Homélie par le pasteur John Ebbutt pour le 16 février 2020

Homélie par le pasteur John Ebbutt pour le 16 février 2020

Genèse 9, 8-17    2 Corinthiens 11,29 – 12, 10  et Luc 8, 4-15 

Tout avait pourtant bien commencé… je m’étais concentré sur les paroles du pasteur, intéressé par son raisonnement, surpris, interpellé par ses premiers mots, captivé par son accroche. Curieux de ce qu’il allait faire des textes bibliques qui avaient été lu. J’étais vraiment attentif, je vous assure. J’avais suivi le développement de sa pensée point par point – je m’étais même dis que je n’aurai pas fait mieux moi-même ! Et puis voilà qu’au bout de quelques minutes, un mot, une idée, une pensée personnelle m’ont d’un coup fait partir d’un coup ailleurs au loin…

Et c’est comme si, à ce moment-là, j’étais resté en arrière, comme si j’avais tout à coup épuisé mon attention pour marcher sur d’autres chemins que celui du prédicateur qui avait pourtant bien préparé son affaire ! Je ne lui jette pas la pierre ! Mais quand je suis revenu au moment présent, j’ai réalisé que je n’avais pas tout suivi…

Expérience toute personnelle qui m’est arrivée récemment !

Expérience qui vous avez peut-être aussi vécue – avec d’autres collègues bien entendu – lors d’autres messages !

Parfois, c’est bien compréhensible : on se sent moins concerné. Ou alors, comme on dit : « on ne sait pas où il veut en venir », et l’on perd le fil – s’il y en avait un ! 

Distrait nous le sommes tous une fois ou l’autre… ce n’est pas bien grave, c’est moi qui vous le dis ! Mais tout cela me fait dire que peut-être comme dans la parabole du semeur, il y a aussi en nous des raisons plus profondes, des causes bien plus cachées qui font que parfois, on s’évade, on passe à côté de l’essentiel, on est pas toujours là où Dieu nous appelle à être.  

A écouter tout simplement.

Dans la parabole, on nous dit qu’il y a trois risques : les oiseaux qui viennent picorer les graines du chemin, le sol pierreux où il n’y a que peu de terre et les ronces qui étouffent tout. Trois manières de perdre ce qui nous a été donné et que Jésus va expliquer en détail. Et ce qui me frappe c’est qu’à chaque fois, ça ne dure pas longtemps. Il y a bien un commencement, mais soit tout disparaît, ou tout sèche, ou tout est étouffé avec le temps.

C’est comme avec mon écoute de prédication : on était bien parti, et puis tout à coup, comme dans le premier terrain, il y a eu un élément extérieur qui m’a fait perdre le peu que j’avais reçu. Ou alors il n’y avait pas assez de racines profondes pour durer. Ou enfin, je n’étais pas vraiment prêt à recevoir quelque chose pour ma vie : tant de ronces, tant de choses qui m’encombrent que tout s’oublie…

Chacun trouvera peut-être pour lui-même ce que peuvent représenter ces terrains. Ce qui vient se perdre, sécher ou étouffer ce qu’il peut y avoir en nous de foi, de confiance et d’espérance. Ce qui fait que souvent en soi, ça ne dure pas toujours très longtemps

Jésus nous offre, et c’est seulement pour cette parabole, une interprétation.

Le diable, l’épreuve, préoccupations, richesses et plaisir…. autant d’obstacles qui distraient notre écoute.

Personnellement je préfère lorsque Jésus nous laisse libre, libre d’interpréter, libre de creuser en chacun de ces terrains ce qu’il signifie pour sa vie.

A chacun donc d’examiner tout d’abord les duretés du chemin, là où l’on passe sans s’arrêter, là où tout est foulé, perdu, ignoré, en retrait, mis de côté.

Là où peut-être l’on est imperméable… là où se ferme notre sensibilité, nos tendresses, nos élans de compassions, là où l’on se croit à l’abri, avec ses certitudes que plus rien ne vient retourner, avec nos masques, nos habitudes où l’on marche, de long et en large, comme sur un chemin trop emprunté.

Est-ce que la parole reste extérieure, parce que trop entendue ou alors pas assez travaillée ? Jésus nous dit qu’il y a un mal en ce monde, un mal qui nous divise, nous détache, nous rend étranger à nous mêmes. Et c’est cela qui est un risque : celui de ne plus savoir qui l’on est : une terre qui a besoin pour vivre de graines vivantes. Au lieu de nourrir les oiseaux nous avons besoin d’une Parole qui nous aide à grandir à la stature du Christ. Premier terrain

Le deuxième, c’est le sol pierreux. Nos émotions passagères, nos bonnes résolutions, nos joies vraies mais qui ne nous accompagnent pas dans les difficultés, car nous avons la mémoire courte et le doute présent… et il y a tant de choses qui nous pèsent, qui sont lourdes comme des pierres de taille !

