Prédication par la pasteure Laurence Mottier, le 26 octobre 2025

Prédication par la pasteure Laurence Mottier, le 26 octobre 2025

 

Prédication 26 octobre 2025 Grandchamp

Textes bibliques Si 35,15b-17.20-22a 2 Tim 4, 6-8. 16-18 Luc 18, 9-14

 

Y-a-til un privilège à être croyant·e ?  un privilège à être fidèle à Dieu et à ses commandements ? y-a-til un avantage à faire tout bien comme il faut ?

 La parabole de Jésus vient démonter cette certitude si ancrée dans la pensée religieuse:  qu’en étant pratiquante cela m’octroyerait une position enviable, privilégiée, réservée aux élus. Qu’elle me préservait de tout. Et donc, que la perfection est gage d’exclusivité.  Et donc, que des actes parfais, conformes à la volonté de Dieu serait une performance de la foi, attendue voire exigée par Christ.

 Pour nous décontenancer, Jésus raconte une histoire; une histoire qui met en scène deux personnes, représentant deux attitudes croyantes, opposées l’une à l’autre.

 D’un côté, une personne religieuse, spécialiste de la Bible, des lois et des règlements et très pratiquante.

De l’autre une personne très loin, voire exclue de la sphère religieuse car pratiquant une activité décriée et détestée: collecter des impôts et des taxes pour l’occupant romain et se remplir les poches au passage.

 

Et l’inconfort vient que dans la parabole, la première adopte une posture d’autosuffisance et d’autocomplaisance; cette personne très religieuse croit et se convainc qu’elle a tout bien fait et qu’elle mérite les bénédictions Dieu et tout le bien qu’il y a dans sa vie; le Pharisien est tellement autosatisfait- il se félicite de toutes ses bonnes actions et de sa propre justice-  qu’il en devient méprisant pour tout ce qui n’est pas lui ou qu’il se persuade n’être pas lui.

Il se définit non seulement à l’inverse du commun des mortels mais se croit à ce point supérieur aux autres qu’il considère le reste de l’humanité comme des nuls. Le verbe grec est très fort: exoudeueô mépriser ne faire aucun cas de l’autre, le tenir pour un zéro.

La personne du Pharisien (racine hébraïque: distinct, à part) représente ici le religieux sectaire, se pensant le chouchou le préféré de Dieu. A l’abri de tout et au-dessus de tous.

C’est bien cette attitude que Jésus cherche à démasquer et à démonter.

 Et l’inconfort se poursuit, car la deuxième personne, le collecteur d’impôt qu’on pourrait traduire par le corrompu le collabo l’escroc l’opportuniste, adopte une posture d’humilité, d’incertitude face à Dieu, le collecteur qui tire avantages du bien des autres ne se sent pas à la hauteur pour se présenter devant Dieu. Il se sait coupable, il se sent nul, il bat sa coupleet attend un apaisement, dans une attitude d’humilité et d’inquiétude.

 Voilà bien deux attitudes aux antipodes, se voir en plein ou se voir en creux, complétude on se tient debout sûr de son fait de sa foi de son dieu (trafiqué à notre image) mais c’est cela même qui nous rend aveugle à autrui même pire qui nous permet de mépriser tous ceux qui ne sont pas comme nous.

Ou en manque on se tient à distance en retrait pas sûr du tout de soi, en supplique et en inquiétude devant Dieu.

 On aurait attendu l’inverse: un religieux humble et un collecteur imbu de lui-même.

 L’Évangile de Luc prend clairement parti pour la deuxième posture: pourquoi ?

Le Christ nous veut-il misérable tout petit humilié et dépendant? aime-t-il l’autoflagellation l’humiliation de soi et la culpabilisation excessive? attend-il cela de nous? Evangile nous infantiliserait et nous réduirait à presque rien? fait-il appel à une image dégradée de soi-même pour oser se présenter devant Dieu? 

 On comprend le refus de la première posture: si tout est plein si je suis remplie de moi-même à ras bord, il ne reste aucun espace pour l’autre: le Dieu Autre qui cherche à me rencontrer et aussi autrui mon prochain (déranger mes certitudes ma vision du monde ma foi et mes croyances…) être plein de soi c’est dénigrer les autres, le reste de l’humanité. Y’en a point comme moi/nous.

C’est la posture que la théologie chrétienne a appelé depuis Augustin péché, incurvatus in se, incurvé en soi, tourné vers soi; ce qui fait dire à la philosophe Simone Weil, que le péché est d’abord et surtout une erreur d’orientation; on tourne le regard exclusivement sur soi, ses intérêts, ses besoins, sa vision, en excluant tant Dieu qu’autrui. Ce que Catherine Chalier nomme   l’intéressement à soi, le renforcement de l’être pour soi et en soi, qui devient alors source de tous les malheurs et du mal en excès. Car l’autre le visage de l’autre est nié et disparait au profit du moi incurvatus in se. Incurvé.

