Homélie pour dimanche de Pentecôte, 31 mai 2020, par le pasteur Félix Moser

Homélie pour dimanche de Pentecôte, 31 mai 2020, par le pasteur Félix Moser

Joël 3
Évangile selon Saint Jean 20, 19-23
Actes 2, 1-13

 

« Grand-Papa, arrête de me casser ma phrase ! »

La conversation avec mes petits-fils tournait autour des transports : la discussion était alimentée par l’énumération de toutes les marques connues et inimaginables de voitures, et par la multitude d’engins visibles sur un chantier. Bref, la conversation après le repas du soir languissait, marquée par des paupières qui se faisaient lourdes et entrecoupée par quelques bâillements. D’où mon envie d’interrompre l’énumération discontinue des différents engins motorisés. J’ai alors terminé une phrase à la place de mon petit-fils. D’où sa réaction : « Grand-Papa, arrête de me casser ma phrase ! ». Interruption qui a été sans nul doute une erreur, car Eliot (c’est son prénom) avait son idée et comptait bien me l’expliquer jusqu’au bout. C’était sa phrase à lui, et à personne d’autre. J’imagine qu’il nous est tous arrivé de finir ainsi la phrase d’un interlocuteur au moment où, en hésitant, il cherchait le mot juste.

En interrompant mon petit-fils j’ai réalisé une fois de plus que l’apprentissage de la langue maternelle n’est pas une mince affaire : en effet, les mots qui appartiennent à tous doivent devenir les mots de celui qui en est train de les apprendre. Autrement dit, il est nécessaire de s’approprier la langue parlée. Or, dans cet apprentissage, le fait de posséder une langue maternelle reste indispensable.

Le thème de notre retraite de Pentecôte souligne l’importance du partage, et en particulier du partage par le biais de la parole. Cette dernière n’est pas le seul véhicule pour entrer en relation, mais elle en constitue un moyen privilégié. Elle nous permet de créer du lien, d’exprimer nos émotions, nos sentiments et nos pensées pour les partager avec autrui. La langue se tient entre les personnes ; elle est au milieu des individus et des groupes qui se parlent, et il s’agit d’en apprendre l’usage et les codes pour dialoguer.

Mais quel est alors le rôle de l’Esprit Saint dans ce processus de communication ?

« La foule se rassembla et fut en plein désarroi car chacun les entendait parler sa propre langue. Déconcertés, émerveillés, ils disaient : « Tous ces gens qui parlent ne sont-ils pas des Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ? »

Le mystère de l’Esprit de Pentecôte est peut-être d’abord ici. Chacun et chacune entend l’Esprit de Dieu dans sa langue maternelle. Le grec parle même de « dialectos », autrement dit de dialecte, langue parlée par les habitants d’une même région. Ceux-ci ont beaucoup en commun.

La langue maternelle véhicule notre culture. Elle renvoie à nos racines et permet d’évoquer la ville ou le village où l’on a habité ; les coins de forêts où l’on a fait un feu ; un bord de lac ou de mer où l’on s’est promené. La force de l’Esprit de Dieu réside dans le fait qu’il vient nous rencontrer au plus profond de nous-mêmes ; dans ce que, dans notre vie intérieure, nous avons de plus précieux, dans ce qui nous a forgés et modelés.

Le mystère de Pentecôte, c’est que Dieu est venu nous parler dans notre dialecte à chacun. Il nous rejoint au creux de nous-mêmes en épousant nos histoires de vie. Pour le dire dans les mots d’Eliot : le Saint Esprit « ne vient pas casser nos phrases ». Au contraire ! Il nous laisse le temps de trouver au fond de nous le temps d’exprimer avec nos balbutiements avec nos mots une prière prononcés dans les mots de notre langue maternelle spontanée. Il nous donne aussi de trouver les mots ajustés à une vraie rencontre avec notre prochain.

Le souffle du Saint Esprit donne un élan vers les autres pour partager ce qui nous habite. Le Saint Esprit, alors nous fait prendre conscience de l’universel.

« Parthes, Mèdes, Élamites habitants de la Mésopotamie, de la Judée de la Cappadoce… » J’arrête ici. Cette liste est assez hétéroclite puisqu’elle cumule le nom de peuples, de provinces romaines, de régions géographiques, de catégories humaines, qu’elles soient ethniques ou religieuses. Il est de prime abord difficile de trouver une logique dans cette accumulation. Mais on y trouve peut-être une cohérence[1]. Cette énumération disparate est une manière pour Luc (l’auteur du livre des Actes) de montrer le répertoire complet des langues parlées au premier siècle. Cette liste montre un point essentiel : les chrétiens, quelle que soit leur origine, sont liés par ce dénominateur commun qu’est le don de l’Esprit de Dieu à tous. Cette liste de langues parlées souligne le caractère universel de l’Évangile. Les Églises sont présentes sur l’ensemble de la terre habitée, mais cette mention des différent lieux et peuples renvoie a à une réalité plus essentielle encore. Elle relève d’une unité plus forte que toutes les diversités. Cette communion réside dans la reconnaissance des merveilles de Celui qui est proclamé comme le Seigneur. Pour exprimer ce point en raccourci, nous pouvons dire la chose suivante : Si Jésus a institué la Cène, le Saint Esprit constitue l’Église sur l’ensemble de la terre habitée.