L’éphémère qui passe et ce qui est toujours là comme un obstacle : les poids du passé, nos héritages mal digérés, nos tristesses et nos deuils insurmontés, nos fatigues et nos désillusions, et peut-être secrètement nos déceptions. Ca pèse lourd oui, au final. Les pierres, elles devraient plutôt servir à monter un mur plutôt qu’à rester en plein champ. Un mur pour protéger, apprendre de nos expériences plutôt que subir. Etre libéré plutôt que supporter, souffrir, se blesser avec des cailloux tranchants. Deuxième terrain.

Le troisième avec ses plantes épineuses dit bien ce qui envahit et étouffe si on y prend pas garde. C’est le champ de la négligence, de la fidélité remise à hier, de ce qui souvent, sans qu’on y prenne garde, prend la place d’un commencement, d’une promesse, d’une fraicheur… Et voici que la foi s’émousse, qu’elle n’est plus aussi vive, habituée à de subtils compromis, à des arrangements avec nous-même, des relâchements, des paresses aussi, pourtant si agréables, qui nous font tant de bien ! 

En chacun de ces champs il y a une écoute, mais elle ne permet pas de durer vraiment, car pour cela il faudrait se laisser toucher en s’arrêtant dans un présent, pour cela il faudrait enlever tout ce qui a pu s’accumuler au fil du temps dans un passé qui nous rattrape sans cesse, pour cela il faudrait débroussailler pour un futur à germer.

Alors le quatrième champ est-il celui qui miraculeusement serait là tout donné ?

N’est-il pas plutôt le fruit d’un travail, parfois épuisant, à toujours recommencer, qu’on en a jamais fini, qu’il restera toujours une pierre oubliée, une ronce cachée, une motte qui ne s’est pas cassée.

Notre écoute est si vite distraite… et j’espère que vous me suivez toujours !

Dans notre parabole il y a la distance, ce qui nous encombre, et ce qui nous distrait.

Mais il y a aussi une belle terre, humide, grasse, retournée, une belle image qui pour moi dit d’abord ce qui est aéré, ce qui est espacé, ce qui est ouvert

Ainsi c’est aussi le vide qui est aménagé pour recevoir les graines, c’est un terrain fertile qui n’est pas encombré.

Une parabole pour notre temps parfois si saturé.

On ne peut tout vivre, tout comprendre, tout garder en soi à la fois

Pour accueillir la parole il faut forcément se débarrasser, faire place nette, jeter, trier, laisser derrière soi. Il faut savoir se défaire.

Il y a une belle expression qui dit « un cœur travaillé par la prière ». Et l’on voit bien ce cœur où la prière a pu s’implanter, mais on pourrait ajouter aussi travaillé par l’attention, le service, la foi, le silence, la méditation, le temps que cela pousse mystérieusement.

Car si les épis lèvent c’est qu’ils ont aussi traversé les jours et les nuits, parfois l’hiver si l’on a semé en automne, la pluie et le soleil comme en arc-en-ciel d’Alliance. Oui, ce n’est pas instantané. La bonne terre a pour elle le temps qui passe, parce que la parole n’est pas dérangée, concurrencée, bousculée. Elle a pour elle nos faiblesses comme le dit Paul. Ce sont nos mains ouvertes qui rendent grâce et qui s’attendent à tout.

Il y a une tranquillité qui permet à la nature de faire son travail, comme à Dieu d’agir en son temps.

Souvent on imagine que l’on peut tout avoir à la fois. Les trois premiers terrains, et que ça poussera quand même, parce que la parole de Dieu est la plus forte. Dans la parabole au contraire, on réalise qu’elle est fragile. Que le grain peut se perdre, disparaître sitôt levé, être à la merci de ce qui peut lui arriver.

Dieu dit une parole d’avenir, une parole d’espérance à l’intérieur de ma vie. Une parole qui me relie aux autres, puisqu’elle fait naître des épis chargés de grains de communion dans la joie du travail effectué. Cette parole, elle est exigeante, puisqu’elle demande tout de soi. Mais lorsqu’elle a trouvé un terrain favorable, alors je veux croire qu’elle m’apprend à prolonger mon écoute jusqu’au bout, jusqu’au plus profond de mon être pour que les racines puissent entendre un…

Amen !

Homélie par le pasteur Jean-Louis L’Eplattenier pour le 2 février 2020

Homélie par le pasteur Jean-Louis L’Eplattenier pour le 2 février 2020

Mal. 3, 1-4 – Col. 1, 9-20 – Luc 2, 22-40

La fête, d’aujourd’hui, porte trois noms : « la présentation au Temple », « la Rencontre » et « la Chandeleur ».

