Homélie par le pasteur Marc Balz, le 16 novembre 2025

Homélie par le pasteur Marc Balz, le 16 novembre 2025

 

Luc 21, 5-19

Grandchamp, 16 novembre 2025

 

5 Comme quelques-uns parlaient du temple, de son ornementation de belles pierres et d’ex-voto, Jésus dit :

6 « Ce que vous contemplez, des jours vont venir où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. »

7 Ils lui demandèrent : « Maître, quand donc cela arrivera-t-il, et quel sera le signe que cela va avoir lieu ? »

            Faux prophètes, grands signes et confiance en Dieu

8 Il dit : « Prenez garde à ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront en prenant mon nom ; ils diront : “C’est moi” et “Le moment est arrivé” ; ne les suivez pas.

9 Quand vous entendrez parler de guerres et de soulèvements, ne soyez pas effrayés. Car il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin. »

10 Alors il leur dit : « On se dressera nation contre nation et royaume contre royaume.

11 Il y aura de grands tremblements de terre et en divers endroits des pestes et des famines, des faits terrifiants venant du ciel et de grands signes               (ces signes sont de toujours)

                        persécution et confiance en Dieu

12 « Mais avant tout cela, on portera la main sur vous et on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues, on vous mettra en prison ; on vous traînera devant des rois et des gouverneurs à cause de mon nom.

13 Cela vous donnera une occasion de témoignage.

14 Mettez-vous en tête que vous n’avez pas à préparer votre défense.

15 Car, moi, je vous donnerai un langage et une sagesse que ne pourra contrarier ni contredire aucun de ceux qui seront contre vous.

16 Vous serez livrés même par vos pères et mères, par vos frères, vos parents et vos amis, et ils feront condamner à mort plusieurs d’entre vous.

17 Vous serez haïs de tous à cause de mon nom ;

18 mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu.

                                               Persévérance pour obtenir la vie

19 C’est par votre persévérance que vous gagnerez la vie.

Commençons par une histoire banale, une histoire de tous les jours. Le philosophe allemand Hartmut Rosa, dans son livre intitulé «Résonnance», raconte l’histoire d’Anna et Hanna, deux femmes qui ont presque le même nom et qui vivent la même journée[1].

Il est 7 heures du matin, Anna prend son petit déjeuner. Son mari est assis à côté d’elle, ses enfants presque adultes les rejoignent, ils lui adressent un sourire radieux, elle leur sourit en retour. Mon Dieu comme je les aime, se dit-elle. Ces moments partagés le matin avant de partir comptent pour elle plus que tout.

8h, Anna se rend à son travail. Dans le ciel, un soleil éclatant. Sa chaleur est agréable, Anna s’étire de plaisir. Elle est contente de retrouver ses collègues, à qui elle a plein de choses à raconter. Elle aime son travail.

18h, dans une salle de sport, Anna est contente de pouvoir se dépenser, elle aime le voley, qu’elle pratique comme amateure pour son côté ludique, parfois esthétique, surprenant, et combatif aussi. Qu’elle gagne ou perde, qu’importe, les autres joueurs, le jeu et l’exercice lui font du bien.

 

Et maintenant, la journée de Hannah.

7h. Hannah prend son petit déjeuner. Son mari est assis à côté d’elle, ses enfants presque adultes les rejoignent. Leur mauvaise humeur est visible, sensible, palpable. Ils se regardent d’un air maussade ou évitent de se regarder. Mon Dieu que je déteste ça, pense Hannah. Qu’est-ce que je fais avec eux ? Qu’est-ce qui me lie à ces gens, hormis le fait que je doive m’occuper d’eux ?

8h, en route vers son travail. Le soleil brille. Hannah a horreur de cette lumière vive et craint les coups de soleil. Morose, elle pense au travail qui l’attend et à ses collègues. J’en ai assez de voir toujours ces mêmes têtes d’abrutis, d’avoir toujours à supporter leur même blalbla.

18h, dans la salle de sport. Hannah se demande ce qu’elle fait là. D’accord, elle a besoin d’exercice, mais est-elle vraiment obligée de s’éreinter après toute une journée de travail ? Déjà l’odeur de la salle lui soulève le coeur. Elle manque des passes, s’énerve contre ses coéquipiers. Elle n’est pas fâchée que ça se termine.

Vous avez compris : Anna a eu une journée réussie et bonne, tandis que Hannah a eu une journée ratée, bien que leur journée ait été identique.

Anna, la première se sent ouverte, en résonance avec le monde qui lui répond et la transforme positivement.

Hannah, la seconde, se sent isolée et impuissante face au monde, sans prise sur lui. Le monde ne lui répond pas de manière satisfaisante. Tout demeure froid pour elle.

