Prédication du pasteur Guy Lasserre, le 7 novembre 2024

Prédication du pasteur Guy Lasserre, le 7 novembre 2024

Prédication sur Luc 15,8-10
Jésus dit : 8 « Ou encore, quelle femme, si elle a dix pièces d’argent et qu’elle en perde une, n’allume pas une lampe, ne balaie la maison et ne cherche avec soin jusqu’à ce qu’elle l’ait retrouvée ? 9 Et quand elle l’a retrouvée, elle réunit ses amies et ses voisines, et leur dit : “Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée, la pièce que j’avais perdue !” 10 C’est ainsi, je vous le déclare, qu’il y a de la joie chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. »
La parabole de la pièce perdue, que nous venons d’entendre, est une parabole négligée. Pourquoi ? Peut-être parce que c’est une histoire de femmes, nous y reviendrons. Mais surtout car elle est entourée de deux paraboles qui ont eu beaucoup de succès. Luc, l’évangéliste, raconte avec ces trois paraboles la réponse de Jésus aux pharisiens et aux scribes qui lui reprochent de partager la même table que des pécheurs, et de se laisser ainsi contaminer par eux plutôt que de s’en tenir éloigné. Le pécheur ou le péché est donc l’un des thèmes importants qui apparaît dans ces paraboles et les relie. Des personnes vivent une séparation de Dieu mais surtout des retrouvailles avec lui. Notre parabole suit celle de la brebis perdue que le berger va chercher et ramène sur ses épaules, une image qui a marqué l’art chrétien, que l’on trouve déjà dans les catacombes de Rome et encore dans les livres pour enfants. La parabole qui vient ensuite, c’est celle du fils prodigue ou des deux fils, une des plus connues des Évangiles qui a suscité beaucoup de réflexions. Entre les deux, notre parabole semble un doublet qui n’apporte rien de neuf. Je vous propose de la voir ce soir plutôt comme une variation musicale sur un thème, chaque variation mettant en valeur un aspect particulier du thème. Mon hypothèse de lecture est qu’il s’agit de valoriser ce qui est propre à cette parabole et de le comprendre de manière complémentaire à ce que disent les autres. J’en retiendrai deux traits, ce qui est perdu est ici un objet et c’est une histoire de femmes.
Ce qui est perdu est ici une pièce d’argent et non un animal, comme dans la première parabole, ou un être humain, un ou deux fils, comme dans la troisième parabole. Qu’est-ce que cela change ? La pièce d’argent est un objet, sans volonté propre. Vous avez déjà sans doute tous perdu une pièce d’argent. Comment cela se passe-t-il ? Pour moi, en général, c’est quand j’ouvre mon porte-monnaie pour y chercher une pièce. Une autre glisse et tombe par terre. Parfois elle s’arrête à mes pieds et je la ramasse, parfois, elle se met à rouler, suit la pente ou la force de sa chute et disparaît. Elle se retrouve égarée dans un coin, incapable de regagner mon porte-monnaie si quelqu’un ne la cherche et ne la ramasse. Parfois notre éloignement de Dieu est un peu comme celui de la pièce. Je ne choisis pas de m’éloigner de lui mais je me laisse prendre par mes préoccupations, par mon désir de bien faire, par la pente, les courants du monde qui m’entoure et je me retrouve ensuite égaré, incapable de revenir par moi-même. La repentance, ici, n’est pas, comme dans la parabole du fils prodigue un retour sur soi qui amène à un retour au père dont le fils se souvient mais elle dépend entièrement de celui qui cherche. La pièce ne peut que consentir à se laisser retrouver, un peu dans la ligne de ce que Paul disait aux Corinthiens, comme une supplication : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5,20). Le retour ou la repentance est d’abord un cadeau que je reçois de celle ou celui qui se soucie de moi et me cherche.
L’autre particularité de cette parabole est qu’elle est une histoire de femmes. C’est une femme qui perd une pièce, allume la lumière, balaie et cherche avec soin jusqu’à ce qu’elle trouve, puis, dans sa joie invite ses amies et voisines à fêter avec elle. Amies et voisines, ce sont aussi des femmes qu’elle invite. Même pour parler de la pièce, Luc utilise un mot grec féminin. Il ne parle pas du denier, comme dans d’autres passages, mais de la drachme, un mot féminin qui n’est utilisé qu’ici dans les Évangiles. J’y vois comme un clin d’œil de l’évangéliste. Dans cette histoire, tous les rôles peuvent être tenus par des femmes, elles y ont partout leur place. Comme celles qui sont perdues et retrouvées, comme celles qui cherchent avec soin, comme celles qui sont conviées à partager la joie des retrouvailles. Cela correspond à la pratique de Jésus, à son attitude avec les femmes qu’il interpelle, qu’il accueille et par qui il se laisse accueillir, toucher ou oindre, avec lesquelles il discute et qu’il accepte dans le groupe de ses disciples. Toutes les places sont aussi pour elles dans l’histoire de Dieu avec les humains.
Dans l’histoire de l’exégèse, les paraboles ont souvent été lues de manière allégorique. On a ainsi dit que le berger est figure de Dieu ou du Christ, comme le père dans la parabole du fils prodigue, mais, pour la femme, on y a vu la figure de l’Église. Je crois que ce n’est pas juste. Comme le berger, la femme est ici figure de Dieu ou du Christ. Elle le représente dans sa manière de chercher avec soin et jusqu’à ce qu’elle trouve, comme dans sa manière de faire la fête avec ses amies et voisines. La parabole invite à élargir notre vision de Dieu et à le voir aussi comme cette femme. En même temps la parabole nous montre que le comportement de cette femme qui balaie laisse transparaître Dieu, comme dirait Zundel. Elle fait apparaître son visage et son attitude pour nous, son soin et sa persévérance, son désir de retrouver chacune et chacun pour se réjouir avec elle. Quand je vois une femme qui balaie avec soin sa maison, je peux me dire, Dieu me cherche ainsi quand je me suis égaré.
Cette parabole est une parabole négligée, et c’est dommage. Elle vient élargir notre regard sur Dieu et nos histoires avec lui, sur ces éloignements qui peuvent égarer loin de lui et sur le retour à lui comme consentement à se laisser retrouver. Elle vient aussi élargir notre regard sur l’importance des femmes dans l’histoire entre Dieu et les humains. Elles ont leur place dans tous les rôles, perdues et retrouvées, chercheuses avec soin et conviées à la fête des retrouvailles. Dans leurs attitudes, elles sont aussi transparence à la figure de Dieu ou du Christ, manifestations de sa présence au milieu de ce monde. Amen