L’acte de communication est réussi.En nous donnant une identité sereine et assumée, le Saint Esprit nous dynamise pour aller, de façon renouvelée, vers les autres.

 

IL nous permet de rencontrer la diversité des personnes et des groupes enrichit l’ensemble de l’Église disséminée dans le monde. Pentecôte est donc tout autre chose que le don d’une sorte de langue uniforme mondialisée et dépersonnalisée. Nous sommes vraiment loin du « globish », cette espèce d’anglais minimal utilisé souvent et partout pour donner l’illusion qu’il y aurait une seule langue mondiale.

Mais l’histoire n’est pas terminée. Le récit rebondit une dernière fois :

« Ils étaient tous déconcertés et dans leur perplexité ils se disaient les uns aux autres : « Qu’est-ce que cela veut dire ? D’autres s’esclaffaient : ils sont plein de vin doux[2]. »

Ces derniers versets sont précieux car ils rappellent que le partage de la foi est un risque. Le dialogue chrétien ne va sans méprise et malentendu. Parfois, même le partage de l’Évangile ne va pas sans moquerie[3].

La difficulté de comprendre ce qui se passe à Pentecôte est bien réelle. En particulier, l’origine du phénomène du don de l’Esprit est impossible à exprimer. C’est dire si l’on peut faire nôtre aussi l’interrogation de ceux et celles qui assistent à l’événement : « Qu’est-ce que cela veut dire ? »

Nous sommes placés devant la question de l’interprétation du récit de la fête de ce dimanche, et de la signification du don de L’Esprit. Pour des raisons pratiques, les versions de nos bibles séparent le récit de la Pentecôte proprement dit du long discours de Pierre. Mais les deux sous-titres séparent trop fortement ce qui devrait rester lié. Le discours de Pierre explicite le rôle de l’Esprit : « Alors s’éleva la voix de Pierre : « Non, ces gens n’ont pas bu comme vous le supposez » » et il va ouvrir son discours sur l’accomplissement de la prophétie de Joël que vous avez entendue ce matin. Puis il commente en explicitant la confession de foi en Jésus Christ crucifié, ressuscité et assis à la droite de Dieu le Père. Le mystère de la Pentecôte renvoie bien au mystère de la trinité.

La situation présente est sans doute inconfortable pour beaucoup. J’aimerais pourtant conclure ainsi : peu importe la distance géographique et physique. Le Saint Esprit ouvre une vraie dynamique de communion entre nous tous et toutes. Les disciples se trouvaient réunis tous ensemble. (…) Des langues de feu (…) se posèrent (…) sur chacun d’eux. Ils furent tous remplis d’Esprit Saint. »

Amen

 

[1] Je renvoie pour un commentaire détaillé à Daniel Marguerat, Les Actes des apôtres (1-12), Genève, Labor et Fides, coll. « Commentaire du Nouveau Testament V », 20152, p. 66-81 en particulier p. 77 note 33.

[2] Actes 2, 12-13.

[3] Actes 2, 12.

Homélie par le pasteur Claude Fuchs pour jeudi 7 mai 2020

Homélie par le pasteur Claude Fuchs pour jeudi 7 mai 2020

Lorsque la vie reprendra le dessus

Jean 5. 19 – 30

Ce matin, nous avons entendu comment Jésus avait guéri ce paralytique qui, depuis 38 ans, avait attendu sa guérison au bord de la piscine de Bethesda. Maintenant il s’agissait pour celui-ci d’apprendre à vivre, à vivre tout autrement, à vivre pleinement. Pour nous, ce n’est que durant quelques semaines que le virus a presque paralysé notre vie. Enfin nous voyons la vie normale réapparaître à l’horizon. D’ici peu, nous allons nous-aussi reprendre la vie après ce temps de paralysie au goût de mort : nous-mêmes, notre pays, notre monde.

Mais quelle vie  allons-nous reprendre ? Cette vie haletante qui se croyait obligée d’augmenter de trimestre en trimestre notre produit national brut et de courir après encore plus de consommation ? Cette vie qui conduisait notre monde à encore plus de réchauffement climatique et tant d’hommes et de femmes au burnout ou à l’infarctus ? C’est sans doute ce que bon nombre prennent comme allant de soi. Mais est-ce bien ce dont notre monde a vraiment besoin ? Est-ce vraiment la vie que nous désirons pour nous-mêmes et pour les générations à venir ? L’arrêt forcé que nous venons de vivre a montré que des alternatives sont possibles et peut-être même souhaitables : La pollution de l’air a diminué ; nous avons fait d’importantes économies en énergie ; la vie dans les familles s’est intensifiée. Quelle vie voulons-nous à l’avenir? Nous avons maintenant pour le moins l’occasion de nous poser la question ?