La dénonciation de Jésus devant l’hypocrisie des religieux de son temps et sur leur monde clos fermé à autrui a été sans concession et lui a coûté sa vie. Car Jésus a allumé chez les religieux une haine inextinguible. Et ce que j’entends dans cette parabole, c’est que cette dérive est toujours possible dans une religion, dans une Eglise une confession, une communauté, une théologie, une pratique religieuse qui se ferme sur elle-même et sur sa propre vérité. Au mépris de tout le reste.

Cette dérive est grave et dommageable. Car Jésus ne fait pas là une leçon de morale, mais il énonce ce qu’il vivra dans sa chaire d’homme: il sera la pierre rejetée, méprisée par les bâtisseurs (Actes ce fameux verbe exoudeueô). Ceux qui construisent de beaux édifices théologiques et spirituels de somptueuses institutions peuvent se fourvoyer et rejeter la pierre décriée qui est pourtant celle qui pourrait faire tenir tout l’édifice. Le Christ, la pierre d’angle. Et cette violence et cet aveuglement coûtent des vies humaines.

 

Ce que permet l’autre posture ? Jecrois que reconnaître sa dépendance, sa limite, son inadéquation laisse un espace ouvert à la rencontre, à ce qui peut relier à Dieu et aux autres.

Ce n’est pas tant la posture d’humiliation qui plaît à Jésus et qu’il faudrait encenser ou rendre obligatoire (dérive perverse et malsaine) mais ce qu’elle permet dans notre relation à Dieu et aux autres. Se penser en creux permet la rencontre, la survenue de l’autre auprès de moi, en face de moi.

N’est-ce pas là le sens même du mot religion qui vient d’une double racine latine:  religare (lier ou relier) et religere (relire recueillir). Entrer en religion, c’est relier et relire, se relier à Autrui et se relire devant Autrui. Aucune autosuffisance, aucune auto satisfaction ici mais un chemin d’humble accès et de co-humanité.

Seul Dieu est le plein: le soi n’est pas au centre mais bien la Transcendance. C’est Autrui qui me fait advenir à moi-même; je ne peux pas me définir seule mais seulement à travers la rencontre d’autrui. Voilà une porte spirituelle essentielle, si petite qu’on peut la louper dans nos efforts si religieux de satisfaire des idéaux de perfection et de maîtrise.

Ce qui signifie aussi que le Dieu de JC vient dans nos failles dans nos égarements et nos tâtonnements pour nous aimer et nous conduire au cœur de la vie. Dieu ne nous veut pas parfaits ni complets; ce sont justement des sentiments repoussoirs qui barrent l’accès à Dieu et au visage d’autrui. l’accès au vivant, à la vie.

 Chères sœurs, chers frères, quel décentrement dans les paroles de Jésus !

 Se croire debout, juste et sauvé, c’est déjà chuter, c’est être à côté de la plaque.

 Accepter le décentrement c’est pouvoir se relever et retrouver sa dignité, sa place.

Mais ce que je crois aussi c’est que la porte n’est jamais fermée : Rien ne dit que le Pharisien restera toujours dans son auto-suffisance et rien ne dit que le collecteur a vraiment saisi qu’il peut sortir de son sentiment d’humiliation. Qu’il est digne.

Dans cette parabole j’entends que Jésus est un lanceur d’alerte de la grâce toujours offerte, toujours possible, jamais close sur elle-même mais toujours donnée, redonnée, en surabondance. Quoi qu’il se passe, une main de Dieu est tendue vers nous, vers moi, vers vous.
Saisir cette main, c’est vivre un renversement celui de l’Evanglie.

Ce qui est abaissé sera élevé

Ce qui est élevé sera abaissé

 Ce renversement que Marie, future mère de Jésus et prophétesse en Israël, chante dans ce même Évangile Luc 1,48.

Dieu a dispersé les orgueilleux

Il a renversé les puissants de leurs trônes et il a élevé les humbles

Il a rassasié les affamés et renvoyé les riches les mains vides

 Est-ce que la maternité celle de Marie et de chaque future mère ne dit-elle pas le creux et le plein ?  

L’utérus, cet organe creux, capable de recevoir et de porter la vie d’un autre humain, avant de le mettre au monde – porter au creux de ses bras.

L’utérus, qui a inspiré l’idée de compassion dans la Bible: un pluriel rahamim, métaphore appliquée à Dieu et aussi au Christ pour dire que le Divin est remué, touché aux entrailles aux tripes à la matrice càd au plus profond  de son être devant la détresse humaine, devant le malheur, devant l’humanité de chaque être humain.

Le Christ ressent une compassion pour nous qu’il porte en lui, au creux de lui comme une mère porte le bébé à naitre, comme elle le nourrit, le protège, lui parle, le rassure et l’accueille dans ce monde.

 L’Évangile est une parabole, qui nous déplace, qui permet un décentrement, un pas de côté.

