Homélie par le pasteur Claude Fuchs pour jeudi 7 mai 2020

Homélie par le pasteur Claude Fuchs pour jeudi 7 mai 2020

Lorsque la vie reprendra le dessus

Jean 5. 19 – 30

Ce matin, nous avons entendu comment Jésus avait guéri ce paralytique qui, depuis 38 ans, avait attendu sa guérison au bord de la piscine de Bethesda. Maintenant il s’agissait pour celui-ci d’apprendre à vivre, à vivre tout autrement, à vivre pleinement. Pour nous, ce n’est que durant quelques semaines que le virus a presque paralysé notre vie. Enfin nous voyons la vie normale réapparaître à l’horizon. D’ici peu, nous allons nous-aussi reprendre la vie après ce temps de paralysie au goût de mort : nous-mêmes, notre pays, notre monde.

Mais quelle vie  allons-nous reprendre ? Cette vie haletante qui se croyait obligée d’augmenter de trimestre en trimestre notre produit national brut et de courir après encore plus de consommation ? Cette vie qui conduisait notre monde à encore plus de réchauffement climatique et tant d’hommes et de femmes au burnout ou à l’infarctus ? C’est sans doute ce que bon nombre prennent comme allant de soi. Mais est-ce bien ce dont notre monde a vraiment besoin ? Est-ce vraiment la vie que nous désirons pour nous-mêmes et pour les générations à venir ? L’arrêt forcé que nous venons de vivre a montré que des alternatives sont possibles et peut-être même souhaitables : La pollution de l’air a diminué ; nous avons fait d’importantes économies en énergie ; la vie dans les familles s’est intensifiée. Quelle vie voulons-nous à l’avenir? Nous avons maintenant pour le moins l’occasion de nous poser la question ?

Jésus, en tous cas, nous montre une autre manière de vivre, celle dont il vit lui-même : « En vérité, en vérité je vous le dis : Le Fils ne peut rien faire de lui-même, mais seulement ce qu’il voit faire au Père ; car ce que fait le Père, le Fils le fait pareillement. » En d’autres termes : Jésus n’en fait pas à sa tête. Il modèle sa vie sur celle de son Père. Car il sait : Vivre en harmonie avec Dieu, c’est vivre vraiment, c’est avoir ce que l’évangile de Jean appelle « la vie éternelle ». Dieu, en effet, est le Dieu de la vie. Il possède la vie et il donne la vie, une vie qui ne se termine pas dans la mort, mais qui est plus forte que la mort. « Comme le Père a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné au Fils de posséder la vie en lui-même. » Aussi Jésus peut-il nous promettre, en le soulignant d’un « En vérité, en vérité, je vous le dis… » : « Celui qui écoute ma parole et croit en celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle. » Alors, avant de nous remettre à la normalité, écoutons Jésus-Christ ; faisons confiance à Celui qui l’a envoyé pour nous apprendre à vivre vraiment et suivons son commandement d’amour et l’exemple de sa vie donnée au service du Père et de l’humanité.

Que nous faudra-t-il changer dans notre société et dans notre vie individuelle pour optimiser notre qualité de vie plutôt que notre seul rendement ? A quels aspects de notre vie allons-nous consacrer plus de ressources en temps et en argent et lesquels pourront-ils se contenter d’une moindre priorité que jusqu’à présent ? A chacune, à chacun d’y réfléchir pour sa part, et à nous tous d’en discuter pour décider de l’orientation future de notre société. Ainsi l’arrêt forcé de ces dernières semaines deviendra-t-il un temps de retraite et de révision de vie.

Quelle sera la valeur des réponses que nous allons apporter à toutes ses questions ? C’est encore au Fils, nous dit Jean, que le Père a confié le soin d’en juger. Ma vie et notre société auront-elles contribué ainsi à réaliser le dessein d’amour de Dieu pour sa création et pour chacune de ses créatures ? Ou n’auront-elles été que des bulles de savon miroitantes et prometteuses, mais vides et sans avenir en réalité ? Car les uns ressusciteront « pour la résurrection qui mène à la vie » et d’autres « pour la résurrection qui mène au jugement ». Certaines vies contribueront et participeront à un avenir durable, d’autres n’auront été qu’inutiles et absurdes. C’est Christ qui en jugera. « Moi, je ne puis rien faire de moi-même » précise-t-il encore une fois. «Je juge selon ce que j’entends et mon jugement est juste parce que je ne cherche pas ma propre volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé.» C’est la raison pour laquelle, il nous est permis d’espérer, aujourd’hui encore, aujourd’hui même plus que jamais.
Amen.