Fidèles à la piété juive, Joseph et Marie montent au Temple de Jérusalem pour présenter leur enfant à Dieu : ce moment essentiel est significatif où les parents se dessaisissent de leur droit de propriété sur l’enfant : ils le confient à la vie qui lui a été transmise, la sienne propre maintenant, et ils le vouent à Dieu, transmettant le relais au Maître de la vie. Ils demeurent ses parents, responsables, d’ailleurs il est dit qu’à 12 ans, au retour de Jérusalem – ses parents l’ayant retrouvé – il leur obéissait.

J’aime les mots que le pasteur Fr. Lindegaard met sur les lèvres de Jésus à ce moment-là, au milieu des docteurs :

  • « Dis-nous, petit, comment s’appellent tes parents ? »
  • « Mon Père est celui qu’on ne peut nommer, Son nom est trop grand pour une bouche. Je suis également fils de Joseph et de Marie » …… « et quand mes parents viendront, je les suivrai » !

Nous célébrons donc la Rencontre ; celle de deux couples atypiques :

Siméon : la seule chose qu’on sache de lui, c’est qu’il est un saint homme, à la relation privilégiée avec le Saint-Esprit ; à l’évidence, il est vieux.

D’Anne, on en sait davantage et surtout qu’elle est vieille et veuve, donc pauvre parmi les pauvres, n’ayant plus sa place dans la société. Elle est prophétesse, alors c’est à Dieu qu’elle offre son cœur et sa voix.

Et bien sûr, Joseph et Marie, avec Jésus ; eux aussi sont des pauvres ; ils n’ont que deux tourterelles à offrir en sacrifice.

Mais de cette fragilité, l’Esprit Saint fait une rencontre au sommet, l’étape charnière de l’histoire de Dieu avec l’humanité, dont les deux couples sont le symbole, où la grâce transfigure la loi et engendre l’ère nouvelle.

Marie confie Jésus à Siméon. On aime entendre que Jésus est accueilli par Siméon qui le reçoit, pour éviter de dire « qu’il le prend ». On n’est pas dans un lieu d’accueil où deux vieux s’attendrissent devant un nouveau-né, mais face à une parabole exprimant le corps à corps, le cœur à cœur du combat de la foi ; = ça n’a rien de sentimental. Siméon n’arrache pas Jésus à Marie qui n’est certainement pas montée au Temple en tenant Jésus au bout des doigts ; c’est un nouveau-né, il a 40 jours mais il n’est pas une plume. Alors, je préfère entendre ce que disent les mots de l’Évangile = « Siméon prend Jésus dans ses bras recourbés (terme grec). C’est un mouvement, un corps à corps charnel et vigoureux, simplement humain, et, c’est aussi de ses yeux de chair que Siméon voit, dans ses bras, « le Salut pour tous les peuples, la Lumière pour les nations, et la Gloire d’Israël ». C’est immense et ce n’est pas un rêve.

Si les yeux du cœur sont sollicités chez Siméon, pour discerner, en cet enfant, le cadeau de Vie et d’Amour que Dieu fait à l’humanité entière, et inspire sa louange, celle d’Anne et l’étonnement de Joseph et de Marie, cette louange demeure, elle aussi, très incarnée : elle s’accompagne de l’évocation de la ténèbre qui demeure active, des perturbations qu’engendre la vie de Jésus, de l’épée qui ne cesse de transpercer l’âme du monde et de l’Église.

Porter et apporter le Christ, ce n’est pas de l’histoire ancienne, c’est notre aujourd’hui de Dieu, c’est l’envoi lié à notre baptême, c’est reconnaître le visage du Christ dans celui de l’autre, c’est rendre à notre cœur son identité de temple de Dieu : « vous êtes le temple de Dieu et l’Esprit Saint habite en vous », dit Saint Paul (1 Cor. 3, 16).

Le temple de Dieu, nous qui allons être visités par l’Eucharistie, est ouvert à cette présence de Jésus : toucher, voir, sentir, goûter, être habité par l’Esprit du Père et du Fils, c’est le bonheur d’éternité auquel nous aspirons tous, dont nous avons un avant-goût, et qui fait dire à Siméon, qui a vu parce qu’il a cru, contrairement à Thomas : « laisse ton Serviteur s’en aller en paix ».

Cet évangile a été proclamé et prêché, ici, il y a un mois, peut-être aurez-vous donc entendu deux fois la même chose. Mais ce que mon collègue n’aura pas évoqué, c’est la troisième facette de cette célébration, nommée la Chandeleur !

On vit et on se réjouit aussi de symboles et de traditions populaires (et de dictons), Cette troisième fête est très prosaïque : la Chandeleur, ainsi nommée, parce qu’on portait à la main des chandelles allumées en l’honneur de la Vierge Marie pour fêter ses relevailles.