Une parabole qui nous met en route vers des retournements paradoxaux. Doxa = évidence routinière certitude inamovible convictions à bon marché ce qui tue et exclut, alors que le paradoxe nous fait voir autre chose, ce qui est dans les creux, les vides, les marges, l’ailleurs, dans un renversement qui nous garde inquièt·es et libres.

Amen

Laurence Mottier

Homélie par Pierre-Yves Brandt, le 28 septembre 2025

Homélie par Pierre-Yves Brandt, le 28 septembre 2025

 

Chers frères et sœurs,

Les textes de ce dimanche nous parlent des riches. Aucun de ces textes ne condamne la richesse en soi, mais tous mettent en garde contre la cupidité et les risques de mettre sa confiance dans les biens matériels et l’argent. La Première Lettre à Timothée dit ainsi sans ambages que « la racine de tous les maux est l’amour de l’argent » (1 Tm 6,10). Ceux qui possèdent de grand bien risquent de s’enorgueillir et de mettre leur espoir dans des richesses incertaines (1 Tm 6,17). Le risque, c’est l’autosuffisance. Grâce à ce que j’amasse, je me crois en sécurité. Or c’est une sécurité incertaine. La guerre, un incendie, un tremblement de terre, un effondrement de la bourse ou la faillite d’une banque peuvent me ruiner en un rien de temps.

Mais le risque de tout perdre n’est pas le risque principal que veut souligner la Lettre à Timothée. Nous mourrons tous un jour et nous perdrons tout. L’impermanence du monde matériel est le lot commun de chacun et le bouddhisme a bien souligné que d’y être attaché nous expose à des souffrances dont on peut se libérer en se détachant de l’attrait des biens de ce monde. Si l’on en restait là, ce serait une question à résoudre entre soi et soi : veux-tu diminuer les sources de souffrance en te détachant ?

Les textes de ce dimanche vont plus loin que d’avertir sur les souffrances qui attendent ceux qui s’attachent à ce qui est impermanent. Les textes de ce dimanche mettent en lumière le danger principal qui guette les riches : à force d’avoir les yeux fixés sur l’appât du gain et sur leurs possessions, les riches risquent de ne plus voir ceux qui ont moins et ceux qui n’ont rien. Cela peut aller jusqu’à les tromper, les exploiter, les traiter comme des marchandises. Le prophète Amos est sévère à l’égard des élites du royaume d’Israël, telles qu’il les voit se comporter à son époque. Au chapitre 8 lu dimanche dernier, il fustigeait les marchands qui faussent les balances et qui pratiquent la traite de leurs semblables : ils achètent un pauvre pour le prix d’une paire de sandales. Au chapitre 6 lu aujourd’hui, il décrit les autorités qui vivent dans le luxe, laissent aller le pays à la ruine et n’en ressentent aucun tourment.

La richesse peut centrer sur soi et boucher la vue sur la misère de ceux qui n’ont rien. C’est aussi ce qui est reproché au riche de la parabole que Jésus raconte. Il y a un pauvre du nom de Lazare qui git à sa porte et personne ne s’en soucie. Ce n’est que quand le riche se trouve au séjour des morts qu’il lève les yeux et regarde Lazare. Là, on découvre que le riche avait bien dû connaître l’existence de Lazare puisqu’il connaît son nom. Mais il l’a ignoré. Son confort l’avait rendu insensible à la misère de Lazare. Il comprend bien que c’est là la cause de son tourment actuel. Ainsi, quand Abraham lui dit qu’il est maintenant impossible que Lazare vienne l’en soulager, il demande alors que Lazare soit envoyé auprès de ses cinq frères pour les avertir.

Pour les avertir… Mais les avertir de quoi ? Le texte ne le dit pas. Comme si cela était si évident qu’il n’y avait pas besoin de le dire explicitement. Le problème n’était pas la richesse, mais le manque d’humanité du riche à l’égard de Lazare, l’absence de relation qui respecte la dignité de Lazare, l’absence de compassion face à sa faim et à ses plaies.

La Première Lettre à Timothée dit que quand on fuit l’amour de l’argent, alors on est capable de rechercher la justice, la piété, la foi, l’amour, la persévérance et la douceur. A l’inverse, l’amour de l’argent engendre des relations injustes, qui bafouent la piété, sans foi, sans amour, versatiles et dures. C’est pourquoi, quand nous constatons que nous nous comportons de manière injuste à l’égard de ceux qui nous entourent ou que nous avons soudain des paroles ou des gestes durs à leur encontre, cela devrait nous alerter. Qu’est-ce qui est en train de me séduire et de capter toute mon attention, au point que je me mets à maltraiter ceux qui sont à ma porte ? De même, lorsque nous sommes prêts à considérer soudain comme sans valeur des objets, coutumes ou lieux pour lesquels nous avions jusque-là une dévotion, il vaut la peine de nous interroger sur ce qui a pu brusquement nous rendre si irrespectueux. Quels sont nos mobiles, qui justifient brusquement des comportements qui ne manifestent plus aucune considération pour ce que nous respections jusque-là ? Ou si nous perdons toute constance, prêt à tout bousculer dans un sens puis dans un autre, sans motif clairement apparent, juste en nous rassurant nous-mêmes que c’est ainsi que l’on peut se prouver qu’on est libre. On achète des affaires pour les revendre, on saute d’une relation affective à une autre, d’une communauté religieuse à une autre, etc. Qu’est-ce qui m’anime secrètement ? Me voici soudain comme si j’étais devenu sans foi en Dieu ou dans les autres. Dans quel « Bien » suis-je en train de mettre ma foi ? Ou me voici devenu comme sans amour de Dieu ou des autres, mais mettant mon amour dans l’argent ou une autre forme de richesse ? Oui, tous ces comportements devraient être des alertes qu’il y a anguille sous roche. Je me suis attaché à un bien que je veux posséder à tout prix, et donc je suis prêt à tout au mépris des autres et tout spécialement de ceux qui n’ont que de pauvres moyens pour accéder à une vie bonne sans la solidarité de ceux qui les entourent.