Guy Lasserre, prédication pour la communauté des Sœurs de Grandchamp, le 7 novembre 2024.

 Prédication de la pasteure Béatrice Perregaux-Allisson, le 6 octobre 2024

 Prédication de la pasteure Béatrice Perregaux-Allisson, le 6 octobre 2024

Gn 2, 18-24
Mc 10, [1.]2-16
He 2, 8b – 11

Chères sœurs, chers frères,

Voilà un texte pas facile. J’imagine que nous connaissons toutes des couples où l’un ou l’autre conjoint, ou les deux, sont des personnes divorcées. Et où il semble apparaître’ que ce nouveau couple est, sur la durée, une bénédiction, tant pour les conjoints que pour les personnes qui les entourent. Une bénédiction ou même une louange si je reprends la citation de Calvin qui disait qu’« un homme heureux est une louange au Seigneur » qu’il me semble aujourd’hui tout-à-fait judicieux de transposer aussi à « une femme heureuse est une louange au Seigneur ».

Or donc, que faire avec cette phrase « Si quelqu’un répudie sa femme et en épouse une autre, il est adultère à l’égard de la première ? ».

Moins méditative, ma prédication aujourd’hui prendra plus les traits d’une étude biblique. C’est peut-être un peu rude au point du jour un dimanche matin, mais c’est ce qu’il me semble le plus intéressant de vous apporter.

Tout d’abord, le contexte littéraire : Nous sommes dans la seconde partie de l’évangile de Marc (dès 8,22). Après la présentation et les miracles qui campent Jésus comme quelqu’un qui a autorité sur les démons, les éléments de la nature, Jésus vient d’annoncer sa Passion : une fois, deux fois. Il annonce à ses disciples qu’il va mourir et ressusciter. A chaque fois, les disciples ne comprennent pas la portée de ce qu’il partage, la souffrance, l’abaissement qu’il révèle, … : lors de la première fois, Pierre le rabroue. Lors de la deuxième, les disciples se querellent pour savoir qui est le plus grand parmi eux.
Alors que Jésus parle de sa mort, du don de sa vie, ses disciples se concentrent sur le paraître, les rôles, les honneurs ou les privilèges.

« Partant de là, Jésus va dans le territoire de la Judée, au-delà du Jourdain », c’est pour Jésus dans le récit’ comme quand d’autres traversent le Rubicon : il franchit une limite et prend résolument le chemin de Jérusalem.

Les disciples ne comprennent pas, disions-nous, et pourtant ils le suivent. « suivre » est un terme qui chez Marc caractérise l’essence du disciple, et donc du croyant aujourd’hui. « Qui est Jésus, vriament ? » (8,27ss) et « Comment le suivre ? » (8,34ss) sont les thèmes de cette deuxième partie de l’évangile. Et dans cette fresque générale du chemin vers Jérusalem, de la Passion qui se profile, autour de ces deux thèmes vient notre texte qui parle de deux sujets que l’on trouve souvent dans des enseignements éthiques : le mariage et les enfants.

Quelle est la nouveauté ou l’orientation particulière de Jésus sur ces sujets ?

« Est-il permis à un homme de répudier sa femme ? » (10,2). Les Pharisiens savent la réponse : ils la donnent juste après : oui, avec une lettre de répudiation.
La lettre de répudiation à l’époque protégeait la femme, pour qu’en cas de remariage, elle ne soit pas accusée d’adultère.

Mais ce qui est intéressant ici, c’est le déplacement qu’opère Jésus : les Pharisiens demandent ce qui leur est permis ; ils cherchent à clarifier l’étendue de leurs privilèges. Jésus renvoie au but de cette permission. Oui, il est bon qu’il y ait cette règlementation, c’est une manière de tenir compte de la vie et de notre humanité : de tenir compte de la vie, voire de la souffrance, de la violence, et des échecs, c’est ce qu’il appelle la « dureté de votre cœur ».
Et en même temps, Jésus déplace la question vers les deux références de la Genèse qui rendent compte de ce mystère humain et naturel d’un couple qui se forme. Il renvoie à ce qui nous fonde, à ce qui était « au commencement du monde », à ce passage qui dit qu’il y a eu des relations qui ont permis de grandir (père mère) ; de nouvelles relations qui se forment : « l’homme quittera son père et sa mère et les deux ne feront qu’une seule chaire ».
Oui la relation du couple est importante, fondamentale pour une société et oui, il est bon de la protéger.
Et si dans la Bible, on a pris la relation entre l’homme et la femme pour dire la relation entre nous et Dieu, Dieu sait comme elle peut aussi être difficile et comme il peut être structurant, libérateur et précieux de savoir compter sur la fidélité, la bonté fidèle de l’autre/ Autre.

