« Amour confirmé, passage créé : c’est la Pâque de Jésus ! »

Retraite de Pâques autrement

Dimanche de Pâques - Le Christ est ressuscité, Alléluia !

Seigneur Dieu,
tu fais resplendir cette nuit de fête
par la gloire de la résurrection du Christ ;
ravive en ton Eglise le souffle de l’Esprit
que nous recevons au baptême :
ainsi renouvelés dans notre corps et dans notre âme,
nous serons tout entiers à ton service,
dans l’attente de la Pâques éternelle.
Amen

Introduction à la liturgie

Aube de Pâques

Le Christ est ressuscité, alléluia ! Il est vraiment ressuscité, alléluia !

Cri de joie surgissant après une longue nuit ! Maintenant vient à la lumière ce qui se préparait dans les profondeurs, loin des regards, du temps déjà de notre détresse et de notre désespoir. Secret se déployant, non pas au plein éclat de la lumière de midi, mais à l’aube, au rythme du soleil levant.

La célébration est ample, pleine de sens, de symboles ; elle nous conduit de la nuit à la lumière, de l’histoire lointaine à notre aujourd’hui. Tissée d’éléments tirés de différentes traditions, elle nous permet d’approcher, avec notre note propre, de ce mystère qui est au cœur de la foi chrétienne.

Nous nous retrouvons dans l’obscurité, à 5h30, rassemblés autour du feu pascal, symbolisant la lumière du Christ ressuscité brillant au cœur de nos nuits. La flamme du cierge pascal, transmise à nos petites bougies, se répand progressivement à toute l’assemblée en procession, illuminant bientôt de son éclat naturel la chapelle plongée dans l’obscurité.

« Le Christ est ressuscité, Il est vraiment ressuscité ! Il a vaincu la mort et Il nous donne la Vie !» Nous chantons ce mystère, encore et encore, en de multiples langues et mélodies de divers pays. Communion universelle en ce temps où les célébrations sont impossibles en bien des régions de notre planète. Communion aussi avec nos frères et sœurs orthodoxes qui entrent dans leur semaine sainte.

Ensuite 4 lectures nous préparent à entendre l’Evangile de la Résurrection :

  1. La création du monde : harmonie originelle, perdue mais restaurée dans la Résurrection du Christ.
  2. Abraham et Isaak : Sacrifice interrompu par Dieu qui ne veut pas de sacrifice humain.
  3. La traversée de la Mer Rouge par le peuple d’Israël : récit symbolique de délivrance où se dévoile l’œuvre de salut du Dieu libérateur. Nous sommes ainsi reliés à la tradition juive, qui est aux racines de la nôtre.
  4. La prophétie d’Ezéchiel dit le désir de Dieu de conclure avec nous une nouvelle alliance où le cœur et l’esprit humains soient en parfaite harmonie avec Sa volonté d’amour.

Suit un rappel de notre baptême, par lequel nous sommes plongés dans la mort et la résurrection du Christ. En une confession de foi commune, nous proclamons notre espérance dans le Dieu trinitaire, libérateur et vivant. Nous nous engageons ensemble à entrer dans le mouvement baptismal : quitter ce qui mène à la mort et nous ouvrir à la Vie. Afin de nous unir ensemble dans un même engagement, nous invitons chacun, chez soi, à répondre en même temps que nous aux questions (cf. texte joint).

Le chant « À toi la Gloire » et le « Gloria » ouvrent la dernière partie de cette célébration, soit la liturgie préparant normalement à l’Eucharistie : nous allumons les lampes pour lire l’épître aux Colossiens (qui nous rappelle notre enracinement dans le Christ ressuscité), et l’Evangile de la résurrection est proclamé en plusieurs langues. Après l’homélie du pasteur Jean-Philippe Calame,  nous prions les uns pour les autres dans un moment d’action de grâce et intercession libre. Ensuite, dans une procession d’offrande, nous apportons la patène et la coupe vides comme symboles de l’Eucharistie où le Christ ressuscité se donne à nous. Puisque nous sommes empêchés de la vivre cette année, accueillons cette absence douloureuse dans la joie de la plénitude pascale, comme une absence qui creuse notre désir, dans l’attente de ce jour où la communion sera à nouveau possible. Silencieusement nous offrons ce réel à Dieu dans un moment musical.

Dans d’autres années nous apportons aussi au moment de la procession d’offrande une collecte, signe de partage de la joie pascale. Cette année nous soutenons le projet Aide pour les réfugiés en Grèce de Caritas. Si vous aimeriez vous joindre vous trouverez plus de détails ici.

Enfin la bénédiction et des chants de la résurrection closent notre célébration.

Vous trouverez certainement le moyen de marquer ensuite chez vous la joie pascale de cette journée particulière. La communauté quant à elle, se rassemble autour d’un petit déjeuner festif – qu’en temps normal nous partageons avec vous ! Et les sœurs portent toute la journée leur robe blanche – signe de la résurrection et de la Vie nouvelle.

A vous tous – Joyeuse fête de Pâques !