Car l’amour qui nous attache à mort, n’est pas seulement l’amour de l’argent. Il y a d’autres formes de richesses qui ne sont pas les biens que Dieu dispense en abondance (1 Tm 6,17). On peut être obnubilé par la recherche de l’admiration des autres, par la recherche d’une réputation, par l’exercice du pouvoir. Quel est le bien, ou plutôt le pseudo-bien, dont la recherche m’amène à devenir dur à l’égard des autres, sans pitié, prêt à les tromper, à m’en méfier… ?

A l’opposé de l’amour qui nous attache à mort, il y a l’amour qui engendre la vie, qui suscite des liens vivants où l’autre, les autres deviennent des partenaires pour construire un monde plus juste où l’on peut vivre en paix. Cet amour commence à germer dans notre cœur quand nous nous mettons à l’écoute des commandements de Dieu, des lois de vie disait Simone Pacot, des repères qui nous aident à trouver notre juste place. Écouter la voix de Dieu au milieu de toutes les voix qui s’élèvent autour de nous n’est pas toujours simple. La Première Lettre à Timothée parle du beau combat de la foi. Il s’agit d’un acte intérieur, du choix de mettre toute sa confiance dans la Parole que Dieu nous adresse, à chacun de nous personnellement. C’est actif, un choix à refaire parfois plusieurs fois par jour. Oui, un combat pour dire à Dieu et à nous-même, parfois aussi à haute voix devant les autres : je crois. Je crois dans ce Dieu dont Jésus est le visage que nous pouvons contempler à taille humaine. Je crois dans ce Dieu si humble qu’il a parlé par la bouche d’un homme qui venait de la périphérie mais qui cependant ne craignait pas de se considérer comme son fils bien aimé. Je crois dans ce Dieu qui, en Jésus, s’est livré entre nos mains. Je crois en ce Fils de Dieu qui raconte une parabole qu’il conclut en disant que même si un homme ressuscite des morts, ce que cet homme enseignera ne convaincra que ceux qui l’auront déjà été à l’écoute de la loi de Moïse et des prophètes (Lc 16,31). La conclusion de la parabole s’est parfaitement accomplie à la résurrection de Jésus. N’ont mis leur foi en lui que ceux qui ont reconnu en lui l’accomplissement de ce qu’annonçait la foi d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, la loi de Moïse, les prophètes d’Israël. Accomplissement si puissant qu’il a traversé les siècles jusqu’à nous, mais si fragile qu’il paraît sans apparence dans le tumulte du monde.

Alors vous aussi, femmes et hommes de Dieu, fuyez ce qui vous égare loin de cette foi. Combattez le beau combat de la foi, conquérez la vie éternelle, mettez votre espérance en Dieu qui nous dispense tous les biens véritables en abondance.   

Prédication par la pasteure Martine Sarasin, le 5 octobre 2025

Prédication par la pasteure Martine Sarasin, le 5 octobre 2025

 

Luc 17 :5-10         Grandchamp 10/2025

Curieux assemblage, que cet enchaînement de prises de paroles par Jésus… Ont-elles vraiment été prononcées l’une après l’autre ??

La 1ère se veut une réponse à l’inquiétude des apôtres devant les exigences de la mission. Comment vivre un tel programme ?? On les comprend. Alors ils demandent : « augmente en nous la foi ! ». Et Jésus réplique : « la foi, si on l’a, et même si elle n’a l’air de rien, peut réaliser l’impensable : dites à cet arbre d’aller se planter dans la mer, et il le fera! » .

Puis sans transition une parabole, mettant en scène un serviteur obéissant, qui ne fait que des choses utiles, ordonnées par son maître. Ce dernier va-t-il être reconnaissant ? Jésus ne le dit pas. Mais il pose cette conclusion : « Vous, quand vous aurez fait tout ce qui vous a été ordonné, dites : nous sommes des serviteurs inutiles ».

En quoi ces paroles sont-elles « bonne nouvelle » ?? Qu’ont-elles pour rassurer, stimuler, vivifier notre service, notre mission ?