J’ai envie de revenir à la phrase de la Genèse que cite Marc : « L’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme » (Gn 2,24).
C’est peut-être l’âge de mes enfants qui me rend particulièrement sensible à ce passage d’une ‘relation qui fait référence’ à une nouvelle relation qui devient la référence première : de la relation aux parents à celle avec le compagnon choisi.
J’ai toujours été frappée par ce verset qui va à l’encontre d’une bonne partie de notre culture. On m’a dit que cela pouvait être la trace d’une époque matriarcale. Toujours est-il que dans ce texte, c’est bien l’homme qui quitte son père et sa mère’ et non la femme. C’est l’homme qui change de famille et se rattache à celle de son épouse.

C’est parce que j’ai toujours été intriguée par cette phrase que j’ai été suprise de constater que dans la manière dont Marc la cite, il change l’homme – masculin (isch « Mann » – comme dans la Bible hébraïque en Genèse) en homme – l’être humain (‘anthropos’ – « Mensch ») .
Et plutôt que de reprendre « et ils deviennent une seule chair », il met « et les deux deviennent une seule chair » [Deux remarques pour ceux qui aiment l’exégèse : Mc reprend la version de la LXX, tant pour anthropos que pour « les deux ». Le bout de phrase dans Mc « et il s’attachera à sa femme » semble être un rajout par souci d’harmonisation ; il n’est pas retenu par de nombreux mss].

Ce souci d’une attention égale aux deux membres du couple se retrouve dans l’enseignement que Marc, et lui seul – Matthieu ne l’a pas repris – donne à ses disciples en privé : « Si quelqu’un répudie sa femme et en épouse une autre, il est adultère à l’égard de la première ; et si la femme répudie son mari et en épouse un autre, elle est adultère. » (11.12)

Deux surprises pour l’époque :
La première est que l’homme peut être adultère par rapport à une femme – si cela peut nous sembler aujourd’hui le bon sens même, puisque la femme est autant touchée par l’adultère de son conjoint que l’inverse. Il faut savoir qu’à l’époque de Jésus, la formule du mariage était « je te mets à part pour moi » et cette formule n’était prononcée que par le mari. Le mariage faisait partie du droit des choses et la femme changeait de propriétaire.
La deuxième surprise pour le contexte juif de l’époque va dans le même sens : une femme peut répudier son mari. Et non seulement cela, les conséquences sont exactement les mêmes, la phrase est citée exactement de la même manière : « Si quelqu’un répudie sa femme et en épouse une autre, il est adultère à l’égard de la première ; et si la femme répudie son mari et en épouse un autre, elle est adultère. »

Ces différents éléments me mènent à penser que la pointe de ce texte n’est pas la question de savoir s’il est permis de se remarier une fois divorcé·e, mais qu’il en va bien plutôt de nouvelles relations, équitables, où chacune, chacun est reconnu·e avec les mêmes droits et devoirs. C’est une critique en règle d’un patriarcat où certains, de par leur genre, leur naissance, leur origine s’arrogent des droits, des privilèges, se permettent de traiter l’autre comme inférieur.

Et ce renversement-là se poursuit dans le texte avec le passage sur les enfants : les disciples rabrouent les enfants et ceux qui les amènent à Jésus. Et Jésus s’indigne : juste parce qu’ils seraient des adultes, juste parce qu’ils seraient des disciples, ils se permettent de repousser les enfants ! C’est le contraire de ce que Jésus vient d’expliquer ! « Le Royaume des cieux est à ceux qui sont comme eux » et « en vérité, qui n’accueille par le Royaume de Dieu comme un enfant n’y entrera pas ». L’enfant à cette époque ne peut s’arroger aucun droit, ne peut prétendre à rien. L’enfant qui ne connaît pas encore la thora, n’avait à l’époque, aucun mérite à faire valoir devant Dieu. L’enfant fait de la place à l’autre et Jésus nous invite à lui faire la place. Jésus le bénit.

Et c’est ainsi que notre péricope s’insère dans et fait écho à la 2e partie de l’évangile de Marc où se dessine une nouvelle manière de vivre ensemble, en famille, en communauté et en société. Une nouvelle manière qui mène dans les paradoxes du pouvoir : là où le dernier est le premier ; ou le grand est serviteur et l’esclave de tous (10,42ss) .

La question passera donc plutôt de « suis-je adultère si je me remarie ? » à « est-ce que j’accepte de laisser tomber mon orgueil ? » « Est-ce que j’accepte l’échec de ce que tous deux nous avions compris comme appel ? » « Suis-je prêt, prête à accueillir la miséricorde et la grâce de Dieu ? »
Et puis : « Comment est-ce que je veux dorénavant vivre et faire vivre des relations sans utiliser mon genre, mon origine, mon rôle, ma fonction pour dominer l’autre ? »  « Suis-je prêt/ prête à renoncer à mes privilèges (cf. 9, 33-37 ; 9, 38ss ; 10,35ss) pour me mettre à la suite du Christ ? » « Est-ce que je vais vivre et favoriser des relations d’égal à égal, en mettant au centre les plus faibles (9,36) ? », « voir même me faire serviteur en renonçant aux premières places (10,44) ? ».