Bien loin de ces 2 femmes, le programme de vie dont parle le Christ dans notre passage n’est a priori pas très attractif, et on peine à voir comment il pourrait devenir une source de joie profonde et de vie rayonnante : destructions (même de ce qui paraît immuable, le Temple), guerres, soulèvements, catastrophes (ça, c’est pour le monde globalement). Mais aussi persécutions, emprisonnements, trahisons, haine, mort (ça, c’est pour les disciples, ou certains d’entre eux au moins). On pourrait même se demander comment Jésus a fait pour convaincre ses disciples de s’engager et de le suivre, mais aussi comment ne pas sombrer au milieu de tant d’épreuves. Hannah, au moins, a eu une journée «normale» et qui aurait pu être bonne si elle avait trouvé le chemin, mais là, c’est d’autre chose encore dont il s’agit.

J’observe que Jésus parle de la réalité, il n’esquive rien de ce qu’on traverse tous de multiples façons un jour ou l’autre, ou souvent. Il n’enjolive rien. Ça va se passer comme ça, ça se passe déjà comme ça, et vous devez l’accepter, et vous allez le traverser, le surmonter. Vous ne pouvez pas changer les choses qui arrivent, ce qui vous arrive, mais vous pouvez changer la manière de les vivre. Comment ?

Hier,Véronique, une Veilleure, a choisi de répondre à l’appel du Christ et de lui consacrer désormais sa vie, toute sa vie. Un moment intense, simple et tellement profond. Et ce choix, nombreuses et nombreux parmi nous l’ont fait, le refont parfois, ou le feront un jour.

 Vous avez peut-être gardé en mémoire le dernier verset de l’évangile que j’ai lu : «c’est par votre persévérance que vous gagnerez la vie». On sent bien qu’il y a là une clé, même si elle n’est pas évidente à saisir.

 D’abord, le mot «persévérance» est un mot que je n’aime pas trop : il rime avec effort, «vas-y, fais un effort, serre les dents s’il le faut». Le regard dur d’un «père sévère», en 2 mots, n’est pas très loin, et autant le dire, ce n’est pas très joyeux. Hannah dans sa journée gâchée, a tenté de persévérer, elle a fait pourtant tant d’efforts, et rien ne change pour elle, tout reste froid.

Alors j’ai regardé le mot «persévérance» en grec : upomonè, qui certes peut se traduire par résistance, par le fait de supporter sans fléchir, mais upomonè, persévérance, c’est ce qui caractérise celui ou celle qui ne dévie pas de son but. Et vous le savez, dévier du but, rater la cible, c’est ce qu’on appelle le péché. Loin d’être un entêtement, l’upomonè est cette détermination à surmonter les obstacles sans se perdre, en restant fidèle à soi-même et donc à Dieu, fidèle à son but. Les engagements à vie de Véronique, c’est ça !

C’est ainsi que «vous gagnerez la vie», dit Jésus. Mais vous ne la gagnerez pas de la façon qu’on gagne un concours,  (ktaomai) littéralement «vous épouserez la vie», ou même mieux, «vous épouserez votre âme» (psychè).

Persévérer, c’est donc ne pas dévier de la cible, c’est maintenir en nous ce lien vivant et vibrant avec Christ quoi qu’il arrive, quoi qu’il nous arrive, et ainsi peu à peu, et toujours plus, épouser notre âme, ne faire qu’un avec elle. Le Cantique des cantiques de la présente retraite des Veilleurs n’est pas loin.

Anna dans sa journée ordinaire et lumineuse, autant que Véronique et que tant d’autres ici et partout sur cette terre, sont engagées sur ce chemin. Par votre persévérance, vous épousez votre âme pour y rencontrer Dieu, et donc la Vie. C’est tellement beau de découvrir cela !

Le poète soufi Rûmi dit ceci (mais on trouve cela de la même manière chez Maître Eckhart ou Thérèse d’Avila et tant d’autres) :

Une douce voix se lève du fond de l’immensité

«Viens» dit-elle à l’âme.

Comment l’âme pourrait-elle résister ?

 

J’ai regardé dans mon propre coeur :

c’est là que je L’ai vu (Dieu)

Il n’est nulle part ailleurs.

(..)

Je ne sais rien d’autre que «Ô Toi», «Ô Toi qui es».

Je suis enivré par la coupe de l’Amour.[2]

 

Il a épousé son âme

Quoi qu’il arrivent

il est bienheureux.

 

Amen

[1]    H.Rosa, Résonnance, 2018, pp. 14 – 15.

[2]    Cité par Laurent Jouvet, le coeur de la spiritualité, 2021, p. 25

Homélie par le pasteur Jean-Philippe Calame, le 8 novembre 2025

Homélie par le pasteur Jean-Philippe Calame, le 8 novembre 2025

 

Mes sœurs, la tonalité de ce jour pourrait être élan, vitalité, force intérieure joyeuse.

