’est engouffrée
Dans ce flanc d’ombre et de pierre
Ou la promesse est cachée

Un vent soudain de lumière
Soulève et lave les linges
Serrés par la mort tempête
De vie pour l’éternité ! L’ange est porteur de la vérité de Dieu sur le monde : il n’est pas là, il a été relevé par Dieu !
En ce matin de Pâques, quelque chose s’éveille dans mon intériorité, je ne sais pas encore ce
que cela va devenir, ni ou cela va me mener, mais c’est là. La vie de Dieu vibre en moi. Avant de devenir une nouvelle à partager, c’est d’abord quelque chose d’intime, la résurrection.
Dans le clair-obscur du matin de Pâques, je suis éveillée à l’aube d’une nouveauté de vie.

Un tout petit rien vibre de vie, dans ce monde si rempli de tout : de trop de violence, de crainte, de rupture. En ce matin de Pâques, rien ne change en grand dans ce monde, mais en moi si !

Je ne m’attache qu’au jour
Qui bondit tout d’une pièce
Quand l’aube a poussé la porte
De la divine espérance

Ta vie donnée à ce monde
Qui s’éveille vient répandre
En mon cœur trop chargé d’ombres
Ses semailles de lumière

En ce matin de Pâques, voyez comme tout est en mouvement ! Voyez ce mouvement de Dieu dans la pierre qui bouge pour ouvrir le tombeau, voyez ce mouvement de Dieu dans la relation transformée des disciples qui sont nommés frères et sœurs du Christ !
En ce matin de Pâques, ils ne sont pas désignés comme les craintifs, les menteurs, les
aîtres, les perdants, ceux qui ont fui. Ils sont les frères et les sœurs du Christ.
Voyez aussi ce mouvement de Dieu dans notre élan à l’autre Marie et à moi qui nous met en
chemin. Ce mouvement de Dieu dans notre rencontre avec le Christ ! Voyez ce mouvement de Dieu dans cette présence du Christ qui nous précède en Galilée, là où est le quotidien de nos vies, là dans nos propres vies.

Les premiers rayons de l’aube
Entraient déjà par la brèche
De pierre j’ai couru vite
Vers ce feu intérieur

La blancheur du linceul vide
Vibrait avec la rosée
Au retour mes pas dansaient
Sur l’or des pas invisibles