Et ne nous trompons pas : il s’agit là d’un programme subversif qui met en question e monde et les pouvoirs établis. Mais un programme aussi qui annonce les temps messianiques. Ceux que nous sommes invités à expérimenter déjà avec ceux et celles qui sont nos prochains.

Et là, tout d’un coup, ce texte sur le mariage et les enfants nous concerne toutes et tous, nous met en chemin à la suite du Christ, comme disciples, en direction de Jérusalem.

Homélie du pasteur François Caudwell, le 3 octobre 2024

Homélie du pasteur François Caudwell, le 3 octobre 2024

Prédication Grandchamp
3 octobre 2024
Romains 3,9-12.19-21 / Luc 8,22-25
J’ai dans mon bureau une petite icône, acquise à Grandchamp il y a quelques années, qui représente l’épisode de la tempête apaisée. Elle m’a été précieuse dans des temps d’inquiétude. J’aimais la sérénité confiante de Jésus endormi, et sa force tranquille capable d’apaiser nos tempêtes. Elle m’a aidé à retrouver un peu de paix intérieure.
Cependant, les textes qui sont proposés à notre méditation lancent un appel plus pressant. Loin de se limiter à nous tranquilliser, ils nous bousculent. Oui, l’apaisement de la tempête nous remue ! Car ces textes révèlent aussi la détresse de notre condition humaine, et interrogent notre foi en Jésus. Ce soir, c’est la foi qui est en question ; c’est le salut qui se manifeste !                                                                                          
Dans l’épître aux Romains, Paul cherche à faire comprendre à ses correspondants que le salut est hors de leur portée. Nous retrouvons là ce que j’appelle le réalisme biblique : une description de la société humaine, sans édulcoration, sans concession. La société, à laquelle appartenaient les premiers chrétiens de Rome, à laquelle nous appartenons nous aussi : un monde qui marche dans les ténèbres, qui s’auto-détruit, qui, dans sa folie perverse, court à la catastrophe. Un monde dont nous sommes tous responsables.
Paul évoque ce monde avec la Parole de Dieu. Il montre ainsi que cette situation n’est pas ignorée du Seigneur. Et il cite, il accumule les citations, sans contextualisation, de manière imprécise, les unes après les autres : les Psaumes 14, 53, 5, 140, 10, 59, 36 ! Exactement ce que ne devrait pas faire un théologien sérieux ! Tout cela pour affirmer : Il n’y a pas de juste, pas même un seul… Ils sont tous dévoyés. (Rm 3, 10-12)
Paul veut démontrer la force, la vérité de cette Parole. Et il garde confiance : elle peut atteindre sourds et aveugles. Pour les sourds et les aveugles, perdus dans la nuit du péché, Dieu fera alors briller sa lumière et retentir son salut : la justice de Dieu a été manifestée ! (Rm 3,21)
Dans nos perversions, nos injustices, nos violences, nos impiétés, nos impuretés, un Témoin s’est levé, porteur de l’accomplissement des promesses de l’Éternel. Les apôtres apprennent à le découvrir, dans la personne de leur compagnon de route…
Luc, avec les autres évangélistes, nous relate un miracle étonnant. La tempête apaisée est un prodige contre les forces de la nature, qui défie toute explication rationnelle.
Cette dimension du miracle, qui dépasse l’entendement, nous invite à quitter nos sécurités raisonnables, et à entrer dans le mouvement de la Révélation, à nous mettre à l’écoute de ce que la Parole de Dieu veut nous faire comprendre. Il convient de dépasser le spectacle, pour capter quelque chose de ce que le Seigneur nous signifie.
Tout se passe bien dans ce récit tant que Jésus prend part à la navigation avec ses disciples. C’est quand il s’endort que se déclenche la tempête. Comme s’il y avait une relation de cause à effet. Quand Dieu se retire, le mal se déchaîne.
Nous ne savons pas toujours pourquoi Dieu se retire, mais il nous arrive de faire l’expérience d’une absence – qui sait d’ailleurs si, parfois, ce n’est pas nous qui laissons Dieu de côté ?… Cette expérience s’exprimait déjà dans les prières de la Bible : Réveille-toi, pourquoi dors-tu, Seigneur ? Sors de ton sommeil, ne rejette pas sans fin ! Pourquoi caches-tu ta face et oublies-tu notre malheur et notre oppression ? (Ps 44,24-25) Combien de détresses pourraient encore aujourd’hui s’exprimer dans cette prière ?
En peu de mots, Luc décrit la violence de l’événement : tourbillon, vent, vagues, danger… La tempête semble profiter du sommeil de Jésus, du silence de Dieu. Cependant, il est bien là ; il n’a pas quitté le navire. Jésus n’abandonne pas ses disciples, même et surtout quand la tempête se déchaîne.
Les Psaumes de la Bible évoquent ces flots tumultueux : Dieu, sauve-moi : l’eau m’arrive à la gorge… Je coule dans l’eau profonde, et le courant m’emporte ! (Ps 69, 2-3) Ces eaux désignent les puissances du mal, les forces qui détruisent l’humain. Les hébreux avaient peur de l’eau. Leur foi se fondait sur la victoire de l’Éternel sur la Mer, quand ils étaient sortis d’Égypte. Dieu seul est celui qui peut nous délivrer, nous retirer des grandes eaux (Ps 18,17).
Derrière la tempête, pour les disciples, il n’y a pas que le danger de la navigation. Ce sont des puissances qui se déchaînent contre eux, et qui s’en prennent même à Jésus qui est avec eux. Alors Jésus, comme pour chasser un démon, menace ces puissances (cf. Lc 8,26). Nous retrouvons ici ce dont parlait l’apôtre Paul : les humains sont submergés par le mal. Ils sont incapables d’y résister. Et pour eux ce mal, sans le secours de Dieu, conduit à la mort : Maître, maître, nous périssons ! (Lc 8 , 24)                                                    
Aujourd’hui, notre vie, notre monde sont éclaboussés par les vagues déferlantes de tempêtes : l’angoisse, le désespoir, les injustices, les pauvretés, les exils, les guerres, les pollutions… Nous crions à Dieu, et il nous semble parfois qu’il dort profondément.
Et pourtant, c’est dans ces tempêtes que nous sommes invités à découvrir sa présence…
Dans cette catastrophe expérimentée par les disciples de Jésus, il y a son réveil (Lc 8 ,24).
Le sommeil de Jésus, son immobilité, et même sa mort, Luc nous les fera découvrir encore une fois, un peu plus loin dans son Évangile, sur la croix. La vision d’un Maître apparemment incapable de sauver quand le mal se déchaîne : Il en a sauvé d’autres. Qu’il se sauve lui-même s’il est  le Messie de Dieu, l’Élu! (Lc 23,35)
Mais dans la tempête comme sur le Golgotha, il n’a pas quitté son poste. Il était plongé dans l’abîme des détresses humaines, dans les flots de nos misères, sous les vagues de nos péchés et de nos cris. Sa présence restait celle de l’ami fidèle et confiant : Père, entre tes mains, je remets mon esprit (Lc 23,46). Ainsi s’exprimait sa foi, cette foi de Jésus Christ (Rm 3,23 : dia pistewj Ihsou Cristou), cette foi qui porte le salut.                                                                                     
Jésus se réveille dans la barque : Il menaça le vent et les vagues : ils s’apaisèrent et le calme se fit (Lc 8,24). Il se réveillera aussi du sommeil du tombeau. Vainqueur du péché et de la mort, il se révélera le Sauveur de ce monde entier, reconnu coupable devant Dieu (Rm 3,19). C’est aussi cela que préfigure le récit de la tempête apaisée.
En le rédigeant, Luc n’a pas voulu nous offrir seulement une lotion apaisante, une tisane pour calmer nos angoisses, et nous permettre de dormir paisiblement, comme Jésus sur son oreiller (cf Mc 4,38). Luc ne recherche pas notre sommeil, mais notre réveil ! Notre réveil par la foi…
Une foi qu’il vient susciter, re-susciter en nous. Comme pour les disciples qui voient le sauvetage opéré par Jésus, et qui s’émerveillent  (eqaumasan : Lc 8,25). La peur laisse place à une stupéfaction, un émerveillement.
Voilà où apparaît maintenant leur foi (pistij). Elle n’est pas une œuvre de plus, un acte de bravoure, pour acquérir leur salut. Elle ne dépend pas d’eux. Elle est un éblouissement devant l’œuvre du Seigneur. Désormais, en ce qui nous concerne, elle consiste à accueillir, au milieu des ténèbres, la lumière de la résurrection, la joie d’un salut offert, par le Christ seul.
La petite icône de Grandchamp montre dans la barque Jésus endormi, et aussi Jésus réveillé et bénissant. Dans cette barque, au milieu des disciples, sont représentés deux Jésus !
Ingénieuse expression de la réalité qui est la nôtre, dans un monde qui n’est pas encore le Royaume de Dieu, et qui reste secoué, menacé, par des tempêtes de toutes sortes. Où Dieu semble lointain, endormi. Mais où, dans les pires détresses de notre vie ou de l’humanité, le Christ reste présent et nous invite à garder confiance.
Il est le Crucifié, qui souffre et qui meurt avec nous, pour nous. Mais le Crucifié est ressuscité. Il est aussi Celui qui s’est réveillé de la mort, qui est avec nous, pour nous, le Vainqueur des puissances destructrices.
Émerveillés, nous plaçons en lui notre confiance. Il est le Témoin de la justice de Dieu (Rm 3,21). Il est capable de sauver ceux qui périssent. Amen
Homélie de la pasteure Aline Lasserre, le 29 septembre 2024