Il y a d’abord cette histoire d’arbre ; Jésus fustige-t-il simplement le manque de foi des apôtres, par un exemple extrême ? Mais tout de même, étrange exemple. Quel intérêt pour le Royaume, de réaliser cette performance ? C’est irrationnel et inutile, osons le dire…ça ne sert ni Dieu ni l’homme, sauf peut-être celui qui accomplit ce prodige. L’exemple donné ressemble plutôt une prouesse, et me paraît plutôt un contre-exemple. On n’a pas pour mission d’épater la galerie, ce n’est pas ce que Jésus demande aux siens, ni ce qu’il a recherché pour lui-même, bien au contraire.

Vu sous cet angle le serviteur, lui, par contraste, évolue dans le cadre d’une relation, qui est relation d’obéissance. Il n’agit pas de son propre chef mais il accomplit les ordres qu’il reçoit d’un maître. Toute la différence est là, d’avec le précédent. Alors penchons-nous un peu sur ce serviteur qui, je l’espère, nous représente. « Quand vous aurez fait tout ce qui vous a été ordonné, dites : nous sommes des serviteurs inutiles ». Soulignons d’entrée que ce n’est ni Dieu ni le Christ qui qualifient le serviteur ainsi. Il n’est pas dit que nous comptons pour rien aux yeux de Dieu, ni qu’un serviteur en vaut un autre, ni que Dieu peut très bien se passer de nous. Non, ce qui est écrit c’est : dites, dites vous-mêmes, à propos de vous-mêmes, que vous êtes des serviteurs, des servantes inutiles.

Ainsi, qu’est-ce que le Christ pointe ? Il soulève la question de NOTRE RESSORT INTERIEUR quand nous servons, quand nous témoignons, quand nous rendons service, quand nous suons à la tâche, quand nous accomplissons des miracles, quand nous prions…. Dans quel esprit faisons-nous les choses, dans l’obéissance même à notre Maître ? qui servons-nous ? et avec quelle intention ? Qu’est-ce qui anime l’Eglise dans l’exercice de sa mission ? et moi ? à quoi, à qui suis-je accrochée, quand je travaille, quand je prêche, quand je regarde, quand je prie… Suis-je accrochée à moi ou au Christ ? C’est tout.

On n’est pas dans la parabole des talents. Ici, « l’inutilité » ne porte pas sur le service accompli -qui lui est hautement désirable, précieux, indispensable- mais elle porte sur l’opinion que nous avons de nous-mêmes. Ayez en vous cette posture qui ne revendique rien pour soi ni n’attend de félicitations quand vous donnez votre temps, vos forces, votre amitié, vos efforts pour servir le Maître. Un enfant ne se regarde pas jouer, il joue ! De la même façon, le serviteur ne se regarde pas servir ; il est à sa tâche, rien qu’à sa tâche, sans s’évaluer lui-même. Et sa tâche, c’est d’exécuter la Parole entendue de la manière la plus ajustée possible, en gardant les yeux fixés sur son maître.

Tant qu’on a les yeux fixés sur le bien qu’on fait ou ne fait pas, tant qu’on a le souci de savoir ce qu’on vaut et d’en recevoir validation, on se préoccupe de soi, on tourne autour de soi. Qui veut sauver sa vie, la perdra ! Dietrich Bonhoeffer l’exprimait à sa façon dans ses écrits de prison: « qui suis-je ? ce gentilhomme ferme et serein, souriant et parlant comme un homme accoutumé à vaincre, ainsi que me le disent mes gardiens ? ou cet homme que moi seul connais, inquiet, malade de nostalgie, affolé comme un oiseau en cage, et cherchant mon souffle comme si on m’étranglait ?...Qui suis-je ? celui-ci aujourd’hui ? celui-là demain ? ou les deux à la fois ? Dérision que ce monologue ! Qui que je sois tu me connais, ô Dieu, et je t’appartiens ». Quelle libération !

Jésus, le Serviteur par excellence, disait de lui-même : « Je ne fais rien de moi-même, mais j’agis selon ce que le Père m’a ordonné. Je ne fais rien pour moi-même, mais pour que le Père soit glorifié. » Soli Deo gloria. Tel est le ressort profond de toute sa vie, mort comprise. Il s’est rendu volontairement obéissant, sans automatisme ni soumission servile. Il a choisi de se laisser conduire et porter par l’Esprit pour faire la volonté de son Père, qu’il (qui l’) aime. Le Fils a effacé de son programme toute prétention à se faire valoir, il s’est abandonné à l’élan venu d’en-Haut, essentiel, salutaire à savoir : exprimer, traduire, donner dans sa personne et sa vie la puissance de l’amour et de la vie divine.

Aujourd’hui dans son élévation, le Seigneur nous invite à laisser le passage à Dieu (tiens ? passage !…) comme lui l’a fait; afin que son Royaume advienne ici, par notre obéissance et notre Père sera glorifié. La valeur du vase d’argile, c’est le trésor qu’il porte… Telle est la révélation de l’évangile, que l’apôtre Paul nous enjoint de garder « dans toute sa beauté ».