Jésus, en tous cas, nous montre une autre manière de vivre, celle dont il vit lui-même : « En vérité, en vérité je vous le dis : Le Fils ne peut rien faire de lui-même, mais seulement ce qu’il voit faire au Père ; car ce que fait le Père, le Fils le fait pareillement. » En d’autres termes : Jésus n’en fait pas à sa tête. Il modèle sa vie sur celle de son Père. Car il sait : Vivre en harmonie avec Dieu, c’est vivre vraiment, c’est avoir ce que l’évangile de Jean appelle « la vie éternelle ». Dieu, en effet, est le Dieu de la vie. Il possède la vie et il donne la vie, une vie qui ne se termine pas dans la mort, mais qui est plus forte que la mort. « Comme le Père a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné au Fils de posséder la vie en lui-même. » Aussi Jésus peut-il nous promettre, en le soulignant d’un « En vérité, en vérité, je vous le dis… » : « Celui qui écoute ma parole et croit en celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle. » Alors, avant de nous remettre à la normalité, écoutons Jésus-Christ ; faisons confiance à Celui qui l’a envoyé pour nous apprendre à vivre vraiment et suivons son commandement d’amour et l’exemple de sa vie donnée au service du Père et de l’humanité.

Que nous faudra-t-il changer dans notre société et dans notre vie individuelle pour optimiser notre qualité de vie plutôt que notre seul rendement ? A quels aspects de notre vie allons-nous consacrer plus de ressources en temps et en argent et lesquels pourront-ils se contenter d’une moindre priorité que jusqu’à présent ? A chacune, à chacun d’y réfléchir pour sa part, et à nous tous d’en discuter pour décider de l’orientation future de notre société. Ainsi l’arrêt forcé de ces dernières semaines deviendra-t-il un temps de retraite et de révision de vie.

Quelle sera la valeur des réponses que nous allons apporter à toutes ses questions ? C’est encore au Fils, nous dit Jean, que le Père a confié le soin d’en juger. Ma vie et notre société auront-elles contribué ainsi à réaliser le dessein d’amour de Dieu pour sa création et pour chacune de ses créatures ? Ou n’auront-elles été que des bulles de savon miroitantes et prometteuses, mais vides et sans avenir en réalité ? Car les uns ressusciteront « pour la résurrection qui mène à la vie » et d’autres « pour la résurrection qui mène au jugement ». Certaines vies contribueront et participeront à un avenir durable, d’autres n’auront été qu’inutiles et absurdes. C’est Christ qui en jugera. « Moi, je ne puis rien faire de moi-même » précise-t-il encore une fois. «Je juge selon ce que j’entends et mon jugement est juste parce que je ne cherche pas ma propre volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé.» C’est la raison pour laquelle, il nous est permis d’espérer, aujourd’hui encore, aujourd’hui même plus que jamais.
Amen.

Homélie par le pasteur Jean-Louis L’Eplattenier pour Dimanche 3 mai 2020

Homélie par le pasteur Jean-Louis L’Eplattenier pour Dimanche 3 mai 2020

Ev. selon St. Jean 10, 1-10 

         L’actualité est à la porte verrouillée ; « Restez chez vous »…… C’est, en ce moment, la parole de vie. Et, en même temps, Jésus nous dit : « Je suis la porte, si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé, il entrera et il sortira et il trouvera des pâturages ».

         L’Évangile, aujourd’hui, n’est pas un appel à la désobéissance : Dieu ne fait rien sans nous et Il compte avec notre sagesse et notre sens de la responsabilité pour demeurer vigilants face à la pandémie, cette voleuse de vie, insidieuse, elle escalade les murs et passe les portes fermées ! Jésus nous parle de la Vie en abondance qui ne connaît pas les confinements, parce qu’Il en est la porte.

         Nous venons de vivre Pâques, le passage, précisément, de la mort à la Vie, la levée du confinement infernal de la mort. Jésus, porte du Ciel dans l’ordinaire de notre quotidien, marche devant, pour le suivre, nous sommes donc appelés à regarder en avant ; Lumière sur le chemin, le Christ nous devance et demeure donc aussi une présence d’Espérance sur un chemin dont Il dit qu’Il est, Lui, Le chemin, conduisant vers le Père.

         La Vie de Jésus n’est pas cloisonnée en rôles et programmes : Il est, à la fois, la porte, le chemin, et, le beau, le bon berger qui donne sa Vie afin que soit heureuse, du bonheur des Béatitudes, celle de ses brebis.