Pourquoi ? – Parce qu’il y a 73 ans, vos premières sœurs ont fait leur profession, pour consacrer leur vie à suivre le Christ, dans une forme d’existence précise, communautaire et religieuse, ici à Grandchamp.

Or, parvenir à rassembler un désir profond dans une décision concrète donne beaucoup de force – même s’il s’agit d’un engagement à l’humilité. D’autant plus de force même, car l’humilité fait de la place pour unir l’élan d’une liberté humaine à la force d’appel venant de Dieu.

Alors, ma prière en ce jour est que chacune de vous, sœurs de Grandchamp, quelle que soit la couleur de votre aujourd’hui, vous puissiez être reliée à la vitalité et à la force joyeuse de votre décision première.

En amont de cette décision, il y a eu, pour chacune de vous, tout un chemin d’écoute, d’ouverture, un labeur intérieur qui vous a conduites à donner votre vie pour que l’Amour du Christ ressuscité soit aimé.

II

 

Chacune à votre manière, vous avez rencontré Jésus qui fait le choix de se faire pauvre pour ressaisir la vie du monde ; vous l’avez suivi dans une rencontre silencieuse jusque sur le seuil de sa Passion ; vous vous êtes laissées saisir par l’espérance invincible jaillie de sa Résurrection. En tout cela, vous avez perçu un appel plus décisif que toutes les formes de résistances à cet appel.             

En présence de Dieu qui se donne, vous avez laissé son Amour et sa vérité vous convaincre.

Ce jour de mémorial vous relie donc à la force d’une décision, à l’élan de votre liberté engagée dans un projet déterminé, comme on pose l’acte de semer le grain dans un champ, en portant en soi la vision des épis gagnant l’horizon.

Et de fait, la profession des premières sœurs a bien vite attiré d’autres sœurs. Un foyer de vies humaines était créé, pour donner un signe visible de communion. Apparaissaient les contours d’un lieu où dans le silence, sans aucun bruit de marteaux, des pierres vivantes construisaient un hameau de prière, un biotope de non-violence, un théotope d’espérance.

Ce jour mémorial des premiers engagements à vie nous invite tous à prendre la mesure de la grâce qui habite le don de soi à Dieu, qui le premier se donne. Quelle vitalité et quelle joie sont concentrées dans l’offrande de soi !

Se donner librement coïncide très profondément avec la joie et l’élan de l’enfant qui découvre qu’il peut faire un cadeau !

Et voici que l’apôtre Paul nous entraîne en tant qu’adultes à reconnaître dans le don de nous-mêmes une réalité qui appartient déjà à la résurrection !

« Présentez-vous à Dieu comme des vivants, des vivantes, revenu.e.s d’entre les morts. »

 

Pensez ici à l’icône de l’amitié du Christ. Le Ressuscité entoure de son bras les épaules de son disciple, de sa disciple. Nous accompagnant ainsi, il nous invite à avancer avec lui, car il veut lui-même nous présenter à son Père, comme des vivants revenus de la mort.

L’apôtre nous encourage : « Présentez à Dieu vos membres – tout votre être, toutes vos facultés, toutes vos possibilités- présentez-les à Dieu comme des armes au service de la justice »(Rm. 6, 13b).

La justice, c’est ici la vie du juste, Jésus-Christ. Lui, le soleil de justice qui brille à l’horizon. Et dans chaque aujourd’hui, il règne avec humilité en raison de son amour et de sa patience ; il règne avec une force créatrice de communion, qui est aussi force de résistance au mal.

Tout cela vient de Dieu, à qui nous rendons grâce. Car, dit l’apôtre, « vous avez maintenant obéi de tout votre cœur au modèle présenté par l’enseignement qui vous a été transmis. Libérés du péché, vous êtes devenus esclaves de la justice. »

Sœur Geneviève commente ainsi : « Quiconque se présente à Dieu et offre comme un don son esprit ne juge plus, ne critique plus, ne doute plus, devient humilité ;

Qui présente à Dieu et offre comme un don son cœur n’est plus avide, exigeant, insatisfait, devient amour ;

Qui présente à Dieu et offre comme un don sa volonté n’est plus personnel, autoritaire, orgueilleux, devient obéissance. Alors l’Esprit Saint peut s’emparer de tout l’être et en faire une flamme. »   Ainsi soit-il !

Prédication de la pasteure Béatrice Perregaux Allisson, le 6 novembre 2025

Prédication de la pasteure Béatrice Perregaux Allisson, le 6 novembre 2025

 

Gentiment, nous arrivons à la fin de l’année liturgique ; dans 3 semaines et demie commence le temps de l’Avent, début de la nouvelle année dans l’Eglise. C’est prévisible, c’est défini liturgiquement.