A l’origine, c’était une fête païenne de la mythologie romaine, qu’un pape du 5ème siècle a christianisée ; et, si le bonheur de la Chandeleur est de confectionner et de manger des crêpes, c’est que ces galettes, rondes et dorées, évoquent le soleil, le Soleil levant, venant en ce monde, le Christ, « Lumière pour les nations ».

Peut-être est-ce, au delà de la légèreté du symbole, un clin d’œil du Ciel nous rappelant que le Christ, Lumière du monde, ouvre notre cœur à sa Lumière, pour le rendre fécond et le réjouir, afin que, selon l’exhortation de l’apôtre, nous ayons part à l’héritage des saints dans la Lumière.

Amen

Retraite d’introduction à la prière contemplative

Retraite d’introduction à la prière contemplative

Du 13 au 16 août 2020

avec Karin Seethaler,
s.Anne-Emmanuelle et s.Pascale

Contenu de la retraite :

En notre époque marquée par une pression de temps et de rendement – tout en étant constamment occupé – l’attention aimante et un arrêt temporaire sont de précieux soutiens pour la route. Être présent dans l’ici et le maintenant rend possible de se rejoindre en profondeur, d’être attentif à soi-même et à la dimension divine de sa vie. En tant qu’êtres humains nous pouvons être là, tels que nous sommes, sans devoir accomplir quoi que ce soit.

Conformément aux étapes du cheminement que propose le p. Franz Jalics sj, nous serons introduits pas à pas dans la prière contemplative. Nous nous exercerons à une attitude d’attention aimante qui nous donne une orientation sur notre chemin vers Dieu, vers les autres et vers nous-mêmes.

Élements de la retraite :

  • Introduction à la prière contemplative
  • Plusieurs heures de méditation silencieuse en commun
  • Silence tout au long de la retraite
  • Partage en commun
  • Liens bibliques avec les méditations
  • Accompagnement lors d’entretiens personnels
  • Prière commune avec les sœurs de la communauté

 

Début : Jeudi, 13 août 2020 à 16h45 (arrivée dès 15h)

Fin : Dimanche, 16 août 2020 vers 14h

 

Frais : pour la pension   CHF 180.- à 240.- pour le cours : CHF 120.- à 180.-
Paiement en euros possible (se renseigner auprès de accueil@grandchamp.org)
Personne ne doit être retenu par des questions financières ; une déduction du prix du logement et/ou du cours est possible.

Accompagnement: Karin Seethaler*, Regensburg

s.Anne-Emmanuelle et s.Pascale, Grandchamp

Inscriptions:
Communauté de Grandchamp – accueil
Grandchamp 4
CH – 2015 Areuse

e-mail: accueil@grandchamp.org

 

* Elle est l’auteure de 2 livres:

– La force de la contemplation.
Éditions jésuites, Namur 2016

– La méditation spirituelle.
Éditions Vie Chrétienne no.595, Paris 2018

Le souffle de Dieu : un nouvel élan vers les autres

Le souffle de Dieu : un nouvel élan vers les autres

Retraite de Pentecôte

Du 29 mai au 1er juin 2020

Pasteur Félix Moser

 

La trame de chacune de nos vies est tissée par de multiples liens. Ces derniers peuvent être très forts, mais ils se distendent parfois, voire se rompent. Nos relations humaines se nouent et se dénouent, traversent des temps de reconnaissance et des temps de discorde.

Au cours de cette retraite, nous nous laisserons surprendre par le Saint-Esprit qui vient revivifier positivement nos liens avec Dieu et avec autrui. Nous parcourrons ensemble la correspondance que Saint-Paul entretient avec les Philippiens. Nous observerons comment il les stimule et les encourage à vivre dans la communion donnée par le Souffle de Dieu. Les propos de l’apôtre sont habités par la joie et la communion données par le Christ. Cette lettre vaut la peine d’être redécouverte : alors qu’il est en captivité, Saint-Paul mesure d’autant mieux le prix des liens d’amitié et d’affection.

Eléments de la retraite :

  • Messages donnés par le pasteur qui introduiront aux temps de prière, de réflexion personnelle
  • Possibilités d’entretiens personnels
  • Participation aux prières de la communauté
  • Célébration de la fête de Pentecôte

Début :  Vendredi, 29 mai 2020 à 17h30  Arrivée dès 16h

Fin : Lundi, 1er juin 2020 à ca. 14h

Accompagnement : Pasteur Félix Moser, Peseux
et une sœur de la communauté

Frais de pension :    CHF 180.- à 240.-

et une libre participation aux frais d’animation.
La question financière ne doit être un obstacle pour personne.

Inscriptions par écrit à :

Communauté de Grandchamp
Grandchamp 4 – Accueil
CH – 2015 Areuse

e-mail : accueil@grandchamp.org