         En ce temps pascal si particulier, face aux emprises séductrices des pouvoirs qui se disputent la place, sur le chemin du bien-être, face à la dislocation du tissu social et économique, au milieu de toutes ces atteintes à la dignité de l’humanité, escaladant par effractions les murs de la bergerie, il est bon de s’entendre dire, qu’il y a une porte ouverte pour la Vie, la Liberté, la Vérité, où se vit une intimité entre le berger et ses brebis qu’Il connaît : Il les appelle par leur nom, reconnaissant l’identité de chacune, et, elles passent par Lui, elles le »traversent », comme on passe une porte. Cette intimité est particulièrement sensible, jusque dans le détail, dans le psaume du « Bon Berger » (ps. 23), « Le Seigneur est mon berger ! »

         Toute la prière est à la première personne, et, quand nous le faisons nôtre, nous sommes bien obligés de nous identifier à cet « enfant unique » – aux yeux du berger – : « l’Éternel est mon berger «  … « Il me mène »… « Il me conduit » … « Il oint ma tête » … « tu es avec moi » …

 

Cette intimité est à vivre avec l’humanité, et pas en petits troupeaux confinés. Le berger a encore « d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie » et le souffle de l’Esprit élargit l’espace de notre tente à la dimension du cœur du Berger.

         Les brebis entendent la voix du berger et elles le suivent parce qu’elles connaissent sa voix : l’oreille intérieure, les yeux du cœur, ces antennes donnant accès à la Vie en abondance = promise pour l’au-delà, en gage dans notre quotidien. Les yeux du cœur discernent les traces de la présence de Dieu sur le chemin ; l’oreille intérieure entend et écoute. Les brebis entendent et écoutent = on reconnaît toujours la voix de qui on aime, c’est être sur la même longueur d’onde.

         Entendre, c’est le son de la voix, écouter, c’est le contenu du message ; les brebis entendent et écoutent, c’est leur radar, et la voix du berger leur parle au cœur : c’est la vie en abondance, sans confinement, = Pâques est passé par là.

Amen.

Homélie par le pasteur Pierre-Yves Brandt pour Dimanche 26 avril 2020

Homélie par le pasteur Pierre-Yves Brandt pour Dimanche 26 avril 2020

« C’était la troisième fois que Jésus se manifesta à ses disciples depuis qu’il s’était relevéC'est le Seigneur d’entre les morts. » (Jn 21,14)

Chères sœurs, chers frères,

Le passage d’évangile que nous venons d’entendre raconte comment Jésus ressuscité apparut à ses disciples au bord de la mer de Tibériade. Ce récit rapporte que les disciples ne le reconnaissent pas tout de suite. D’après ce qu’en disent les Evangiles, les disciples qui se trouvent au bord de la mer de Tibériade ne sont pas les seuls à ne pas reconnaître Jésus lorsqu’il se manifeste après sa résurrection. Marie-Madeleine, la première personne à avoir vu Jésus ressuscité, avait elle-même commencé par le prendre pour le jardinier (Jn 20,14-18). Et les disciples d’Emmaüs avaient cheminé un long moment avec Jésus ressuscité avant de le reconnaître au moment où il avait rompu le pain (Lc 24).

Dans un cas comme dans l’autre, cela pouvait s’expliquer par le fait que c’était une première expérience : Marie-Madeleine ou les disciples d’Emmaüs ne s’attendaient pas à voir Jésus ressuscité parce que la résurrection ne faisait pas partie de ce qu’ils pensaient pouvoir expérimenter. C’était une première expérience, toute nouvelle pour eux.

Au contraire, les sept disciples qui sont au bord de la mer ce matin-là ne se trouvent pas en présence du Ressuscité pour la première fois. Pour certains, c’est la deuxième ou même la troisième fois que Jésus se manifeste à eux après sa résurrection. C’est du moins ce que nous pouvons déduire grâce à la mention dans le texte des noms de cinq des sept disciples qui sont au bord de la mer de Tibériade : Simon-Pierre, Thomas, Nathanaël et les fils de Zébédée . Selon l’Evangile de Jean, quatre d’entre eux avaient déjà vu Jésus le soir même de sa résurrection : ce sont Simon-Pierre, Nathanaël et Jacques et Jean, les fils de Zébédée (Jn 20,19-25). L’évangéliste raconte aussi que Thomas, l’un des Douze, n’était pas avec eux lors de la première apparition de Jésus mais qu’il était avec eux une semaine plus tard lors de la deuxième apparition. On peut donc en conclure que les quatre disciples mentionnés ont vu une deuxième fois Jésus ressuscité lorsque Jésus a proposé à Thomas qui doutait d’avancer son doigt dans ses mains percées et sa main dans son côté transpercé (Jn 20,24-29). C’est pourquoi le récit lu aujourd’hui peut préciser que ce qu’il raconte constitue la troisième apparition de Jésus à ses disciples, apparition dont furent donc témoins sept disciples, dont cinq font assurément partie des Douze, y compris Thomas. Ce qui frappe, donc, c’est que malgré ces expériences antérieures, les disciples ne reconnaissent pas tout de suite Jésus.