Ainsi, aimons être ce simple vase que Dieu façonne. Il est bon que nous existions. « Merveille que je suis ! » s’exclame le psalmiste dans sa louange ; il se reçoit du regard de l’Autre. Tout est une question de justesse, celle d’être à sa juste place, sans se mépriser ni se complaire en soi-même. Qu’importe nos réussites et nos ratages, nous avons été saisis par le Christ et nous lui appartenons.

Pour terminer, une grâce qui découle de cette appartenance ; j’en ai trouvé l’expression en cherchant l’équivalent hébreu de l’inutile. L’un de ses très rares emplois, dans le 2ème livre de Samuel ch.6, désigne David à moitié nu qui saute et danse de toutes ses forces devant l’arche du Seigneur. Et voilà que la fille de Saül ricane devant ce comportement d’un roi et le traite de « bon à rien », littéralement d’homme « vain et inutile ». Où est l’honneur en effet, où est l’utilité de sauter et danser et chanter devant son Dieu ? Ni honneur ni prouesse il est vrai, mais gratuité… qui dévoile que la relation au Maître est de l’ordre de l’amour.

 

Et de cette gratuité naît la JOIE. La joie… parfaite.

Amen.

Retraites de Noël – Nouvel An – Épiphanie

Retraites de Noël – Nouvel An – Épiphanie

Noël
de 23 au 26 décembre

Célébrer et vivre ensemble la fête de Noël
Debut: 17h30 arrrivée dès 15h30
Fin : vers 14h
Animation: soeur Sonja

Nouvel An
de 30 décembre au 1er janvier ’26

Passages — Créé·e – Aimé·e – Appellé·e

Début: 17h, arrivée dès 15h30
Fin: vers 14h
Animation: soeur Svenja

Épiphanie
de 5 au 6 janvier ’26

Debut: 17h, arrivée dès 15h30
Fin: 21h, avec la possibilité de rester jusqu’au 7 janvier matin
Animation : soeur Miriam

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Plus d’information et inscriptions:
accueil@grandchamp.org

Prédication le 25 septembre par la pasteure Aline Lasserre

Prédication le 25 septembre par la pasteure Aline Lasserre

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Prédication Veuve de Naïn, Luc 7, 11 à 17 :  Résurrection du fils de la veuve de Naïn.

 

Mon Dieu, que lui dire à la veuve de Naïn ? Comment être proche d’elle, comment la consoler ?

Quand j’ai appris la mort de son fils unique je suis restée sans voix. Mais pourquoi elle à nouveau ? Quand je l’ai connue, elle était déjà veuve, elle élevait seule son petit garçon, son fils unique. Le drame de la mort de son mari avait ébranlé toute la bourgade de Naïn. Quand on parlait d’elle, on ne mentionnait plus jamais son prénom, on l’appelait toujours du nom de son malheur, la veuve de Naïn. Et parfois on ajoutait : « la pauvre ». Maintenant un nouveau deuil la frappait, son unique fils, celui qui avait été sa raison de vivre, était mort.

Que lui dire à la veuve de Naïn ?

Je ne peux pas lui dire que je comprends ce qu’elle vit, moi dont les deux fils sont en bonne santé. Je ne peux pas lui dire que ça va aller, moi qui n’en sais rien.

Faudrait-il lui parler de Dieu ? Mais justement que fait-il Dieu ? Pourquoi n’est-il pas intervenu ? J’ai parlé d’elle à Dieu mais à elle je n’ai rien dit. Je n’avais rien à dire. J’aurais même voulu détourner mon regard, fuir ce visage bouleversé, être au loin, ne pas savoir, ne pas voir. Fuir au loin, mais une amie ne se dérobe pas, alors je suis juste allée m’asseoir près d’elle et je lui ai pris la main et j’ai pleuré à ses côtés. Il a bien fallu se lever pour se mettre en route pour accompagner le cercueil, on était nombreux à marcher vers la porte de la ville, presque toute la bourgade.

Tout à coup notre marche bien silencieuse fut interrompue par la marche d’un autre cortège, un cortège exubérant, qui chantait et qui parlait fort. C’était indécent. C’était le cortège des disciples avec Jésus leur maître, ils le fêtaient lui, Jésus, qui venait de guérir le serviteur d’un centurion romain.

Alors j’ai pensé mais pourquoi pas son fils à elle ?

Une grande foule les suivait, tout comme nous.

Deux cortèges qui se croisent, l’un empli de tristesse et l’autre de joie. Ce n’est pas compatible et pourtant n’est-ce pas ainsi souvent dans la vie, joie et tristesse se mêlent et s’entremêlent. D’ailleurs, j’en ai fait moi-même l’expérience. Dans les jours heureux du mariage de notre fille, mon mari a perdu son frère.

Est-ce une aide de la vie pour que la joie se faufile dans la peine ? Je ne sais pas.