Homélie de la pasteure Aline Lasserre, le 29 septembre 2024

Prédication anges, Daniel 10, 4 à 14. Apparition du Fils de l’homme à Daniel, fils de l’homme aidé par Michel. Apoc 12, 7 à 12 a, victoire de Michael sur le dragon, projeté sur terre. Jean 1, 47 à 51, Jésus dit à Nathanaël qu’il verra avec d’autres les anges monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme.

Ce dimanche de la fête des anges, c’est aussi un peu notre fête à nous, puisqu’il arrive que Dieu se serve aussi de nous-humains pour être ses anges.
Je ne pensais pas retrouver si vite l’ange Michel rencontré en l’église St-Michel d’Aiguilhe en fin juillet. Au retour de nos vacances, nous avons fait halte au Puy en Velay, en compagnie de Cloé notre petite-fille de 7 ans. Je ne sais pas si vous connaissez cet endroit. Sur un piton rocheux, reste d’un volcan, se dresse une église romane qui abrite une grande stature de l’ange Michel. Pour accéder à l’église, il faut monter le grand escalier de 269 marches, Cloé montait puis redescendait allègrement en m’encourageant et finalement en m’annonçant : il ne te reste plus que 26 marches. En y repensant, je me dis que cette petite-fille nous apportait qqch de l’ange, non pas faisant l’aller-retour sur une échelle mais le long d’un escalier, un petit ange émerveillé, qui commentait joyeusement les alentours en nous invitant du coup à l’admiration qu’offre le regard d’en haut.
Entrés dans l’église, nous avons bien sûr allumé une bougie et prié Dieu auprès de ce grand ange en bois tout revêtu d’or et de sa lance terrassant le dragon, non loin de lui se tenait le Christ, nous rappelant le lien entre les anges et Dieu.