Autrement dit, on peut avoir rencontré Jésus ressuscité et ne pas le reconnaître lorsqu’il se manifeste à nouveau. Cela a de quoi surprendre. On pourrait en effet penser que la rencontre de Jésus ressuscité a tellement bouleversé la vie de ceux qui en avaient fait l’expérience que plus rien ne pouvait ensuite être pour eux comme avant.

Or, le récit de l’apparition de Jésus au bord de la mer de Tibériade ne nous raconte pas cela. Ce récit rapporte une manifestation du Ressuscité qui se situe quelques temps après le jour de Pâques où Marie-Madeleine, Pierre et le disciple que Jésus aimait avaient trouvé le tombeau vide par. C’est donc aussi quelques temps après l’apparition du Ressuscité à Marie-Madeleine puis sa double apparition, à une semaine d’intervalle, à ses disciples à Jérusalem.

Depuis ces événements, Pierre et six autres disciples, dont le disciple que Jésus aimait, sont retournés en Galilée. Le récit raconte qu’ils ont repris l’activité de pêche qui était l’occupation professionnelle de plusieurs d’entre eux avant qu’ils ne se mettent à suivre Jésus. Ils ont repris la vie d’avant. Pour un observateur extérieur, par exemple ceux habitaient Tibériade et qui connaissaient les disciples depuis longtemps, rien de permet de deviner que ces hommes qui ont repris leur activité de pêche ont vécu des événements aussi bouleversants que ceux du jour de Pâques et de la semaine qui a suivi.

Surtout que, pour ces hommes qui ont repris leur activité de pêche, pêcher n’est pas plus facile qu’avant. Le récit raconte que les disciples font l’expérience d’un échec : ils ne prennent aucun poisson. Et si l’on en croit l’évangéliste Luc, ce n’est pas la première fois : Pierre et ses compagnons étaient déjà rentrés complètement bredouille d’une pêche nocturne. C’était au moment où Jésus les avait appelés à le suivre, au début de sa prédication publique (Lc 5).

Le récit lu aujourd’hui raconte donc que les disciples se retrouvent à revivre après sa résurrection de Jésus des expériences aussi pénibles et cuisantes qu’avant d’avoir rencontré Jésus. Ils ont rencontré Jésus ressuscité et ils se retrouvent dans les mêmes difficultés qu’au départ de leur vie à sa suite. Au point qu’ils n’ont même pas quelques poissons à vendre ou à donner à un passant qui leur en demande. Voilà qui n’est pas facile à vivre quand on est un professionnel de la pêche.

Pâques a changé la face du monde, déclarera Pierre dans son discours aux Israélites venus à Jérusalem le jour de la Pentecôte. La mort a été définitivement vaincue. Mais voici que la vie quotidienne semble continuer d’être aussi frustrante, aussi âpre et peu gratifiante qu’avant. Et cette situation n’est pas due à un manque de foi des disciples, ou à une erreur de leur part. C’est simplement la réalité de tous les jours qui continue de comporter des difficultés, qui reste le lieu d’un combat. On pourrait même dire qu’elle reste le lieu des mêmes combats que ceux qu’il fallait affronter avant la venue de Jésus. Parce que la résurrection de Jésus ne change pas l’état du monde, mais change ce qu’on peut y vivre lorsque l’on s’appuie sur la parole du Ressuscité. Ce n’est pas parce que Jésus est ressuscité que la réalité quotidienne dans laquelle vivent ceux qui croient en sa résurrection s’ajusterait soudain comme par magie à leurs désirs. Cette réalité reste traversée par ses propres mouvements qui ne s’harmonisent pas forcément bien entre eux.

Pour ceux qui suivent Jésus et on foi en sa résurrection, la question est dès lors la suivante : lorsque la réalité dans laquelle nous vivons ne se plie pas à nos désirs, allons-nous le vivre comme une malédiction qui nous écrase ou allons-nous chercher comment faire alliance avec cette réalité qui résiste ?

La bonne nouvelle de Pâques, c’est que pour Dieu, quels que soient les échecs momentanés, rien n’est jamais définitivement perdu, hostile, disjoint. Pâques, c’est la bonne nouvelle que l’amour est plus fort que la mort. Et l’amour se manifeste entre autres par la patience et la persévérance, par la confiance qu’un chemin peut s’ouvrir.