Profession de foi baptismale

Prieure : C’est la Pâques aujourd’hui et la Résurrection de Jésus
nous annonce l’espérance des temps nouveaux.
Les pierres peuvent se déplacer,
les tombeaux peuvent s’ouvrir pour toujours,
les larmes peuvent être surmontées,
les peurs ne sont pas éternelles,
la joie vient pour ceux qui sont tristes,
la paix touche les cœurs abattus.

Proclamons notre foi au Dieu vivant et vrai, Père, fils et Saint Esprit,
la foi de notre baptême.
Nous célébrons Dieu notre Père
qui nous aime comme Il aime son Fils Jésus-Christ.
Il confie entre nos mains le monde qu’Il a créé par Amour.

Tous : Je crois, Seigneur, tu es source de Vie.

Prieure : Nous célébrons Jésus le Christ, notre Seigneur,
né de Marie en notre condition humaine,
mort et Ressuscité pour nous faire partager sa Vie.
Toujours vivant parmi nous Il nous donne l’assurance
que sa Lumière est plus puissante que toute nuit,
que la vie triomphe de la mort.

Tous : Je crois, Seigneur ; Tu es source de Vie

Prieure : Nous célébrons l’Esprit de Sainteté.
Il nous ouvre à la communion
avec le Père et le Fils et les uns avec les autres ;
Il nous rassemble en Eglise et répand sur elle tous ses dons.
Il nous envoie dans le monde comme témoins de l’Amour et de la Vie,
comme artisans de justice et de paix.

Tous : Je crois, Seigneur ; Tu es source de Vie.

Prieure : Nous attendons le jour où Dieu sera tout en tous, jour de la Lumière sans déclin et du festin du royaume pour tous les peuples.

Tous : Je crois, Seigneur, tu es source de Vie.

Prieure : Ainsi donc :
Voulez vous quitter tout ce qui conduit à la mort et
choisir la VIE nouvelle en Jésus-Christ,
vous engager à vivre comme les enfants bien-aimés du Père,
comme disciples à la suite de Jésus mort et ressuscité,
dans le souffle de l’Esprit vivifiant
qui fait de nous des membres d’un même corps, l’Eglise ?

Tous : Oui, avec la grâce de Dieu

Dimanche de Pâques

5h30 Célébration pascale
12:15 Prière de midi
18:30 Prière du soir
20:30 Complies

Message par le pasteur Jean-Philippe Calame

Une joie à laquelle on peut se fier.

 La joie de Pâques est fiable, parce qu’elle n’a rien de superficiel. La Bonne nouvelle de Pâques est solide parce qu’elle ne passe pas par-dessus les abîmes qu’éprouvent tant d’êtres humains. La joie de Pâques ne survole pas le monde, mais elle naît progressivement au contact du Ressuscité qui d’abord a apporté sa présence et la compassion de Dieu jusque dans les enfers.

La résurrection est une réalité qui part du bas vers le haut. C’est une œuvre qui a été attestée premièrement sous la terre, elle n’a rien écarté ni rien survolé de tout ce qui pouvait la démentir. C’est ce qui la rend fiable à l’heure, au temps, où patiemment mais sûrement elle s’en va de proche en proche dans le dessein de tout remplir.

Parmi ceux à qui Jésus atteste en premier qu’il est ressuscité se trouvent deux hommes sans espérance, aux yeux desquels tout semble terminé. En chemin vers le village d’Emmaüs ils sont effondrés. Pendant des mois, ils ont tout misé sur Jésus, en qui ils ont reconnu le Messie. Mais son arrestation, sa crucifixion et sa mort ont eu raison de toute leur espérance. Et à la tristesse profonde d’avoir perdu brutalement un ami s’ajoute leur désarroi de ne plus avoir de maître: l’ensemble des repères qu’ils ont reçus de lui n’ont plus cours.
Ne doivent-ils pas se résoudre au constat que tout compte fait ils se sont trompés à son sujet, le prenant pour ce qu’il n’était pas? C’est une souffrance inexprimable, une souffrance spirituelle, la perte radicale de leur foi : le doute les tenaille, l’impression de s’être mépris au sujet de Jésus remet en cause l’ensemble de leur vie. La perte du sens est totale pour eux et, on le sait, il n’y a pas pire souffrance que cette douleur brute : la souffrance à laquelle on ne peut donner aucune signification. Voilà donc quel genre d’ hommes on trouve parmi les premiers témoins de la Résurrection. Voilà sur quel terrain et dans quelle situation peut avoir lieu la rencontre du Ressuscité.

On apprend ainsi que la Résurrection de Jésus peut être reconnue comme événement fiable par tout être humain, et quelle que soit la situation. Contrairement à l’idée que l’on a parfois, Dieu n’attend pas que nous ayons rempli certaines conditions pour s’intéresser à nous. Jusque dans ses dernières pages l’Évangile montre que le Seigneur s’approche de femmes et d’hommes qui se sentent éloignés, voire séparés de Dieu. Comme l’arc-en-ciel de la Nouvelle Alliance, Jésus ressuscité apparaît à des être humains qui ont tourné le dos à la lumière, tourné le dos à l’espérance, parce qu’ils ne comprennent plus rien.