Est-ce le signe que la vie se fraye un chemin même dans la tristesse pour inscrire sur notre horizon une lueur de joie, comme l’enfant qui sourit alors qu’une larme coule encore sur sa joue ?  Ou serait-ce un signe que Dieu nous donne de savoir que tout n’est pas englouti dans la mort ? Je ne sais pas.

Ce que j’ai vu c’est que lorsqu’ils ont été tout près de nous, leur maître s’est approché. Lui n’a pas détourné son visage, au contraire il a longuement regardé la veuve de Naïn avec tant de douceur et de compassion que cela nous a touchés au cœur. Ses yeux étaient humides quand il lui a dit : « Ne pleure pas ».

IL n’a pas dit cela comme nous le disons parfois quand nous ne supportons plus les pleurs de l’affligé ou quand nous trouvons que le chagrin a assez duré, non il l’a dit comme si devant lui le chagrin n’avait plus de raison d’être. Comme si le temps annoncé et espéré où Dieu séchera toutes les larmes de nos yeux était arrivé, là, maintenant.

Et puis il a posé sa main sur le cercueil, en disant : « Je te l’ordonne, reviens à la Vie » Alors les porteurs se sont arrêtés net devant cette parole qui avait arrêté la mort. Le fils de la veuve de Naïn s’est assis, il a retrouvé la parole et Jésus l’a remis à sa mère.

A nouveau je suis restée sans voix et puis les mots sont revenus. Des deux foules la joie s’est répandue dans la danse et le chant.

« Un grand prophète s’est levé parmi nous, Dieu a visité son peuple « 

Oui ce jour-là nous avons vu Dieu au milieu de nous, manifester que sa Vie est plus forte que la mort, qu’il est le Dieu de toute vie qui ouvrira toujours devant nos pas un chemin de Vie, le chemin de sa Vie.

On serait bien restés là, tous ensemble dans cette joie qui nous portait et nous faisait rire et chanter.

Mais Jésus s’est remis en route et moi j’ai changé de cortège.

Je l’ai accompagné sur le chemin qui le menait à Jérusalem porter l’amour de Dieu qui relève, sauve et guérit. Et j’ai vu aussi les regards de haine qui cherchaient à le faire mourir.

Quand il est mort, je n’étais pas là, j’avais fui, comme beaucoup, emportant avec moi toutes mes questions que parfois je hurle à Dieu :

« Pourquoi lui, pourquoi tant de haine sur cette terre ? Pourquoi tant de peuples en guerre, tant d’injustices, de tortures d’innocents, d’enfants affamés, de parents mutilés ? »

J’ai appris qu’il était revenu à la vie, que Dieu avait prononcé pour son propre fils cette parole : « Je te l’ordonne, reviens à la Vie »

Jésus est revenu chercher ses disciples, comme il revient nous chercher dans nos lieux de désolation les plus profonds, pour leur porter et nous porter cette Parole de Vie plus forte que toute mort.

La mort n’a pas pu le prendre, elle a dû le rendre, parce que la Vie de Dieu est plus forte que la mort.

Cette parole de Vie que Jésus a prononcé ce jour-là à la porte de la ville de Naïn, Dieu l’a prononcée à Pâques et il la prononcera à notre mort, parce qu’il est le Dieu de toute vie.

Il est et il restera le Dieu de toute vie, même quand la mort nous frappe.

Que le regard qu’il pose maintenant sur nous, nous relève et nous console parce qu’il se tient là pour toujours à nos côtés pour nous porter sa Vie, jusque dans les lieux de la mort même.

Que cette certitude nous console, nous porte et nous fortifie. Amen

 

Grandchamp, 25 sept. 2025  AL

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Prédication Veuve de Naïn, Luc 7, 11 à 17 :  Résurrection du fils de la veuve de Naïn.

 

Mon Dieu, que lui dire à la veuve de Naïn ? Comment être proche d’elle, comment la consoler ?

Quand j’ai appris la mort de son fils unique je suis restée sans voix. Mais pourquoi elle à nouveau ? Quand je l’ai connue, elle était déjà veuve, elle élevait seule son petit garçon, son fils unique. Le drame de la mort de son mari avait ébranlé toute la bourgade de Naïn. Quand on parlait d’elle, on ne mentionnait plus jamais son prénom, on l’appelait toujours du nom de son malheur, la veuve de Naïn. Et parfois on ajoutait : « la pauvre ». Maintenant un nouveau deuil la frappait, son unique fils, celui qui avait été sa raison de vivre, était mort.

Que lui dire à la veuve de Naïn ?

Je ne peux pas lui dire que je comprends ce qu’elle vit, moi dont les deux fils sont en bonne santé. Je ne peux pas lui dire que ça va aller, moi qui n’en sais rien.