En même temps, je me demande parfois si, gentiment, nous n’arrivons pas aussi à la fin du monde :

  • des régimes totalitaires, des ingérences étrangères détruisent l’équilibre démocratique patiemment créé ; l’information vérifiée et une formation citoyenne responsable sont en danger
  • les valeurs du vivre-ensemble, la maîtrise de soi, le sens du collectif, le soutien au plus fragile ne semblent plus une évidence communément partagée
  • la pollution, la sur-exploitation des ressources, le réchauffement climatique détruit notre environnement à un point qu’on ne voit plus très bien comment l’humanité survivra

 

« La fin du monde »

ou « la fin d’un monde »

dirait l’auteur de la lettre de Pierre.

Et il ajouterait peut-être: « et alors qu’en faites-vous? »

 

La fin d’un monde : une fin annoncée, celle de ce monde qui passera, va fondre, au moment du retour du Christ. Pour lui et ses destinataires, cette fin du monde est espérée. Elle marque le moment où les cieux enflammés se dissoudront, où les éléments embrasés se fondront, et où seront créés de nouveaux cieux et une nouvelle terre.

Les théologiens estiment que la lettre dite de Pierre a été écrite au début du 2e siècle, l’arrivée espérée imminente de retour du Christ se fait attendre. La promesse de ce retour du Christ travaille les destinataires de la lettre: tardant à se réaliser, elle devient sujet des railleries et crée l’insécurité et le doute dans les premières communautés. Reviendra-t-il? Peut-on? Puis-je encore croire à cette promesse ? Leur question est celle du « quand »: c’est pour quand? Et pourquoi cette fin n’est-elle pas encore là? Comment se fait-il que le Christ ne soit pas encore revenu?

 

Pour y répondre, Pierre puise dans le premier Testament. Il veut donner sens à cette attente, à la vie, aux soucis des croyants en s’inspirant de ce qui les a portés jusqu’ici. L’incompréhension devant l’attente qui s’étire en longueur s’exprime déjà chez Ezéchiel (12, 21-25a) ou Habacuc (2,3). Pierre puise dans les psaumes: il reprend du psaume 90 l’affirmation que pour Dieu, « 1000 ans sont comme hier ». Il la reprend, la transforme et la développe pour dire que le temps de Dieu n’est pas le temps humain.

« Pour le Seigneur, 1000 ans sont comme un jour, un jour sont comme 1000 ans ». Ce n’est pas une nouvelle unité de mesure, dans le sens « il est ressuscité le 3e jour, un jour c’est comme mille ans, donc 3’000 ans, mais en fait entre vendredi et dimanche, cela fait plutôt deux fois 24 heures, donc 2’000, mais le matin tôt… ». Non, ce n’est pas une nouvelle unité de mesure, c’est une invitation à accepter que notre notion du temps est englobée dans le tout de Dieu qui la dépasse infiniment.

Fais confiance à cette promesse, et lâche prise, semble dire Pierre. Tu ne peux pas savoir, tu ne peux pas comprendre, tu ne peux pas t’y préparer. Et Pierre de renforcer cette invitation à lâcher prise en reprenant l’image du voleur: « Le jour du Seigneur viendra comme un voleur »: même si nous nous y préparerions, nous serons surprises. Et c’est une bonne nouvelle.

La dé-maîtrise, le remise en confiance à Dieu.

Plus que cela, Pierre réoriente le regard. L’enjeu n’est pas de savoir ou de comprendre comment viendra la fin du monde, encore moins quand. Pierre déplace notre besoin de savoir en nous plaçant devant Dieu dans notre dimension humaine d’ignorance et d’ouverture à sa présence.

Dans notre dimension d’humain face à une Parole, une promesse au-delà de la fin du monde: celle de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre.

Pierre réoriente ses lecteurs vers l’horizon des nouveaux cieux et d’une nouvelle terre et l’impact de cet horizon sur nous aujourd’hui, sur notre manière de vivre.

Et pour cela, Pierre dans son épître puise dans le 1er Testament une autre fin du monde, celle de Noé. Là, tout a été détruit par l’eau, maintenant tout sera détruit par le feu.

Là, Dieu a pris soin du juste – c’est l’arche qui sauve Noé et tous les siens.

Maintenant, Dieu garantit la justice qui est ce qui demeure dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre à espérer « Nous attendons selon sa promesse des cieux nouveaux et une nouvelle terre où la justice habite » (13).

En d’autres termes, deux éléments traversent le feu du dernier jour : la justice et la Parole de Dieu, sa promesse qui se réalise.

La Parole de Dieu est celle qui a créé les cieux et la terre ; elle a formé la matrice dans laquelle nous vivons. C’est la même Parole qui fonde la promesse de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre.