Cet ange Michel ou Michael-dont le nom signifie qui est comme Dieu ? – nous le retrouvons évoqué dans les textes que nous avons lus ce matin, trois fois Michel est mentionné dans la Bible, dans le livre de Daniel, dans l’épître de Jude et dans l’Apocalypse. Dans le livre de Daniel, il est présenté, dans le passage que nous venons d’entendre, comme l’ange qui a vaincu l’ange de Perse, venant ainsi en aide au Fils de l’homme qui apparaît à Daniel. L’écrit de Daniel vient annoncer à son peuple asservi d’abord par les Babyloniens, puis les Perses, puis les Grecs qu’il n’en sera pas toujours ainsi et que sa libération approche.
Dans l’Apocalypse, nous retrouvons l’ange Michaël qui combat le dragon, symbolisant le mal qui se trouve vaincu et projeté sur terre. Pour l’Eglise persécutée, et aussi pour nous croyants, c’est annoncer ainsi le mal vaincu, même s’il est encore agissant sur la terre. Par l’offrande de sa vie, le Christ a anéanti le mal et c’est ce que célèbrent dans la joie, les croyants martyrs qui se retrouvent au ciel, lieu sûr de la présence de Dieu seul, sans mal.
C’est aussi le travail des anges que de nous faire connaître cette souveraineté de Dieu sur le mal. D’abord en réconfortant les humains que nous sommes. Quand Jacob s’est enfui de chez lui, après avoir mal agi en trompant son père et recevant la bénédiction qui revenait à son frère aîné, Dieu lui apparaît en songe et lui fait voir le ciel ouvert, c à d sa présence proche. Jacob voit les anges sur une rampe, monter et descendre, aller et venir du ciel à la terre et de la terre au ciel, montrant ainsi le désir de Dieu de nous relier à lui. Et Dieu donne à Jacob une bénédiction non plus volée mais offerte. Dieu sera avec lui toujours et lui ouvre l’avenir.
Jésus reprend cette image pour parler à Nathanaël qu’il définit, contrairement à son ancêtre Jacob, comme un homme en qui il n’y a pas de fraude. Nathanaël est estomaqué, comment Jésus le connaît-il ?
Je t’ai vu sous le figuier…mais vous verrez des choses bien plus grandes encore, vous verrez les anges monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme. Ce n’est plus une échelle qui fera le lien entre le ciel et la terre mais bien le Fils de l’homme, c’est-à-dire Jésus, lui le seul étant semblable à Dieu. Le songe de Jacob est interprété comme une prophétie dont l’accomplissement dépasse l’annonce.
C’est le Christ, médiateur parfait, qui maintenant va être ce passage permanent entre le ciel et la terre.
Ce que Nathanaël les disciples et nous, verrons c’est Jésus venu révéler le Père, nous faire connaître son amour tout-puissant qui va définitivement anéantir toutes les forces du mal.
C’est déjà ce qui était promis à Daniel, par le Fis de l’homme qui lui disait avoir entendu ses paroles et être venu à son secours à cause de sa plainte, c’est ce qu’exprimait aussi le psalmiste (psaume 56,9) qui disait que toutes les larmes étaient recueillies par Dieu en son outre, c’est dire que nos plaintes, nos cris parviennent à Dieu qui s’en soucie et annonce que le mal est vaincu même s’il est encore agissant sur terre et que lui Dieu lutte toujours à nos côtés contre le mal et nous offre un abri.

Pour exprimer l’action de Dieu, les anges auront mission de nous rejoindre, d’aller et venir pour nous redire que nous ne sommes pas seuls, mais que le ciel de Dieu nous rejoint sur notre terre. A Jacob le Seigneur s’adresse pour lui dire qu’il ne l’abandonnera jamais mais qu’il le bénira toujours.
A nous aussi, parfois, des anges sont envoyés pour nous porter ces paroles, pour nous redire le ciel ouvert au-dessus de nos têtes, au-dedans de nos cœurs.
Quelles en sont nos expériences ? Certains ont fait l’expérience de songes ou de visions d’anges bien proches pour les soutenir. Pour moi deux expériences indirectes ont été précieuses sur mon chemin.
La 1ere c’était quand j’avais 20 ans, pendant l’opération à cœur ouvert de mon père, nous étions réunis avec le pasteur de notre paroisse pour prier, soudain ma maman nous a fait part de sa vision d’un ange, présent en salle d’opération et lui disant que tout se passait bien, ce qui nous a tous rassurés ensemble.
La 2e c’était quelques jours avant une opération pour notre petite fille Amélie qui un matin nous a annoncé, toute confiante, qu’elle avait rêvé que dans la salle d’opération c’étaient des anges qui disaient au médecin ce qu’il devait faire. Cela m’a donné bien du courage pour accompagner cet enfant jusqu’en salle d’opération.