Faudrait-il lui parler de Dieu ? Mais justement que fait-il Dieu ? Pourquoi n’est-il pas intervenu ? J’ai parlé d’elle à Dieu mais à elle je n’ai rien dit. Je n’avais rien à dire. J’aurais même voulu détourner mon regard, fuir ce visage bouleversé, être au loin, ne pas savoir, ne pas voir. Fuir au loin, mais une amie ne se dérobe pas, alors je suis juste allée m’asseoir près d’elle et je lui ai pris la main et j’ai pleuré à ses côtés. Il a bien fallu se lever pour se mettre en route pour accompagner le cercueil, on était nombreux à marcher vers la porte de la ville, presque toute la bourgade.

Tout à coup notre marche bien silencieuse fut interrompue par la marche d’un autre cortège, un cortège exubérant, qui chantait et qui parlait fort. C’était indécent. C’était le cortège des disciples avec Jésus leur maître, ils le fêtaient lui, Jésus, qui venait de guérir le serviteur d’un centurion romain.

Alors j’ai pensé mais pourquoi pas son fils à elle ?

Une grande foule les suivait, tout comme nous.

Deux cortèges qui se croisent, l’un empli de tristesse et l’autre de joie. Ce n’est pas compatible et pourtant n’est-ce pas ainsi souvent dans la vie, joie et tristesse se mêlent et s’entremêlent. D’ailleurs, j’en ai fait moi-même l’expérience. Dans les jours heureux du mariage de notre fille, mon mari a perdu son frère.

Est-ce une aide de la vie pour que la joie se faufile dans la peine ? Je ne sais pas.

Est-ce le signe que la vie se fraye un chemin même dans la tristesse pour inscrire sur notre horizon une lueur de joie, comme l’enfant qui sourit alors qu’une larme coule encore sur sa joue ?  Ou serait-ce un signe que Dieu nous donne de savoir que tout n’est pas englouti dans la mort ? Je ne sais pas.

Ce que j’ai vu c’est que lorsqu’ils ont été tout près de nous, leur maître s’est approché. Lui n’a pas détourné son visage, au contraire il a longuement regardé la veuve de Naïn avec tant de douceur et de compassion que cela nous a touchés au cœur. Ses yeux étaient humides quand il lui a dit : « Ne pleure pas ».

IL n’a pas dit cela comme nous le disons parfois quand nous ne supportons plus les pleurs de l’affligé ou quand nous trouvons que le chagrin a assez duré, non il l’a dit comme si devant lui le chagrin n’avait plus de raison d’être. Comme si le temps annoncé et espéré où Dieu séchera toutes les larmes de nos yeux était arrivé, là, maintenant.

Et puis il a posé sa main sur le cercueil, en disant : « Je te l’ordonne, reviens à la Vie » Alors les porteurs se sont arrêtés net devant cette parole qui avait arrêté la mort. Le fils de la veuve de Naïn s’est assis, il a retrouvé la parole et Jésus l’a remis à sa mère.

A nouveau je suis restée sans voix et puis les mots sont revenus. Des deux foules la joie s’est répandue dans la danse et le chant.

« Un grand prophète s’est levé parmi nous, Dieu a visité son peuple « 

Oui ce jour-là nous avons vu Dieu au milieu de nous, manifester que sa Vie est plus forte que la mort, qu’il est le Dieu de toute vie qui ouvrira toujours devant nos pas un chemin de Vie, le chemin de sa Vie.

On serait bien restés là, tous ensemble dans cette joie qui nous portait et nous faisait rire et chanter.

Mais Jésus s’est remis en route et moi j’ai changé de cortège.

Je l’ai accompagné sur le chemin qui le menait à Jérusalem porter l’amour de Dieu qui relève, sauve et guérit. Et j’ai vu aussi les regards de haine qui cherchaient à le faire mourir.

Quand il est mort, je n’étais pas là, j’avais fui, comme beaucoup, emportant avec moi toutes mes questions que parfois je hurle à Dieu :

« Pourquoi lui, pourquoi tant de haine sur cette terre ? Pourquoi tant de peuples en guerre, tant d’injustices, de tortures d’innocents, d’enfants affamés, de parents mutilés ? »

J’ai appris qu’il était revenu à la vie, que Dieu avait prononcé pour son propre fils cette parole : « Je te l’ordonne, reviens à la Vie »

Jésus est revenu chercher ses disciples, comme il revient nous chercher dans nos lieux de désolation les plus profonds, pour leur porter et nous porter cette Parole de Vie plus forte que toute mort.

La mort n’a pas pu le prendre, elle a dû le rendre, parce que la Vie de Dieu est plus forte que la mort.

Cette parole de Vie que Jésus a prononcé ce jour-là à la porte de la ville de Naïn, Dieu l’a prononcée à Pâques et il la prononcera à notre mort, parce qu’il est le Dieu de toute vie.

Il est et il restera le Dieu de toute vie, même quand la mort nous frappe.

Que le regard qu’il pose maintenant sur nous, nous relève et nous console parce qu’il se tient là pour toujours à nos côtés pour nous porter sa Vie, jusque dans les lieux de la mort même.

Que cette certitude nous console, nous porte et nous fortifie. Amen

 

Grandchamp, 25 sept. 2025  AL