Cette parole est celle qui m’invite à vivre comme un ou une juste, à faire vivre la justice.

Peut-être, – si à mon tour, je m’appuie sur les textes transmis – , peut-être que ces deux éléments qui seuls demeurent (Parole de Dieu et justice) ne forment qu’un. Puisque la justice de Dieu dans le Nouveau Testament est celle qui me justifie, puisque je suis juste par la Parole de Dieu qui m’accueille.

Et si cette piste est bonne, à chaque fois que je vis et reçois la grâce, que je la donne à vivre, j’attends et je hâte la venue du jour de Dieu (12).

Nous entrons liturgiquement dans la fin d’un temps, avec l’horizon d’un nouveau cycle de l’année de l’Eglise. Ce temps qui nous mène à l’Avent entre fin et nouveau commencement, nous invite à méditer sur la fin du monde, et sur la Parousie, le retour du Christ.

Avec cette épître de Pierre, nous pouvons accueillir l’éventuelle fin du monde et nous rappeler la parole de cieux nouveaux et d’une terre nouvelle où la justice habite.

Ce texte serait alors aussi comme une invitation à apprivoiser le dernier jour, notre départ et notre arrivée dans les bras de Dieu. Je ne sais pas quand ce jour viendra, je ne sais pas comment il viendra. Je crois que j’y serai reconnue comme juste devant Dieu, non à cause de mes œuvres, mais parce que Dieu, par son fils, m’a rendu telle. Ce seront de nouveaux cieux et une terre nouvelle, tout différents de ce que je connais, mais l’essentiel y sera : sa parole qui me recrée, nouveau moi, dans le regard de Dieu.

Et de cette grâce, cette parole, je peux en être le témoin déjà aujourd’hui, sachant que c’est cela qui traverse même la fin du monde.

Amen

 

Prédication de la pasteure Aline Lasserre, le 2 novembre 2025

Prédication de la pasteure Aline Lasserre, le 2 novembre 2025

Prédication Zachée, Luc 19, 1à10 et 2 Thess 1, 11à2,2 « Vous avez cru, nous prions afin que Dieu vous trouve dignes de l’appel qu’il vous a adressé, que par sa puissance il vous donne d’accomplir tout le bien désiré et rende active votre foi ».

L’’histoire de Zachée est une belle histoire. Il y a bien sûr de nombreux critères pour définir ce qu’est une belle histoire. Nous n’en avons certainement pas tous la même définition.

Une belle histoire, est-ce une histoire qui finit bien ? Ou qui nous fait du bien ?

Ou encore une histoire qui nous émeut ? Qui nous interpelle ou nous transforme ?

Il y a de tout cela dans cet écrit de Luc. Ce qui pour moi fait la beauté particulière de cette rencontre est le fait qu’elle transforme Zachée de fond en comble.

Luc place dans son évangile la rencontre de Zachée juste après la narration de la guérison de l’aveugle de Jéricho qui suivait la question de l’homme riche, préoccupé d’obtenir la vie éternelle et qui s’en allait tout triste de ce que Jésus lui avait dit quant au partage de sa richesse.

Ce qui avait fait dire à Jésus qu’il était bien difficile à un riche de parvenir dans le Royaume de Dieu, tout en affirmant à ses disciples que ce qui était impossible aux humains ne l’était pas pour Dieu. Zachée en sera l’illustration.

Zachée désire voir qui est Jésus, Luc ne nous dit pas pour quelle raison. Ce que Luc formule pour nous, c’est le désir de Zachée qui veut voir Jésus lors de son passage. Zachée est un homme riche, percepteur d’impôts à Jéricho qui n’est pas une ville frontière, mais néanmoins une bourgade où il y a beaucoup de passage sur la route qui mène à Jérusalem. Zachée a de l’argent pour réaliser ses désirs, mais là il se heurte à la limite de sa taille, il est petit, trop petit pour avoir une chance d’apercevoir Jésus dans la foule.

Il est petit certes mais astucieux, il va se donner les moyens de satisfaire son désir.

Bravant le ridicule, il grimpe dans un arbre aux branches basses, un sycomore.

Nous ne savons donc pas ce qui a motivé ce désir de Zachée, d’où lui est venu cette idée, ni pourquoi il y tient tant. Il en est ainsi souvent dans notre vie, tout à coup, nous en avons la conviction, c’est le moment de saisir l’occasion qui se présente, alors sans hésiter nous y allons.

Mariann Budde, évêque de Washington l’indique ainsi dans la prise de décision qui l’a fait interpeller Donald Trump. Il y a en amont tout un cheminement qui conduit à la décision qui s’impose. Il y a sans doute dans la vie de Zachée quelque chose qui a préparé ce désir et l’a poussé à agir ainsi.