Homélie par le pasteur Jean-Louis L’Eplattenier pour Dimanche 3 mai 2020

Homélie par le pasteur Jean-Louis L’Eplattenier pour Dimanche 3 mai 2020

Ev. selon St. Jean 10, 1-10 

         L’actualité est à la porte verrouillée ; « Restez chez vous »…… C’est, en ce moment, la parole de vie. Et, en même temps, Jésus nous dit : « Je suis la porte, si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé, il entrera et il sortira et il trouvera des pâturages ».

         L’Évangile, aujourd’hui, n’est pas un appel à la désobéissance : Dieu ne fait rien sans nous et Il compte avec notre sagesse et notre sens de la responsabilité pour demeurer vigilants face à la pandémie, cette voleuse de vie, insidieuse, elle escalade les murs et passe les portes fermées ! Jésus nous parle de la Vie en abondance qui ne connaît pas les confinements, parce qu’Il en est la porte.

         Nous venons de vivre Pâques, le passage, précisément, de la mort à la Vie, la levée du confinement infernal de la mort. Jésus, porte du Ciel dans l’ordinaire de notre quotidien, marche devant, pour le suivre, nous sommes donc appelés à regarder en avant ; Lumière sur le chemin, le Christ nous devance et demeure donc aussi une présence d’Espérance sur un chemin dont Il dit qu’Il est, Lui, Le chemin, conduisant vers le Père.

         La Vie de Jésus n’est pas cloisonnée en rôles et programmes : Il est, à la fois, la porte, le chemin, et, le beau, le bon berger qui donne sa Vie afin que soit heureuse, du bonheur des Béatitudes, celle de ses brebis.

         En ce temps pascal si particulier, face aux emprises séductrices des pouvoirs qui se disputent la place, sur le chemin du bien-être, face à la dislocation du tissu social et économique, au milieu de toutes ces atteintes à la dignité de l’humanité, escaladant par effractions les murs de la bergerie, il est bon de s’entendre dire, qu’il y a une porte ouverte pour la Vie, la Liberté, la Vérité, où se vit une intimité entre le berger et ses brebis qu’Il connaît : Il les appelle par leur nom, reconnaissant l’identité de chacune, et, elles passent par Lui, elles le »traversent », comme on passe une porte. Cette intimité est particulièrement sensible, jusque dans le détail, dans le psaume du « Bon Berger » (ps. 23), « Le Seigneur est mon berger ! »

         Toute la prière est à la première personne, et, quand nous le faisons nôtre, nous sommes bien obligés de nous identifier à cet « enfant unique » – aux yeux du berger – : « l’Éternel est mon berger «  … « Il me mène »… « Il me conduit » … « Il oint ma tête » … « tu es avec moi » …

 

Cette intimité est à vivre avec l’humanité, et pas en petits troupeaux confinés. Le berger a encore « d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie » et le souffle de l’Esprit élargit l’espace de notre tente à la dimension du cœur du Berger.

         Les brebis entendent la voix du berger et elles le suivent parce qu’elles connaissent sa voix : l’oreille intérieure, les yeux du cœur, ces antennes donnant accès à la Vie en abondance = promise pour l’au-delà, en gage dans notre quotidien. Les yeux du cœur discernent les traces de la présence de Dieu sur le chemin ; l’oreille intérieure entend et écoute. Les brebis entendent et écoutent = on reconnaît toujours la voix de qui on aime, c’est être sur la même longueur d’onde.

         Entendre, c’est le son de la voix, écouter, c’est le contenu du message ; les brebis entendent et écoutent, c’est leur radar, et la voix du berger leur parle au cœur : c’est la vie en abondance, sans confinement, = Pâques est passé par là.

Amen.