Les disciples ont vécu la joie de Pâques et ils se retrouvent ensuite dans une situation tout aussi difficile qu’avant. Mais ils ne sont pas désespérés. Ils sont prêts à relancer les filets quand l’inconnu qui leur parle depuis le rivage le leur propose. Le récit dit qu’ils le font sans discuter, contrairement à ce qui avait été le cas de la part de Simon Pierre dans le récit situé au début de l’Evangile de Luc (Lc 5,5). Il y a une deuxième différence entre le récit rapporté au début de l’Evangile de Luc et le récit lu ce matin : lors de la première expérience de pêche surabondante, l’évangliste Luc avait rapporté que les filets s’étaient déchirés en raison de la grande quantité de poissons capturés (Lc 5,6) ; cette fois, au contraire, l’évangéliste Jean prend bien soin de souligner que les filets ne se déchirent pas (Jn 21,11). Ces petites différences entre les deux récits peuvent paraître insignifiantes. Elles soulignent pourtant un changement profond d’attitude qui se marque aussi dans la manière de réagir des disciples après qu’ils comprennent que celui qui les a renvoyés pêcher est le Seigneur. Dans le récit rapporté au début de l’Evangile de Luc, les disciples étaient pleins d’effroi et Simon Pierre s’était jeté aux pieds de Jésus en confessant son péché (Lc 5,8). Dans le texte lu aujourd’hui, au contraire, les disciples n’ont pas peur et Pierre n’a pas besoin de confesser son péché. Il se jette simplement à l’eau, dans le seul élan de celui qui est heureux de retrouver son Seigneur, qui est aussi son ami. Quelle transformation !

Pour nous aussi, accueillir avec foi la bonne nouvelle de Pâques est le sujet d’une grande joie. Cela ne simplifie pas forcément notre réalité quotidienne, avec ses difficultés, ses combats. La situation actuelle de semi-confinement a de quoi atteindre notre moral et elle nous rend peut-être la vie particulièrement rude. Il pourrait y avoir de quoi se décourager. Accueillir la bonne nouvelle de la résurrection de Jésus, qui scelle la réconciliation définitive de Dieu avec nous, entraîne dans une autre dynamique : celle de la confiance et du courage. Le Seigneur est fidèle. Il prend soin de nous. Il ne transforme pas la réalité pour nous la rendre facile à vivre, mais il nous invite à ne pas désespérer et à apprendre de lui à la regarder autrement, avec un regard plein d’espérance. Il nous invite à ne pas baisser les bras mais à persévérer dans la confiance en Lui jusqu’au moment où nous faisons l’expérience que des chemins inattendus s’ouvrent au matin, après une nuit de combat. Ecoutons-le et fions-nous en Lui !

Homélie par le pasteur Pierre-André Pouly pour Dimanche 19 avril 2020

Homélie par le pasteur Pierre-André Pouly pour Dimanche 19 avril 2020

En contemplant les œuvres d’art parfois sublimes représentant cette scène de l’évangile, on peut trouver étrange leur insistance à mettre en évidence ce qui justement ne fait pas partie du texte : le geste concret de toucher ! Cette insistance a fait de cet élément le point décisif du récit, soit comme preuve de la résurrection corporelle de Jésus, soit comme prétexte pour blâmer la prétendue incrédulité de Thomas. Deux alternatives qui ne me satisfont guère.

Autre constatation décevante : Pensant s’appuyer sur un bon sens à toute épreuve, combien de fois ai-je entendu dire : « Moi, je suis comme Thomas : j’attends de voir pour croire ! » Or, il s’agit bien souvent d’une manière commode de justifier une incrédulité de principe, focalisant là aussi l’attention sur la vérification « de visu ».

La question pertinente à se poser est donc de savoir si, lors de sa rencontre avec le Ressuscité, Thomas est simplement confirmé dans un système de croyance donnant la priorité à la preuve visuelle, ou si ce principe du « voir pour croire » n’est pas au contraire mis en crise ? Dans ce cas, le sens de ce récit serait de placer dans une perspective nouvelle le lien entre voir et croire. En songeant à d’autres interlocuteurs de Jésus dans l’évangile de Jean, on réalise que Thomas ne serait pas le premier à être ainsi bousculé dans son système de croyance.

Avant lui, Nicodème pensait s’appuyer sur un bon sens à toute épreuve en affirmant qu’on ne saurait retourner dans le ventre de sa mère pour naître une seconde fois. Il va se trouver perplexe à l’écoute de Jésus l’invitant à « naître de nouveau » (Jn 3, 3).

La femme samaritaine au puit de Jacob sait, elle aussi, de façon certaine (en plus de tout ce qu’elle sait au sujet du messie et des lieux où il convient ou non d’adorer Dieu) que son interlocuteur ne saurait lui offrir de l’eau alors qu’il n’a pas même de quoi puiser et que le puit est profond (Jn 4, 11).