Je crois que Dieu désire nous rencontrer et qu’il inscrit ce désir au cœur de notre être, comme un appel.

Jésus est venu d’ailleurs pour permettre cette rencontre. Luc nous le rappellera en conclusion, Jésus est venu chercher et sauver ce qui était perdu.

C’est ainsi que Jésus fait part à Zachée de son désir de venir demeurer chez lui, là tout de suite.

C’est maintenant, parce que l’appel à saisir la vie est là, maintenant, tout près. Il y a urgence de nous ouvrir à cette présence, que parfois nous différons par manque de temps ou peut-être plus grave par manque d’écoute de ce désir que Dieu formule pourtant en notre cœur.

C’est l’invitation que Jésus ne cessait de porter aux uns et aux autres tout au long de son ministère, parce que le temps pressait, il l’avait dit aux siens, sa mort allait survenir tantôt, mais ils n’avaient pas compris. Alors inlassablement il a offert cette présence agissante et guérissante. Que veux-tu que je fasse pour toi ? demandait-il à l’aveugle dans cette même ville de Jéricho. C’est ce matin à chacun (e) de nous qu’il s’adresse, « que veux-tu que je fasse pour toi ? Quel est ton désir ? »

A Zachée en réponse à son désir simplement de le voir, Jésus se révèle comme celui qui se tient à sa porte. IL fait même bien davantage en lui offrant sa présence chez lui. Zachée accepte aussitôt et s’en trouve transformé. Jésus comble le désir de Zachée bien au-delà de ce qu’il attendait en grimpant dans un arbre, c’est cela qui comble de joie Zachée qui s’empresse d’accueillir son hôte.

Zachée est riche en biens matériels, mais cela ne fait pas forcément de lui un homme heureux. Certainement que de par sa fonction, il n’est guère apprécié, peut-être est-il plus malheureux qu’on ne le pense, à l’image des personnes qui bien qu’à l’abri de tout souci matériel ne se sentent pas comblées. Zachée est sans doute un mal-aimé, un rejeté, un pauvre au fond.

Sans doute n’imaginait-il pas que Jésus puisse s’intéresser à lui et en tous cas pas s’inviter dans sa demeure, fut-elle luxueuse.

Ce n’est pas ce qui intéresse Jésus, certains pensent même qu’il ne se rend pas compte avec qui il fraye. Mais eux le savent, eux connaissent Zachée, c’est un impur du fait de son contact avec l’argent et c’est un filou. Comment se fait-il que Jésus le choisisse lui ?

Jésus porte son regard sur Zachée, il l’a vu perché dans son arbre, au-travers des branches, il veut le rencontrer chez lui.

C’est que la rencontre avec Jésus nécessite aussi un lieu et un temps à part.

Vous le savez bien, vous, nos Sœurs, qui vous rassemblez et nous conviez à la régularité de vos offices, il y a un temps pour s’asseoir aux pieds du Seigneur et un temps pour se relever.

Jésus se fait proche de cet homme qui en est tout retourné. Il décide alors de faire de l’ordre dans ses biens. Il donnera la moitié de sa richesse aux pauvres et comme le dira délicatement Luc, s’il a fait tort à qqn, et c’est avéré, il rendra au quadruple ce qu’il a pris, selon la pratique romaine.

Le changement est conséquent, même incroyable, on aimerait bien savoir comment cela s’est passé. Jésus a-t-il dit une parole à Zachée qui l’aurait poussé au partage de sa richesse ?

Nous ne saurons rien d’autre que ce que Luc nous en fait comprendre. La présence de Jésus a été suffisante pour opérer ce changement radical.

C’est cette seule présence de Jésus qui opère cette conversion de Zachée.

La générosité de l’amour de Dieu entré dans sa maison rend heureux le cœur de Zachée et lui donne d’être généreux.

« Aujourd’hui, le salut est venu pour cette maison «  Zachée est un fils d’Abraham, Jésus fait de cet exclu un élu du peuple de Dieu.

Cela résonne à nos oreilles comme le rappel de la prédication de Jean-Baptiste : « de ces pierres, Dieu peut susciter des fils à Abraham », il n’y a pas de prédestinés au salut ou alors il s’agit de tous.

Je crois bien que c’est tout le ministère de Jésus que de venir nous offrir sa présence inconditionnelle. Alors je m’interroge, est-ce que je vis vraiment de cette présence généreuse? Est-ce que je m’en laisse réjouir ? Est-ce que je me laisse interpeller ainsi dans mon éthique, dans ma vie quotidienne ?

Qu’est-ce que cette présence du Seigneur change dans le concret de ma vie ?

Pour vous, nos Sœurs, nous le voyons bien, cela a changé l’orientation de votre vie, et je crois volontiers que cela vous est un choix à renouveler.