Alors quelles sont nos expériences qui nous ont permis ou nous permettent de voir le ciel ouvert ?
Il y a aussi toutes nos expériences des anges non pas seulement célestes mais humains. Qui d’entre nous n’a pas entendu qqn lui dire : tu es un ange pour moi, parce que justement nous nous étions laissé inspirer et envoyer par Dieu, souvent à notre propre insu.
C’est ainsi je crois que ce jour de fête des anges est aussi un peu notre fête à nous.
Et c’est peut-être aussi un appel que Dieu nous adresse en nous invitant à être des anges les uns pour les autres, porteurs d’espérance. La mission n’est pas négligeable, puisqu’il revient aussi aux anges d’annoncer que le mal a été définitivement vaincu. Ici-bas, nous sommes encore confrontés aux assauts du mal, mais le Seigneur veille et lutte à nos côtés, se tenant tellement proche de nous par la présence de l’Esprit Saint qui, Lui, vient demeurer en nous.
Savoir que le ciel est ouvert c’est aussi savoir que la vie du Christ nous a ouvert le chemin de la mort à la Vie.
C’est cela que chantent les anges que nous rejoindrons tout à l’heure quand avec eux nous chanterons : Saint est le Seigneur.
Réjouis et fortifiés alors par les forces du repas du Seigneur, nous nous remettrons en route pour porter autour de nous les paroles de Celui qui nous bénit et bénit l’humanité entière. Amen. 

Homélie du pasteur René Perret, le 12 septembre 2024

Homélie du pasteur René Perret, le 12 septembre 2024

 

Célébration à Granchamp, jeudi 12 septembre 2024 – René Perret

Textes bibliques : 2 Corinthiens 6,1-10 ; Luc 4.31-37

« La parole de Jésus était pleine d’autorité. »

J’aime recourir à une image pour mieux comprendre cette richesse de l’Evangile pour nous.

Ici, je pense que si Dieu est amour, Dieu est donc un aimant. Un Dieu aimant qui nous attire à lui.
Selon la belle image racontée par le pasteur Glardon dans son livre « Chercher Dieu en tâtonnant »,
le Seigneur nous attire à lui aussi les uns par les autres, comme ces bouts de métal suspendus les uns
aux autres et reliés finalement au grand aimant.

Pouvons-nous dire que la Parole de Dieu était si forte, dès le premier jour, qu’elle a attiré à l’existence
tous les éléments de l’Univers ?
Pouvons-nous imaginer aussi que la Parole de Dieu que donne Jésus, et qu’il est lui-même, possède
le même pouvoir aimant, aimantant ? Et qu’ainsi les éléments lui obéissent et cessent d’être chaotiques (comme dans la tempête apaisée), attirés par son amour tout-puissant.

Mieux encore que les éléments naturels, il y a tous ces éléments du corps, du cœur, de l’esprit et de l’âme humaine qui ne peuvent s’empêcher d’être attirés par cette même Parole pleine d’autorité, aimante par dessus-tous.

Dans notre récit d’aujourd’hui, c’est aussi la propriété inverse de l’aimant qui fonctionne. Vous avez déjà opposé deux aimants ? – ils se repoussent.
N’en va-t-il pas de même ici ? C’est l’esprit impur qui a reconnu Celui qui parlait, et qui sent la menace
et la concurrence du Saint de Dieu. Quand Jésus vient, les forces qui aliènent l’humain ne peuvent se taire ; elles tentent de rester, mais peine perdue. Qui peut résister à cet appel de la libération, à ce goût de l’existence pleine, pardonnée, savoureuse ?

Avons-nous cette tranquille confiance dans l’amour tout-puissant de Dieu ?
Alors, bienheureux et bienheureuses sommes-nous.

Moi, j’ai encore besoin d’y être encouragé à deux niveaux :

Déjà sur le plan personnel. Ce que je sais de Dieu, ce que j’ai accepté et expérimenté de ses promesses ressemble au sommet d’un iceberg. C’est splendide, étincelant de blancheur, l’iceberg dans sa partie visible.
Mais dire qu’il y en a encore bien davantage sous l’eau !
Dire que les richesses de Dieu pour moi sont comparables à cet iceberg, pour l’essentiel encore à découvrir, à recevoir ! Le temps me manquera bien sûr, pour en faire l’expérience. Et non seulement le temps, mais le courage ou l’envie aussi, je dois me l’avouer. Car j’ai en moi plusieurs résistances à ce que l’amour de Dieu semble me proposer, plusieurs préjugés tenaces sur sa volonté à mon égard.

Je les compare à ces esprits rebelles : je ne les considère pas forcément comme impurs, puisqu’ils me sont si proches ! A l’écoute de l’Evangile, ou quand me vient un appel de la volonté de Dieu, souvent malgré moi,
ils se retournent, dérangés dans leur quiétude. Ce Dieu aimant les remet en question, puisqu’il veut être à leur place !

Parfois, je me sens comme la synagogue de Capharnaüm : avec la parole de Jésus qui y résonne, annonçant le pardon et la justice : et ma culpabilité, ou un autre de mes travers qui se démène, ébranlé par cette autorité de vie et de paix.
Quand j’accepte la rencontre et l’affrontement inévitables, je peux aussi vivre un dénouement de guérison.

Combien de fois le Seigneur me donnera-t-il de vivre ces moments de choc entre ma volonté et la sienne,
ces épreuves de force, ces temps inconfortables qui sont comme autant de nouveaux passages vers la vie en vérité ?
Ce Dieu-aimant, dont la toute puissance dérange tout désordre connu ou bien secret, j’ai besoin de croire en lui aussi sur le plan communautaire, au plan de la vie de nos Eglises, et du monde.