Enfin Marthe, elle aussi, alors que son frère Lazare vient de mourir, voit sa croyance en la résurrection à la fin des temps remise en question au profit de la relation immédiate avec celui qui lui parle et se présente à elle comme « la Résurrection et la Vie » (Jn 11, 25).

Pour Thomas, les mots de Jésus (v. 27) revêtent une importance décisive : « Cesse d’être incrédule et deviens un homme de foi ! » Le dynamisme de ce « deviens » (ginou) invite à passer d’un mode de connaissance à un autre, fondé non plus sur la conviction que chacun peut se forger au moyen d’éléments ayant à ses propres yeux valeur de preuves, mais fondé sur l’écoute et l’accueil d’une parole reçue d’un autre. Avec pour fruit la joie profonde d’un décentrement de soi dans l’écoute d’un autre. Une vie nouvelle commence avec l’écoute !

En se laissant voir et toucher, Jésus ne cherche pas à apporter la preuve qu’un mort peut revenir à la vie. En se présentant à ses disciples et en se faisant reconnaître d’eux, c’est la relation établie avec chacun d’entre eux qu’il ressuscite. L’enjeu des apparitions du Ressuscité n’est pas de consacrer une sécurité rationnelle nourrie de preuves matérielles mais d’attester d’une victoire de la relation qui intègre désormais le pire, la réalité de la mort et de la séparation.

Si l’on me présente quelqu’un dont on m’a montré auparavant une photographie, je suis en mesure de vérifier qu’il s’agit bien de la même personne. Je vais lui dire par exemple : « Ah ! je vois que vous êtes bien Monsieur untel ». Thomas, lui, s’écrie : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ». Ce cri n’a pas pour source le résultat d’une simple vérification d’identité. Les mots de Thomas jaillissent du cœur brûlant de la relation au Maître et Seigneur qu’il a choisi de suivre. C’est la lumière de la relation, ressuscitée par la parole et son écoute, qui ouvre à Thomas l’accès à un « voir » radicalement nouveau. « Dans ta lumière, nous voyons la lumière » dit le psaume (36,10).

Avant sa mort, Jésus avait déjà dit à Thomas : « Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. Dès à présent, vous le connaissez et vous l’avez vu » (Jn 14,7). « Celui qui m’a vu a vu le Père » ajoute Jésus à l’intention de Philippe (Jn 14,9). C’est à ce « voir » là que Thomas a la joie d’accéder en réponse à l’invitation de Jésus.

Ainsi, la nouvelle de la résurrection ne se transmet pas seulement dans la vision du tombeau vide mais aussi dans la vision du Ressuscité en personne. « En voyant le Seigneur, les disciples furent tout à la joie » (20, 20). « Nous avons vu le Seigneur », disent-ils à Thomas (20, 25).

Qu’est-ce que voir ? L’évangile invite à lier cette question à celle de la foi. Nous assistons alors à un véritable retournement : il ne s’agit plus de voir pour croire, mais au contraire de croire pour être en mesure de voir en Jésus ressuscité l’envoyé de Dieu en qui nous est offerte une relation dont rien, pas même la mort, ne peut nous priver. Or, dans ce récit (comme ce fut déjà le cas pour Marie de Magdala devant le tombeau vide), entre le voir et le croire, il y a la place pour une parole à écouter et à laquelle répondre par la foi. « Cesse d’être incrédule et deviens un homme de foi ! »

La vision seule ne suffit pas. Paradoxalement, l’écoute, oui ! Et il faut ajouter : avec l’aide du Saint Esprit. On est là au fondement même de la béatitude (v. 29) proclamant heureux ceux qui, sans avoir été parmi les témoins visuels, deviennent croyants grâce à la parole des témoins, à la parole de l’Evangile. Les deux participes présents (littéralement : « n’ayant pas vu mais croyant ») évoquent une attitude de foi s’inscrivant dans la durée.

Bienheureux désormais ceux et celles qui peuvent dire à Jésus « mon Seigneur et mon Dieu » dans une relation ne s’appuyant plus sur le contact visuel mais en se laissant conduire par l’Esprit Saint « vers la vérité tout entière » (Jn 16, 13), comme l’avait annoncé Jésus dans ses discours d’adieu. Dans la chronologie de l’évangile de Jean, cette béatitude vient après le don du Saint Esprit (20, 22) et accomplit les paroles de Jésus à son sujet.

Dans cette perspective, l’apôtre Paul tire les conséquences de ce nouveau mode de connaissance en l’appliquant à toute relation dans le Christ : « Ainsi, nous, dès maintenant, nous ne connaissons personne selon la chair ; même si nous avons connu le Christ selon la chair, maintenant nous ne le connaissons plus de cette manière » (II Cor 5,16).

Thomas, a écouté et, ce faisant, il a vu avec les yeux de la foi. Son expérience nous précède et ouvre une ère nouvelle. Il nous ouvre un temps dédié à l’écoute de l’Evangile comme une parole qui, dans l’Esprit, s’adresse à nous pour nous inviter à devenir croyants.