Pour nous autres aussi, c’est un choix régulier que de nous engager à vivre dans l’attention et l’ouverture à la présence du Seigneur en nous.

Tout à l’heure nous nous réjouirons ensemble de ton engagement Laurence dans le TOU, c’est le choix que tu as fait de vivre en communion avec les Sœurs de Grandchamp et de rejoindre cette famille spirituelle, en route ensemble dans une prière commune pour l’Unité.

C’est certainement dans nos engagements aussi que se vit et se donne à voir les fruits que la présence du Seigneur nous donne de porter.

L’apôtre le formulait en ses mots à la communauté de Thessalonique : nous prions afin que Dieu vous trouve dignes de l’appel qu’il vous a adressé, que par sa puissance il vous donne d’accomplir tout le bien désiré et rende active votre foi ».

La prière est bien nécessaire pour répondre régulièrement à l’appel que le Seigneur nous adresse et pour que nous puissions en réponse à sa présence généreuse nous montrer nous aussi généreux et qu’ainsi notre foi reste une foi active et vivante.

Oui, cette histoire de Zachée est une belle histoire.

Belle par l’espérance qu’elle nous porte aujourd’hui.

Dans la réalité, dans le contexte qui sont les nôtres aujourd’hui, le Seigneur s’approche de nous, il s’invite chez nous, il vient pour être à demeure en nous, tout cela est de l’ordre de la Grâce, signe de son amour inconditionnel.

Puissions-nous, comme Zachée, tout fragiles, tout tordus que nous sommes, puissions-nous répondre avec une joie renouvelée à cette invite :

« Chez toi, aujourd’hui, il me faut demeurer ». Notre réponse comblera ainsi le désir de Dieu.

Amen

Homélie du pasteur Serge Molla, le 1er novembre 2025, Fête de la Toussaint

Homélie du pasteur Serge Molla, le 1er novembre 2025, Fête de la Toussaint

Mt 5,1-12     Es 6, 1-8        Apc 7, 2-17

Heureux ou en marche, c’est ainsi que l’on traduit le premier mot prononcé par Jésus dans ce fameux passage de l’évangile de Matthieu. Le problème, c’est que l’adjectif heureux donne une impression statique ; il semble évoquer un état permanent, alors que l’expression en marche suggère au contraire un mouvement. Alors comment entendre ce mot qui fait refrain sur les lèvres de Jésus ? Les disciples reçoivent-ils une qualification ou une injonction dynamique ? Entendez-vous un adjectif qui évoque un bonheur offert ou une parole forte qui vous met en route ?

Tout d’abord, c’est bien à ses proches que s’adresse Jésus, à ces quelques hommes qui ont lâché leur quotidien pour le suivre et l’écouter. Mais c’est aussi à vous mes sœurs, qui avez effectué des renoncements qui sont toujours à refaire siens, non ? C’est également à vous qui êtes présents ce matin, qui ne faites pas comme tout le monde, sinon vous ne seriez pas là. Jésus s’adresse donc en premier lieu à celles et ceux qui veulent être décentrés, pour ne pas dire délivrés d’eux-mêmes.

Et à bien y regarder, elles bousculent ces paroles fortes qui toutes commencent par heureux ou en marche. Elles dérangent parce qu’elles sont loin d’inciter à un bonheur à bon marché, à disposition de tout un chacun comme les leçons autocentrées et proposées dans nombreux d’ouvrages de développement personnel. Elles vont vraiment dans un tout autre sens que celui de vous permettre d’atteindre une zone de confort.  Ces paroles creusent au contraire l’abîme qui fait du disciple quelqu’un d’à part. Mais, comprenez-moi bien, pas quelqu’un d’à part au sens de quelqu’un de meilleur, d’exceptionnel, à envier, qui aurait trouvé la recette de l’équilibre intérieur, mais d’à part, qui ne suit pas le mouvement général, ne fait pas siennes les valeurs courantes. Quelqu’un d’à part, en tout cas pas des modèles aux yeux de la société. Ce sont pourtant ceux-là que Jésus désigne, ceux qui ne jouent pas le jeu du monde.

A commencer par les pauvres de cœur, c’est-à-dire ceux qui ne revendiquent rien, qui ne comptent pas sur leurs propres forces, mais qui placent leur espérance en Dieu.

Mais aussi les doux, faibles aux yeux du monde, Il ose les déclarer heureux, en allant jusqu’à dire qu’ils auront la terre en partage, comme une manière d’affirmer que la terre appartient à ceux qui sont privés de tout droit et de tout pouvoir, ce qui à vue humaine…

Jésus poursuit en déclarant heureux ceux qui pleurent, ceux qui ploient sous la douleur de la perte, Il leur promet que le deuil ne les brisera pas, mais qu’au contraire ils porteront le deuil dans la force de celui qui lui-même les porte, ce qui à vue humaine…

De même Il ose déclarer heureux ceux qui ont faim et soif de justice, eux qui ont renoncé à leur propre justice. N’est-ce pas eux qui portent devant Dieu et à la suite du crucifié le cri de ces affamés et assoiffés mon Dieu mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ?