«De quoi discutez-vous en chemin?» Ici, la question de Jésus Ressuscité rappelle la question posée par Dieu à Adam : «Où es-tu ?»
Le fond de la question de Jésus aux deux disciples est : «Où en êtes-vous ?»
Sans faire violence, mais avec une extrême détermination car l’enjeu est de leur faire reprendre vie, Jésus s’emploie à tirer ces deux disciples de leur tristesse de mort. Et c’est pourquoi ses paroles se font rudes : « Hommes, sans intelligence, cœurs lents à faire confiance, lents à croire…». Ici résonne toute la fermeté du vrai amour, la voix qui rappelle à l’homme sa capacité à répondre. La parole qui lui est adressée le remet devant la liberté qui est la sienne de quitter toute forme de léthargie.  

Un temps s’écoule encore, et un peu plus loin sur le chemin, ce sont les deux marcheurs qui eux-mêmes demandent à Jésus :« Reste avec nous! »
Ils n’ont pas peur de celui qui marche avec eux et avec qui ils viennent de converser. Ils n’ont plus peur… de Dieu.

On mesure alors la guérison fondamentale apportée aux humains !
La disparition de la peur est un fruit de la mort et de la résurrection de Jésus. Le salut accompli par Jésus a rétabli l’alliance entre Dieu et les hommes, en sorte que la situation illustrée par le récit de la Genèse est renversée :
« Soudain, ils entendirent les pas du Seigneur Dieu qui se promenait dans le jardin à la brise du soir. L’homme et la femme se cachèrent du Seigneur Dieu parmi les arbres du jardin. Le Seigneur Dieu appela l’homme et lui dit: “Où es-tu?” Il répondit: “J’ai entendu tes pas dans le jardin et j’ai eu peur…”».

Au contraire, à la fin de ce grand jour de Pâques, la peur envers Dieu a disparu. L’homme ne se cache plus, mais demande expressément au Seigneur: « Reste avec nous! »
On le voit, l’ annonce de la vraie joie, la formidable annonce de la Résurrection, Jésus nous y conduit avec force et douceur. Force, qui est celle de la résurrection, portée par l’incomparable élan du Berger qui a retrouvé sa brebis. Mais aussi douceur, car la force de cette joie, la force de la Résurrection n’empêche pas Jésus de respecter le rythme de chaque créature. Et cet exemple que Jésus donne, ressuscité, prenant le temps en chemin de s’adapter au rythme de ceux auxquels il s’adresse, doit permettre aux témoins que nous sommes d’être patients à notre tour pour annoncer la bonne nouvelle, comme il convient toujours lorsqu’on approche une brebis blessée. La joie de Pâques est la plus haute joie, et la plus sûre. Mais elle n’éclate pas sans un patient labeur que Dieu conduit dans le cœur humain. 

Ici à Grandchamp, on aime partager que la joie donnée par Dieu se présente à la porte du cœur comme le chant des oiseaux à l’aube… Avec une conviction qui porte à la louange, à l’ouverture. Avec une force qui ne dépend pas de la pluie, ni du vent, ni du froid ni du soleil.
La parole du Ressuscité, la voix du bon Berger s’élance pour rejoindre le cœur de chacun-e, sans exception, parole aussi claire et joyeuse – et aussi humble- que le chant de l’oiseau à l’aube :  

« Eveille-toi, allons vers la lumière :
car tu es en moi et moi en toi,
nous sommes une seule personne indivisible ! »
Mes brebis , rien ne peut les arracher de ma main. 

Aujourd’hui la bénédiction de Dieu [s’en va] aux quatre coins de la terre 

Aujourd’hui nous pouvons nous exposer à la lumière de Dieu :
« Il est avec nous tous les jours. »

Aujourd’hui nous pouvons exposer au grand soleil de Dieu
les temps qui sont mauvais. Il est avec nous « jusqu’à la fin des temps ».

Offrons-Lui avec confiance œuvres et peines, souffrances et créations,
comme à un ami. 1

 

Se promener et converser avec Dieu, à qui Jésus nous présente.
Sous le regard du Père et à la voix de l’Unique Berger,
tout rejoindre, tout visiter, tout remettre à la brise de l’Esprit.

 Dociles à son souffle, adhérant à la force du Fils aîné,
être de la nouvelle Genèse,
accueillir humblement ce qui fait la Joie de Dieu
et s’y tenir avec Lui. 

Aller au quotidien en sachant
que la durée de ce temps nouveau
est au couvert de la bénédiction du Père 
qui a pour Nom Jésus-Christ ressuscité
en qui, par l’Esprit,
Dieu déploie désormais son « Amen »
à l’Alliance accomplie
pour les siècles des siècles.

1Soeur MYRIAM, Continuer l’Évangile. Méditations pour les dimanches et les fêtes, Éd. Olivetan, Lyon, 2008, p. 67.