C’est avec cette ouverture que se termine l’Evangile (avant l’appendice du chap. 21) : « Ces signes ont été rapportés dans ce livre pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour que, en croyant, vous ayez la vie en son nom » (20, 31).

Aujourd’hui, alors que nous sommes abreuvés de toutes parts d’images dont la fiabilité s’avère de plus en plus incertaine, ce récit invite à nous garder de dissocier la vision de l’écoute et de la relation qu’elle permet, aussi bien avec le Christ qu’avec notre prochain. Ce récit nous invite ainsi à choisir et à cultiver le fondement d’une vision dont le discernement et l’amour constituent un témoignage urgent à apporter pour notre temps.

Amen.

 

Homélie par le pasteur Nicolas Charrière pour jeudi 16 avril 2020

Homélie par le pasteur Nicolas Charrière pour jeudi 16 avril 2020

Jean 20, 11-18

Il est impressionnant que la Résurrection chez Jean soit racontée en prenant autant en compte ce qu’est une vie humaine. Qu’il faille raconter la Vie nouvelle et la mort vaincue en parlant de larmes, de questions, de retournements, d’interpellations, de tâtonnements, de tendresse…

Devant le tombeau de Pâques, il y a place pour nos larmes, toutes les larmes humaines, et leur cortège de questions: nos « on me l’a enlevé », « je l’ai perdu », nos « je ne sais pas… ». Les larmes qui, avec Marie de Magdala, disent nos attachements, ce qui compte pour nous, ce qui fait mal parce que la perte, l’impuissance, la souffrance… Les larmes qui sont les nôtres et sont le signe de notre profonde et belle humanité.

Devant le tombeau de Pâques, il y a aussi ces anges capables d’accueillir les larmes et d’en être touchés. Capables de poser la question: « Pourquoi pleures-tu? » D’entrer en relation, loin de l’indifférence, pour faire de la place à celui ou celle qui souffre et lui donner la parole. Pour qu’il, elle, puisse mettre en récit ce qui lui arrive, nommer. Des anges, messagers de Dieu, que nous pouvons devenir à notre tour lorsque nous prenons le temps d’être avec celle ou celui qui pleure. Une entrée en relation qui est signe de notre profonde et belle humanité.

Devant le tombeau de Pâques, il y a aussi ces retournements de vie qui nous font tourner le dos à l’espace de la mort qu’est le tombeau pour chercher comment continuer de vivre malgré tout.

Ce premier retournement qui nous fait passer d’une vision du monde à une autre, lorsque tout à coup, grâce à une présence, nous sortons de la noirceur pour entrevoir la lumière. Et cet autre retournement qui nous rappelle qui nous sommes, qui nous redonne une identité d’êtres uniques et aimés. « Marie ». Chacun, chacune de nous, chacun des humains. Appelé-e par notre nom. Cette capacité d’évoluer, de changer, de grandir qui est signe de notre profonde et belle humanité.

Devant le tombeau de Pâques, il y a ces étonnements qui font que tout à coup ou peu à peu, au gré du dévoilement de la présence du Christ, notre monde intérieur et extérieur prend une autre couleur, un autre sens. Comme Marie, je redeviens quelqu’un, un vivant. Comme pour Marie, celui qui était mort devient celui qui est vivant, et que je peux appeler par le nom que je lui donnais lorsqu’il cheminait avec moi: « Rabbouni »… Cette capacité d’étonnement et de découverte qui est signe de notre profonde et belle humanité.

Marie, comme nous, devra encore prendre la mesure du changement que ce passage aura provoqué: Jésus n’est plus le maître terrestre qu’elle a connu. Mais elle découvrira par lui que désormais, Dieu devient son Dieu à elle, comme il est le Dieu de Jésus, et que cette relation personnelle dit un engagement et un amour qui sont uniques.

Au tombeau de Pâques se récapitule notre humanité devant Dieu. Et ces différents passages, qui reviennent toujours à nouveau, différemment, brassés dans nos existences, non pas dans une progression linéaire, mais assortis d’une promesse: tu es semblable à Marie de Magdala. Tu es dans la présence du Vivant.

Avec tes retournements qui sont autant de manières de voir autrement le monde, ta vie, Dieu, au gré des rencontres et des événements.

Avec tes larmes qui sont les marques de ce qui compte pour toi.

Avec les présences qui te sont données, comme autant d’anges qui sont passerelles pour retrouver la présence du Christ qui ne t’a jamais quitté.

Avec tes questions et les paroles que tu reçois.

Avec cet appel à vivre malgré le mal et la mort, à vivre avec Dieu. Et que ton chemin devienne proclamation de celui qui est la Résurrection et la Vie.

Alléluia!