Heureux sont les miséricordieux, ajoute-t-il, c’est-à-dire ceux qui éprouvent dans leur chair même, dans leurs entrailles, la compassion et l’intense désir de relever l’autre, malgré tout. Dieu ne pourra que faire de même à leur égard.

De même, Il désigne comme heureux ces cœurs purs qui ne regardent que Celui qui marche devant eux et lui appartiennent sans partage, ces naïfs qui semblent détachés de tout réel horizontal.

Jésus pointe comme heureux moins ceux qui parlent de paix qu’ils ne la sèment et la bâtissent en renonçant à la violence, des mots et des actes, qu’elle soit poli-tique, sociologique, psychologique ou économique, convaincus qu’ils sont que la fin ne justifie jamais les moyens mais qu’au contraire les moyens mis en œu-vre ne font qu’annoncer la fin recher-chée.

Jésus va plus loin encore en déclarant heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, c’est-à-dire ceux que l’on jette au fond d’une geôle en espérant que tout le monde les oubliera. Il affirme heureux ceux qui sont objets de scandale et de moquerie pour un monde qui ne connaît que les mots de vengeance, de violence et de pouvoir, un monde qui sème la haine et bafoue jour après jour toute justice, où l’horreur se déploie et que les plus faibles paient au prix fort.

Alors, mes sœurs et mes frères, entendez bien : heureux sont les disciples, heureux êtes-vous à cause de moi, précise Jésus. Non pas par quelque tour de passe-passe ou miracle qui éloigneraient la violence subie, le rejet, l’horreur, ou ferait disparaître comme par enchantement le mal ou tout ce qui porte atteinte à la création ou à la vie. Non, rien de tout cela n’est écarté ni effacé. Au contraire, l’horreur, le tragique demeurent, mais tout ce mal se concentre à la croix qui tient Dieu dans ses branches, arbre croix où Dieu se tient car Il a tant aimé le monde qu’Il l’embrasse jusqu’au bout.

Aussi entendez-bien et réjouissez-vous : vous toutes, vous tous, comme chaque disciples, vous êtes appelés à être heureux, c’est-à-dire à vivre d’un bonheur qui n’a rien à voir avec ce que désigne habituellement ce vocable que l’on associe volontiers à quelque sérénité et paix. Heureux êtes-vous à cause d’un autre, de moi dit Jésus. Elle est lourde de conséquences cette affirmation de bonheur. Elle n’incite donc pas à mépriser ou rejeter le monde, mais à le porter avec le Christ, sans être abattus, à prier sans relâche, malgré tout, sans être écrasés ou aigris.

C’est pourquoi, finalement, je me réjouis de la double traduction heureux et en marche. Oui, heureux, êtes-vous, vous qui placez librement votre existence à l’écoute d’un autre. Heureux êtes-vous qui ne croyez pas ou plus aux discours qui posent la puissance et la force comme seuls moyens d’affirmation et d’identité. Heureux êtes-vous qui renoncez à l’avoir pour l’être, vite dit mais non vite fait.

Mais impossible d’imaginer que ce bonheur permet d’attendre simplement, d’opter pour la passivité, jusqu’à croire qu’un tel bonheur se satisfait du statu quo. Et c’est pourquoi l’expression en marche traduit également l’adjectif utilisé par Jésus. Oui, une marche vous attend, aussi exigeante que nécessaire pour rester à l’écoute, pour ne pas perdre pied, pour ne pas se laisser prendre par l’anxiété et la déprime au cœur du bruit et de la fureur du monde.

Vous voici tendus dans l’écoute jusqu’à découvrir que cette attention, cette écoute d’un autre, vous conduisent à l’attention de ceux que l’on ne voit pas ou plus, à l’écoute des non écoutés, à l’écoute de la création toute entière qui souffre et gémit.

Et si la lassitude guette et qu’il fallait être encouragé pour cette marche exigeante, rappelez-vous que bien des témoins du Christ, ses amis, nous précèdent, ceux que l’on désigne parfois comme saints. Ce sont ceux dont Dieu connaît les noms, inscrits au livre de vie. Ces saints qui ont tenu bon malgré tout, malgré le mal et l’injustice, malgré les menaces, la souffrance et parfois la mort. Ils ont tenu malgré tout, témoignant par leur ténacité du Dieu vivant qui essuiera toute larme des yeux, qui rassasie toute faim et étanche toute soif.

Heureuses, êtes-vous mes sœurs en Christ. Heureux, êtes-vous mes frères en Christ. Amen