Combien de fois, dans le passé et aujourd’hui encore, connaissons-nous la tentation de nous murer dans nos dogmes, dans nos pratiques, dans nos traditions comme si nous pouvions maîtriser la Parole de Dieu ou la réduire à notre explication. Combien de nos divisions, de nos querelles ne sont-elles pas faites de ces éléments chaotiques, de ces esprits rebelles que sont l’orgueil, la jalousie, la volonté de pouvoir ?
Que vienne alors et revienne la Parole de Jésus aimant sur nos Eglises, pour nous déranger dans nos tranquilles assurances d’avoir raison plus que les autres, d’être plus près de la vérité, et depuis plus longtemps que d’autres !
L’œcuménisme, ce n’est pas une affaire de dignitaires et de conférence, c’est la libération et la guérison
de nous tous, les membres du même Corps du Christ.

Chacune et chacun, ensemble, nous avons tant besoin de cette autorité du Dieu aimant sur notre vie.
Amen.

Homélie du pasteur Dominique Geunin, le 5 septembre 2024

Homélie du pasteur Dominique Geunin, le 5 septembre 2024

Homélie sur Mc 13,14-23 et 2 Cor 3,1-11,
à Grandchamp, Dominique Guenin, de Morat

Alléluja ? – Vous auriez dû chanter Kyrie eleison –
Alleluja …
Chères sœurs, chers frères en Christ,
nous sommes tentés, ces temps, aux nouvelles
terrifiants du monde, de penser : eh bien voilà,c’est
l’Abominable Dévasteur installé là où il ne faut
pas comme disait Jésus: Vous donc, prenez garde,
je vous ai prévenus de tout.

Il y en a même qui sont prêts à accentuer les choses
plus précisément que l’Evangile. « Tout ce qui est ecrit,
eh bien voilà, vous n’avez qu’à voir les nouvelles a la
télé ou les entendre à la radio. Puis-je m’ empêcher de
penser à tout cela ? J’en ai froid dans le dos de lire que
ceux qui sont (non pas seront, mais sont !) en
Judée, qu’ils fuient dans les montagnes – ils n’y
sont pas à l’abri, on le voit, et celui qui est (non pas
sera, mais est) sur la terrasse,
qu’il ne descende pas, qu’il n’entre pas dans sa
maison pour emporter quelque chose ; quoi donc,
si tout est dévasté ? Celui qui sera au champ, qu’il
ne retourne pas en arrière pour prendre son
manteau ! Il y en a qui fuient, si fuite est possible,
pourvu qu’ils sauvent leur vie. Malheureux celles qui
sont enceintes et celles qui allaitent en ces jours-
là. Je le cite en présent parce que c’est présent. Priez
pour que cela n’arrive pas en hiver, mais l’hiver va
revenir à coup sûr et que faire, s’il n’y a plus de
moyens pour se réchauffer – c’est une stratégie ! J’en
ai les larmes au cœur d’entendre ça.

Tentation réelle de croire pouvoir identifier
l’Abominable Dévasteur installé là où il ne faut
pas – si clair que ça pourrait sembler, les noms
peuvent changer et il y en a plusieurs ! Vous ne
voudrez pas que je vous fasse une liste, la liste
mondiale d Abominable Dévasteurs installés là où il
ne faut pas – moi en tout cas, je suis tenté de trouver
des noms ! Mais attention. Attention à ne pas chauffer
le marmite, attention à ne pas accentuer le mal.

Il ne faut pas cacher le mal, mais il ne faut pas non
plus lui donner une partie décisive pour la venue du
Christ, il ne faut pas rendre salutaire le mal,
l’Abominable Dévasteur, comme s’il était nécessaire
pour l’arrivée d’un nouvel monde.

C’est malheureusement se qui se passe de nos jours
aux quatre coins du monde. On le voit en Amérique, en
Israël, au proche et au moyen Orient en Russie, même
chez nous en Europe …

De rendre salutaire le mal, l’Abominable Dévasteur,
comme s’il était nécessaire pour l’arrivée d’un nouvel

monde n’est décidément pas la vocation de qui croit en
Dieu, qu’il ou elle soit Juif, Chrétien ou Islamique.

Il est essentiel pour la vie spirituelle de bien
comprendre bien Celui qui dit : Vous donc, prenez
garde, je vous ai prévenus de tout. Comment donc
prendrons-nous garde ?

Il nous faut discerner qui parle. Est-ce la Parole du
Sauveur où est-ce la parole d’un pseudo-méssie
où même celle de l’Abominable Dévasteur ?
Et moi ? De qui suis-je la – ou le porte-parole ?
Nous ne sommes pas les porte-parole de la haine,
du mépris, de la peur …

Puisse grandir la clarté de l’Apôtre du Christ qui nous
parle, je le veux, aussi à nous (2 Cor 3,3-4) :
De toute évidence, vous êtes une lettre du Christ
confié à notre ministère, écrite non avec de

l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant (…) sur
vos cœurs. – Toujours alors discerner : Est-ce dit ou
écrit avec l’Esprit du Dieu vivant ? C’est un critère
salutaire ! Telle est l’assurance que nous avons
grâce au Christ devant Dieu.

Nous ne sommes pas les premiers au monde de voir
des atrocités insupportables. Les premiers Chrétiens
nous sont en devant. Suivons-les ! Nous ne sommes ni
les preniers ni les derniers. D’autant plus nous devons
nous assurer en Christ de l’Esprit du Dieu vivant. Car
tel est notre vocation dans- et envers un monde en
pleurs. C’est de LUI, du Dieu vivant, que nous sommes
les témoins et ambassadeurs, les porte-paroles de la
bonne Nouvelle, de la lumière.
Vous avez bien raison de chanter alléluja : DIEU soit
Loué !
Amen.